Enchaîné à son Destin

Chapitre 29 : Révélations et Promesses

TW : Attention, passage avec des passages explicite sur des sujets sensibles tel que le viol et la violence physique.

Azrael s'arrête de bouger, me regardant avec un sourcil relevé.

– Comment ça ? Je doute que tu puisses me dire quelque chose qui me donne envie de partir.

Il ne comprend pas. Il ne peut pas savoir. Ceux qui finissent par connaître mon secret me fuient. Un homme, surtout. Quand il saura que je suis marquée, souillée, et que j'ai du mal à me laisser approcher, il partira. Comme les autres.

J'inspire profondément, l'incitant à s'asseoir. Je me lève et commence à déambuler dans le bureau. Mes pas résonnent contre les murs alors que je me sens comme un lion en cage. J'ai besoin de nature, d'espace. Ici, c'est trop étroit. Il s'est confié à moi, c'est le moment de tout mettre à plat, donc je dois lui confier mes secrets. Je souffle longuement avant de le regarder en jouant avec mes doigts.

– Tu vas comprendre ce que je veux dire. Je vais te faire confiance pour te raconter mon passé. S'il te plaît, ne m'interromps pas.

Mes paroles ne semblent pas le rassurer complètement. Peu confiant, il hoche finalement la tête, m'observant avec inquiétude. Je lui souris faiblement avant de reprendre ma marche pour me plonger dans mes souvenirs.

– Comme tu le sais, j'ai vécu quelques années au milieu des loups. Lorsque j'avais sept ans, mes parents ont été assassinés. Je suis rentré de l'école et la doyenne de notre meute m'attendait. C'est elle qui m'a annoncé que je ne reverrais jamais mes parents. Ils ont cherché une famille pour m'accueillir. Après une semaine, ils ont découvert que j'avais une tante. J'ai été confiée à cette femme et son mari. Au début, ils étaient très gentils malgré le fait qu'ils ne voulaient pas entendre parler d'histoires de loups. Ma tante est une louve qui n'a jamais trouvé son loup. Elle a été virée de la meute alors l'on s'est rendu compte qu'elle ne se transformerait jamais et est devenue une simple humaine. M'accueillir sous son toit a été difficile, elle ne me voulait pas, mais a fini par accepter. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pendant deux ans, ils se sont occupés de moi. J'allais à l'école, j'avais des amis et une enfance presque normale. Dès que j'ai eu neuf ans, mon oncle Rob a commencé à me demander des choses pour lui faire plaisir.

Je laisse cette phrase en suspens dans la pièce. J'ai du mal à aborder ce sujet et je sens ma gorge se serrer. Il doit connaître mon passé. C'est le moment, nous sommes en train de nous rapprocher et pour avancer ensemble, je dois lui faire confiance. Je ferme les yeux quelques instants avant de les rouvrir et de le regarder. Je reprends mon récit d'une voix légèrement voilée.

– Je ne comprenais pas trop ce qu'il me voulait. Il était là lors de mon retour de l'école, me donnait un goûter puis m'accompagnait pour que je me change. Il aimait caresser mon corps et me disait que j'étais jolie. Parfois, il se déshabillait et insistait pour que je vienne le toucher à mon tour. Il appelait cela nos moments rien qu'à nous. Je ne devais pas le dire à ma tante. Oncle Rob faisait en sorte que cela se passe exclusivement lorsqu'elle n'était pas là. Trois ans ont passé ainsi. Plus le temps passait, plus il allait loin. La première fois qu'il m'a violée, je savais que ce qu'il faisait était mal. J'avais mal, j'étais terrorisée, mais il disait que c'était pour lui faire plaisir. Il prenait son temps pour abuser de mon corps jour après jour. Mais un jour, ma tante est rentrée du travail plus tôt que prévu. Elle nous a surpris lors de nos moments "rien qu'à nous" et mon cauchemar a empiré.

Un sanglot s'échappe de mes lèvres et des bras viennent entourer mon corps secoué de légers spasmes. Je renifle longuement, essuyant mes larmes et essayant de reprendre contenance. Je fuis son regard, je ne veux pas qu'il me voie ainsi. Respectant mon souhait, il ne dit rien. Il me serre fort contre lui et, contrairement à d'habitude, cela m'apaise peu à peu. Je le remercie, fuyant toujours son regard, et m'éloigne de son cou afin de reprendre mon récit.