XXVI

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J-8

Je hurlais et je hurlais et je hurlais de toutes mes forces.

Pour empêcher la crise inévitable d'arriver. Pour que tout arrête de me faire si mal. Pour que tout... Pour que tout...

Je hurlais et je hurlais et je hurlais, sans faire attention au monde qui m'entourait. Sans faire attention à Denise, qui s'était enfin retournée, et qui avait couru vers moi. Elle m'avait prise dans mes bras et m'avait couvert les yeux de son corps. Ses mains me bouchaient les oreilles, de sorte qu'enfin, je pus atteindre le silence. Plus de bruit. Plus de monde. Plus de lumière intempestive. Il n'y avait plus que Denise, et son merveilleux parfum.

Je pris une grande inspiration, puis deux.

Ça allait. Je n'avais plus besoin de souffrir. C'était l'impression que le soutien de Denise m'apportait.

Je me calmais, et d'un coup, c'était comme si toute la panique que j'avais emmagasinée depuis le début de ce mois chaotique s'en était allée. Je pus donc me relâcher, et me fondre dans les bras de Denise.

— Denise, Denise... J'ai eu tellement peur, lui dis-je.

— Je suis désolée. Mais tu aurais juste dû m'attendre. Le spectacle n'allait pas durer quatre heures non plus.

— J'ai risqué la crise parce que je voulais à tout prix savoir si l'hypothèse que j'avais concernant mon changement d'identité était valide ou pas. Zut, j'ai tout gâché. Même le spectacle de Myrlène alors que c'était sa première fois je suis désolée je suis une grosse mer...

Denise me souleva, et me traîna jusqu'au bar et m'assit là.

— OK, toi, tu restes, ici, et tu arrêtes de parler, d'accord ?

— Je suis désolée, dis-je, à moitié en sanglotant. Je n'ai pas pris mes antiépileptiques et j'ai eu tellement peur de perdre le contrôle.

Denise sembla s'illuminer, comme si elle me comprenait enfin. N'avait-elle donc pas compris que j'étais malade depuis le début ?

Généralement, les personnes se rendant compte que j'étais épileptique me traitaient, d'un coup, comme si j'étais une personne faible qui avait besoin d'aide. Comme si j'étais un nourrisson sans défense.

Mais ce ne fut pas le cas de Denise. Elle, elle rit.

J'écarquillai les yeux, et lui demandai des explications sur son comportement, quand elle me répondit.

— Mais c'est fou, toutes les bêtises qu'ils t'ont fait avaler. Blasée, t'es pas épileptique, t'es autiste. Tu viens de faire une crise autistique là. Enfin, t'es pas officiellement diagnostiquée, mais je pense que c'est assez obvious pour que je puisse présenter cette hypothèse-là. J'aurais au moins pensé que tes imbéciles de faux parents auraient eu l'amabilité de t'emmener chez un psychiatre.

Denise devenait folle. Je ne comprenais pas les mots qui sortaient de sa bouche. J'étais épileptique. Je prenais un traitement tous les jours, et en temps normal, j'avalais au moins huit comprimés en une journée.

— Mais je me fais tout le temps ausculter ! Maman me prescrit les médicaments, et quand je ne me rapproche pas des éléments suscitant des facteurs de crises, j'en ai pas ! C'est tout simple.

Denise, d'un coup de bras, interpella un serveur, et lui demanda de me servir un peu d'eau. Ce que le jeune homme partit faire immédiatement.

— Tu es naïve, ma pauvre. À part ta « mère », quel médecin es-tu parti consulter ?

Quel autre médecin ?

Malgré mes recherches dans ma psyché, je ne retrouvais aucun souvenir de la sorte.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant