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J-8

« LA MAGIE DE BLASÉE — TOUR DU CUPIDON

Ce tour de magie n'a jamais fonctionné avec moi, mais je le note au cas où. Peut-être qu'en devenant plus adulte et plus sexy, je pourrais séduire beaucoup plus de filles. Enfin, ce n'est pas exact d'écrire qu'il n'a jamais fonctionné. Le tour a marché une fois, mais la réussite était relative. Émilie, au lieu de me sauter dans les bras et de répondre « oui » à ma demande de mariage, m'a simplement regardée plus longtemps que d'habitude.

Bref, je parle trop. Passons à la préparation du tour. Peut-être auras-tu plus de chance que moi. Tout d'abord, rassemble les bons éléments. Une feuille de papier et quelques stylos et autres surligneurs feront amplement l'affaire. Je prends souvent un surligneur rose parce que ça fait cupidon.

Note dessus tes sentiments pour elle et demande-lui de sortir avec toi, mais attention ! Ne le fais pas n'importe comment ! Fais en sorte que ce soit drôle pour qu'elle tombe immédiatement sous ton charme. Moi, j'aime bien écrire : « Je connais ton futur : on se marie, toi et moi. La seule question est : quelle est la coupe de ta robe de mariée ? »

Grâce à la magie, tu pourras séduire et te trouver une femme sans même te rendre sur place près d'elle ! C'est pas génial ? Au revoir, l'anxiété sociale...

Magique !

Signé Blasée »

*

Mes yeux s'étaient ouverts au petit matin. Je reprenais vie sans qu'aucun réveil ne vienne me tirer de mes rêves, contenant une partie de la nuit mouvementée que je venais de passer.

Mes sens revenaient peu à peu. Nous étions , et au lieu d'être au culte du jour du Seigneur, j'étais dans le lit d'une drag queen. Mon téléphone ne reposait pas près de moi, pour une fois, mais j'étais sûre et certaine que si je l'ouvrais, je me ferais assaillir de questions en tout genre de la part de mes parents.

Je leur avais bien envoyé un cours texto avant de me jeter dans les bras de Denise. Un simple : « je passe la nuit chez une amie » avait suffi.

Je m'étirais et me craquais le dos.

Des draps couvraient à peine ma peau nue, à l'odeur de transpiration séchée.

Je grimaçai, face au mur. Heureusement que Denise ne me voyait pas ; elle aurait compris direct pourquoi je faisais une tête pareille. Je devrais prendre une bonne douche, avant de sortir d'ici.

Une autre odeur de sueur parcourait mon nez, mais celle-là ne me dérangeait pas. Au contraire, elle me donnait envie de me coller à ma partenaire, reposant à mes côtés.

En me retournant, je fus nez à nez avec Denise, qui dormait à point nommé. Je souris. Après tout, elle méritait un peu de repos.

Quelle heure était-il ? 8 h ? 9 h 30 ? 11 h ? Peu importe. Je me sentais bien.

L'important, c'était que j'apprécie le moment présent. Quand Denise dormait, il n'y avait plus d'histoire de chantage ou de message cryptique. Il ne restait plus que de la fatigue naturelle, instinctive, que nous avions tous.

Elle était aussi humaine que moi. C'était beau de pouvoir en profiter tant que la tempête était endormie.

J'en profitais donc pour admirer les filets de lumière du soleil matinal sur sa peau pâle.

J'avais découvert des petits détails sur elle, tout au long de la nuit. J'avais découvert que son fond de teint dissimulait ses taches de rousseur, par exemple.

Je les aimais, moi, ses taches. Surtout qu'elle ne les avait pas que sur le visage, mais aussi sur les bras, les jambes, et le torse. Je devrais le lui dire, une fois qu'elle serait éveillée. Ça lui ferait plaisir.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant