XI

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J-17

Denise avait accepté de sortir avec moi.

En moi se mélangeaient plusieurs sentiments : la joie et la fierté d'avoir réussi mon coup, ainsi que la terreur ; et si j'avais signé ma propre mort ?

Denise me prit dans ses bras de nouveau puis me chuchota à l'oreille.

— Merci d'avoir accepté. Je n'en demandais pas autant, mais je ferais tout pour te satisfaire.

— Tant mieux, répondis-je, aussi raide qu'un bâton.

Elle s'écarta de moi, avant de me tendre la main une nouvelle fois. Cette fois, je la pris et la serrai.

J'étais du côté d'une maître chanteuse et d'une agresseuse, maintenant.

Elle sourit avec un contentement à peine caché.

Qu'avait-elle derrière la tête ? Avait-elle réellement des sentiments amoureux à mon égard ?

Trop de questions et pas assez de réponses.

Elle garda nos mains jointes et nous guida vers le bar lumineux. Au lieu de repasser par la queue, qui s'était amoindrie, elle rentra directement. Les vigiles gardant la porte n'avaient pas sourcillé. Une fois qu'ils avaient vu qu'elle me prenait par la main, ils laissèrent couler.

Une fois à l'intérieur, je fus frappée. Le bar était encore plus coloré qu'à l'extérieur. Une foule de monde buvait des cocktails spéciaux en discutant et en riant.

De la lumière provenant de projecteurs aux couleurs criardes versaient leurs photons sur les clients à une vitesse agressive. De la musique pulsait de baffles trop proches. J'avais besoin de me cacher le visage et de me recroqueviller.

Trop fort. Trop de monde.

Mes membres commençaient à trembler.

On non, pas maintenant !

Je commençais à transpirer. Je devais prendre mes comprimés avant que je me mette à criser en plein milieu de la foule.

Denise remarqua mon malaise, et s'inquiéta immédiatement :

— Ça va ? Oh non, j'avais oublié que les endroits comme ça te mettaient en panique totale. Tu veux quelque chose à boire ?

Je ne pus qu'acquiescer silencieusement. Elle me comprit, et me guida, toujours main dans la main, vers la partie bar, où je pus m'asseoir. D'ici, les baffles étaient plus loin, et les projecteurs préféraient déverser leurs lumières sur la piste de danse.

J'étais dans un endroit relativement sauf.

— Ouf. Merci. Je ne sais pas comment j'aurais fait sans toi.

— Ne me remercie pas maintenant, mon gros bêta. Tu n'as même pas pu boire, encore.

Elle héla à l'intention des serveurs du bar, qui s'affairaient autour de plusieurs clients.

— Myrlène, ma bonne amie ! Myrlène, donne-moi de quoi boire pour ma chérie par ici.

Une jeune femme en tablier, et aux volumineux cheveux crépus atteignant ses épaules, vint à notre rencontre. Elle comprit tout de suite la situation et me donna un verre d'eau fraîche. J'engloutis le verre en même temps que mes médicaments antiépileptiques d'urgence, et me sentis immédiatement mieux.

— Ah, merci beaucoup, Myrlène, dis-je à ma sauveuse. Je t'en suis infiniment reconnaissante.

— Oh, ne t'en fais pas. La politique de la maison n'est pas la plus accessible pour pas mal de personnes aux besoins particuliers. Mais je t'en prie, tu peux commander n'importe quelle autre boisson.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant