Chapitre 2 - La dompteuse de ruines, partie 2

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Étang gris, Greenland (1er étage de la Tour)

18 juillet 3202

« Je vous en supplie, faîtes de moi... votre disciple !! »

Ce cri de détresse - tout droit sortie la bouche de quelqu'un qui n'avait plus rien à perdre - avait retentit dans tout l'Étang gris.

S'en était suivi peu à peu un retour au calme, comme si cet hurlement avait été le bouquet final de cette cacophonie.

Plusieurs minutes s'étant désormais écoulées, Matsuba se décida à relever un œil curieux. Face à lui... se dressait son dernier espoir.

Cette femme appartenait à une espèce semi-humaine dont il avait entendu parler : les kitsunes. Endémiques du 8e étage, ces être mi-humains mi-renards ne présentaient que des différences subtiles avec leurs cousins lycanthropes. Pourtant, il ne fallut qu'une demi seconde à Matsuba pour les remarquer : des oreilles plus allongées, des crocs plus fins, une queue plus touffue, et des avant-bras recouverts de fourrure - là où ceux des ōkamis étaient glabres.

La kitsune qui se tenait devant lui avait le poil d'un blanc immaculé et des yeux à l'iris fendue d'un mauve améthyste.

« La première... vraie ascensionniste que je rencontre ! » S'émerveilla le jeune homme.

En réalité, ce n'était pas tout à fait exacte.

Sa grand-mère en avait été une, mais elle avait fait son temps. Shizuka pouvait aussi être considérée comme telle désormais, mais il ne pouvait la voir autrement que comme son amie. Quant à Hadia Munsahir, elle était un cas spéciale : son travail de styliste et ses habits luxueux lui donnaient plus l'air d'une importante bureaucrate.

Cette semi-humaine, elle... incarnait l'Aventure.

« Elle est sensationnelle... »

Le regard de Matsuba se perdit sur les muscles - discrets mais bien visibles - de la grimpeuse, ainsi que sur ses quelques cicatrices, témoins d'un passé parsemé d'affrontements. Qu'importe comment il la regardait : il émanait de cette femme toute la liberté à laquelle il aspirait tant.

Pour la première fois, le canari en cage voyait un aigle prêt à s'envoler.

« Mais là, elle a surtout l'air énervée... » S'inquiéta le jeune homme en sortant de sa rêverie, s'apercevant qu'une veine palpitante était apparue sur sa tempe de la kitsune.

« Euh... »

« Espèce de crétin fini ! » Rugit Raijū. « Je suis complètement trempée ! »

Le saisissant par l'arrière du col, elle le souleva de terre avec aisance.

« P-Pardon...! » S'étrangla aussitôt Matsuba.

« T'as une idée du temps qu'il me faut pour sécher ?! » Poursuivit son interlocutrice - les yeux exorbités - en le secouant comme un prunier.

« J-Je peux vous ramener un sèche-cheveux...! »

« C'est ça ! Tu veux que je frise ?! »

Matsuba allait ouvrir la bouche pour s'excuser de nouveau lorsqu'il repéra quelque chose qui le plongea dans une profonde mélancolie.

Juste au dessus de la clavicule gauche de la femme-renarde... se trouvait un petit tatouage en forme de casque ailé.

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