XXXIV

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J-1

J'écarquillai les yeux en considérant les conditions de ma famille.

On me faisait chanter là, je ne rêvais pas ?

Non, je ne rêvais pas. Ma mère et mon père (enfin ils ne l'étaient pas vraiment, mais vous avez compris) m'avaient demandé de me jeter dans la gueule du loup et leur donner la carte de Joker.

— Vous êtes sérieux ? S'il vous plaît, dites-moi que vous me faites une mauvaise blague !

Mon papa secoua la tête.

— J'aimerais bien que ça soit le cas. Malheureusement, quand tu as fait le choix de nous trahir, tu ne savais pas que tu as également fait le choix de te sacrifier.

— Nous avons toujours un coup d'avance, ma petite, dit Christelle. C'est le principe d'être une adulte. Reviens te battre plus tard. En attendant, c'est toi la perdante de ce jeu.

Je fixais le briquet qu'elle me montrait. Je ne pouvais même pas réfuter la véracité de leur preuve. C'était mon briquet, et j'en étais sûre, maintenant que j'avais retrouvé la mémoire.

Donc ça signifiait que j'avais perdu ?

Je baissai les yeux. Ils me sortaient par les yeux.

— Donc il n'y a pas de choix. Soit je vous envoie en prison en m'y emmenant avec vous, soit je vous donne ce que vous voulez et on se sauve tous les deux d'une vie derrière les barreaux.

— Tu comprends vite ! Maintenant, va voir les journalistes. Ils ont hâte d'entendre la vérité de ta bouche, Pauline.

Hein, quoi ? Je devais le faire maintenant ? Mais c'était trop tôt. Je ne pouvais pas le faire.

Pourtant, on aurait dit que c'était bien maintenant qu'ils voulaient me faire subir leur chantage. C'était cruel, je n'avais même pas eu le temps de réfléchir à quoi faire.

Même Denise avait été assez gracieuse pour leur accorder près d'un mois.

Je donnerais beaucoup pour pouvoir décaler le choix fatidique à trente jours.

C'était Jean-Édouard qui m'attrapa le poignet, avant de sortir du salon. Ne pouvant pas me battre contre la force d'un homme, je me fis entraîner vers le vestibule, et il ouvrit la porte, d'un coup.

Je fus assailli par les lumières aveuglantes des flashs des journalistes.

Les photos allaient probablement se retrouver à la une des journaux des lendemains, en compagnie des paroles que j'allais bientôt prononcer.

Tout dépendait de moi maintenant. Soit la une dira : « La jeune fille était en fait une meurtrière ! » Ou « La première thérapie de conversion encadrée scientifiquement marche ! »

Les conséquences étaient énormes. Que j'ouvre la bouche pour dire une phrase ou l'autre, la vie des personnes que je pensais proches allait changer, ainsi que la mienne.

Ah, Denise... Où étais-tu dans ce genre de situation ? J'aimerais bien être une demoiselle en détresse pour une fois.

En me voyant moi et Jean-Édouard, les protagonistes de l'affaire, les gardes du corps s'écartèrent pour nous laisser passer, pendant, qu'une horde de micros nous inondaient, lui et moi.

Jean-Édouard ne semblait pas perturbé. Il devait avoir l'habitude.

— S'il vous plaît, M. Guyot, dites-nous votre version des faits ? Il est vrai que vous avez développé une thérapie illégale sous votre toit ?

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant