XXXIII

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J-1.

J'avais tué un homme.

Mes actions empreintes de folie et de ferveur suicidaire avaient non seulement échoué à effacer mon existence de la terre, mais avaient aussi blessé la femme que j'aimais, beaucoup d'autres et avaient tué un individu.

Je n'étais pas si différente de Denise, au final. La noirceur qui m'attirait vers elle avait toujours fait partie de moi.

En fait, quand je la regardais, peut-être ce que j'appréciais, c'était de pouvoir m'y voir comme dans un miroir.

J'avais tué un homme.

C'était un violeur. C'était un pédophile. C'était un prêtre malveillant utilisant des mots divins pour torturer les enfants et ados du village. Il méritait de crever.

Je suis bien contente qu'il ait eu un avant-goût de l'enfer avant d'y aller.

Je me frappai la tête. Je ne pouvais pas penser comme ça, non. Il y avait des limites à ne pas franchir.

C'était un criminel, oui. Mais j'en étais une aussi, au final.

Je n'étais pas meilleure que mes parents. J'étais meilleure que personne, en fait.

Je ressentis l'envie de hurler, et de me mettre en boule, mais je me retins. Je ne pouvais pas défaillir maintenant. Personne à part Denise savait que c'était moi qui avais mis le feu à l'école.

Selon les journalistes eux-mêmes, l'incendie était accidentel.

Denise avait dû changer des détails dans les preuves pour ne pas m'impliquer dans des procédures judiciaires.

Quelle était la date de prescription pour les homicides involontaires déjà ?

Je me frappai de nouveau. Non, je ne pouvais pas réfléchir de cette façon, c'était les criminels qui pensaient ainsi.

Moi, je n'avais pas fait exprès. Je ne voulais faire de mal à personne. Alors que le prêtre, Denise et mes parents savaient très bien ce qu'ils faisaient lorsqu'ils avaient commis leurs crimes respectifs.

Je n'étais pas pareille je n'étais pas pareille je n'étais pas pareille.

Ne pas juste se mettre à hurler, là, tout de suite devenait de plus en plus dur.

Jean-Édouard m'agrippa les épaules et me secoua.

— Toi ! Qu'est-ce que tu as fait ?

— Tout le monde devait le savoir ! Vous devez être punis !

Jean-Édouard hurla pour moi.

— Imbécile, dit Christelle. Je savais qu'on aurait jamais dû la ramener. Cette fille est maudite depuis le début.

— Oh, tu peux parler, c'est toi qui m'as convaincu qu'on pouvait utiliser la science pour prouver que la thérapie marche.

Jean-Édouard me jeta d'un côté, et je tombais à la renverse. Il se jeta sur sa femme et lui agrippa les bras.

— Mais qu'elle marche bien, ta thérapie ! Tu as vu ce qui nous arrive ? Elle n'a pas changé d'orientation d'un putain de millimètre !

— Avec le temps... Oui, avec plus de temps, j'aurais pu réussir !

— Plus de temps mon cul. 3 ans, c'était déjà trop long. J'ai été idiot de te faire confiance !

Les cris, les insultes et les accusations fusaient dans la maison. Ça faisait trop de bruit. Il fallait que ça cesse, sinon, la colère monterait. Et je ne voulais pas être là pour voir ce qui pouvait arriver dans une maison où les couteaux de cuisine et les scalpels existaient à foison.

Rendez-vous avec le malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant