XXVII

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J-7

Ma famille me mentait. J'en avais désormais la preuve.

Je rangeais les boîtes de médicaments en tentant de les replacer dans la même disposition qu'avant, puis fermais les armoires, tiroirs, et autres meubles de stockage.

Si mes parents découvraient que je savais la vérité, ils auraient l'avantage sur moi. Je devais leur faire croire que je n'avais rien constaté, et que je me sentais encore épileptique. C'était plus sûr.

Je déguerpis du cabinet et me remis dans ma chambre. J'étais fatiguée et j'avais trop mal à la tête pour quoi que ce soit. J'avais tant de choses à accomplir : je devais comprendre pourquoi mes parents m'avaient menti, et ce qu'ils comptaient faire des informations qu'ils amassaient chaque semaine sur moi.

Je devais également découvrir qui j'étais vraiment. De quelle ville je venais, qui étaient mes vrais parents, et s'ils allaient bien. Denise me connaissant bien, je savais que je pourrais trouver toutes les informations dont j'aurais besoin en sa compagnie.

Quand j'aurais résolu cette affaire suspecte avec mes parents, je pourrais me reposer et penser à rattraper le temps perdu.

Je me jetai sur mon lit et je résistai pas à l'appel du repos.

Ma gueule de bois n'était toujours pas guérie, et il était hors de question que j'aille en cours dans cet état. De toute façon, j'aurais été incapable de pouvoir réfléchir à quoi que ce soit de productif.

Moi, ce dont j'avais besoin, c'était de dormir et de tout oublier, pour une poignée d'heures, ce n'était pas trop demandé, non ?

Je m'endormis donc dans mon lit, de retour dans la maison familiale, ou plus exactement, l'antre du prédateur.

*

Ma sieste, qui avait duré toute la journée, m'avait reposée.

Mais mon repos avait été de courte durée. Peu après mon réveil, on toqua à ma porte.

Qui c'était ? Les parents ? Je ne m'étais pas préparée à une rencontre si soudaine.

On ne s'était pas parlé de cœur à cœur, eux et moi depuis un bon bout de temps.

C'était peut-être la bonne occasion pour en finir, qui sait.

— Entrez !

La personne ayant toqué est rentrée. C'était bien mes parents.

Me retrouver nez à nez avec eux maintenant que je voyais clair dans leur jeu faisait bizarre.

J'avais l'impression de les redécouvrir en tant qu'inconnu. J'aurais presque voulu qu'on commence la conversation par une présentation, histoire qu'on soit tous sur la même longueur d'onde.

Malheureusement, les choses n'étaient pas aussi faciles. Le danger n'était pas dehors, mais dedans. C'était là que je devais être précautionneuse concernant les informations que j'avais.

Je ne savais pas ce qu'ils avaient prévu de me faire une fois qu'ils auraient découvert que leur machination avait échoué.

C'était trop dangereux de le révéler maintenant.

Je pris alors le masque social que j'emmenais partout avec moi, et leur fis un grand sourire hypocrite.

— Papa, Maman ! Vous avez passé une bonne journée ?

Je tentais de lire leurs expressions faciales, mais n'y parvins pas. Je n'y arrivais pas tant que ça en temps normal, mais bon, ça aurait été plus simple de poursuivre la conversation en sachant sur quel pied danser.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant