XIII

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J-16

Le soleil chaud de la fin du printemps me caressait la peau. C'était en trottant que je me rendais au Café Mama, là où je devais rejoindre Denise.

Elle était restée dans ma tête toute la journée, et il me tardait de la revoir.

J'avais une foule de questions à lui poser. Et elle était si fatiguée hier soir qu'elle refusait même de les entendre. Peut-être que maintenant, elle s'était reposée, elle pourrait me dire la vérité sur tout :

Le secret que cachaient mes parents, et la raison pour laquelle ils étaient aussi stressés par ses potentielles révélations.

La raison pour laquelle elle pensait que je serais de son côté.

Pourquoi elle avait accepté notre relation.

Était-elle Blasée ?

Bref, beaucoup de questions.

En marchant d'une rue à l'autre, je redressai l'anse de mon sac, car le poids de ce dernier m'infligeait une douleur aiguë ; en effet, en plus de la bible obligatoire à ramener pour les cours du samedi, je m'étais ramenée avec mon énorme grimoire aux mille et un tours de magie. En le voyant de ses propres yeux, elle ne pourrait pas faire semblant de ne pas l'avoir déjà vu.

Je traversais une rue piétonne et arrivai à celle menant vers le fameux café.

Je devrais également être attentive à son écriture. Blasée mettait par écrit ses tours avec un stylo plume. Peut-être que je reconnaîtrais sa façon de dessiner des « t » et ses « o » dans la façon d'écrire de Denise.

— Parfait... C'est moi qui vais gagner.

Comme d'habitude, un serveur m'aperçut et m'invita à rentrer dans le restaurant. À ce moment-là, je me demandais quel genre de description elle donnait de moi pour que tous les serveurs du café puissent me reconnaître au premier coup d'œil.

Par fierté, j'espérais que c'était un portrait élogieux. Dans un autre côté, je ne voulais pas trop y penser. Ça devrait m'être égal, la façon dont elle me considérait. J'étais en mission sous-marine, non pas en vrai couple.

Denise s'était assise à la même table, et à la même chaise que la dernière fois. Je fus soulagée, instinctivement. Je préférais me mettre au même endroit.

— Bonjour, Denise, j'espère que tu t'es bien reposée hier soir.

— J'ai eu un sommeil du tonnerre. J'ai peut-être pas besoin de mettre autant de produits sur la figure si je peux juste dormir huit heures par nuit !

Je gloussai par politesse :

— Oui, c'est important, c'est vrai. D'autant plus que je suis certaine que tu es magnifique sans make-up.

Elle écarquilla les yeux un moment, ce qui me prit de cours.

— Euh... J'ai encore dit quelque chose qui n'allait pas ?

— Non, non, pas du tout, nia-t-elle avant de se cacher le visage avec sa carte des menus. Allons, allons, commandons vite, cette fois. J'ai faim.

Je pris un plat typique du Sénégal, un poulet yassa avec le même dessert que la première fois. Denise, elle, opta pour du mafé puis une glace à la fraise.

Je crois que je parvenais à cerner son parfum préféré. Son fruit fétiche était de la même couleur que de ses lèvres...

En pensant cela, mes yeux s'étaient dirigés vers celles-ci. Elle ramassait nos deux cartes pour les donner aux serveurs, la tête de profil par rapport à moi.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant