Parce qu'être sans emploi c'est aussi avoir pour emploi dépanner toutes nos connaissances avec des emplois du temps serrés, aujourd'hui Félix gardait Yong-sun qui s'est déboité l'épaule et ne peut donc pas se rendre à l'école. Chae étant occupée pour tooute la journée, Félix s'était proposé de dépanner en visitant pour babysitter le temméraire petit garçon qui s'était encore fait rasé la tête par sa maman. Cette fois ce n'était pas des poux, c'était pour une toute autre raison.

- « Et j'vous assure monsieur Félix, maman n'est juste pas une artiste. Sinon elle aurait compris que la raie que j'ai fais dans mes cheveux était stylée et pas un massacre.»

- « Oui mais t'es pas supposé te faire une raie dans les cheveux avec un rasoir non plus.»

- « Tout ça fait partie de la vision artistique.» Yongsun soupira en attrapant la télécommande de la télévision.

Félix ne dit rien, il n'était pas d'humeur très joviale aujourd'hui, ni le jour d'avant, ni aucun jour depuis ce week-end. Il s'était visiblement trompé en insistant pour aller à la fête malgré le blues qu'il s'était chopé à la cérémonie en revoyant le professeur Fu. Il s'était persuadé qu'une ouverture vers le passé lui ferait du bien, que redevenir le Félix de sa jeunesse le temps d'une soirée lui ferait du bien, mais tout ce qu'il avait retenu de cette soirée c'était qu'il était figé. Que parce qu'il était le seul à ne jamais avoir eut d'avenir, il était le seul à avoir encore besoin de se réfugier dans le passé.

Mais maintenant qu'il l'avait vu de ses yeux, il ne pouvait plus se mentir à lui-même, exactement comme son jadis mentor lui avait dit : Il avait laissé sa vie lui filer entre les doigts.

Peut-être parce qu'il avait été particulièrement occupé pour une personne de sa tranche d'âge, Félix n'avait pas réalisé à quelle vitesse cinq années étaient passées. Il était resté bloqué dans son rôle de jeune papa pendant si longtemps qu'il n'avait même pas remarqué ce qu'il avait perdu. Son individualité. Il n'était rien d'autre qu'un tas de souvenirs, oui, des souvenirs qu'il avait recyclés encore et encore, parfois même projeté sur Do-hee pour se sentir mieux, plutôt que d'admettre le fait que quelque part il était peut-être vraiment mort il y a des années.

Ce qu'il était en tant qu'ensemble était resté absolument inerte tout ce temps. Jisung avait pris du muscle par exemple, Changbin encore plus de muscles et était officiellement libre de son acné, Yeonjun lui avait pris quelques centimètres, d'autres étaient mariés, une partie du groupe vivait désormais à l'étranger. Mais est-ce que Félix avait changer de la moindre manière ? Non. Sa peau avait peut-être ternie mais se remettre avec Jisung et ré-utiliser des produits de qualité supérieure pour ses soins avait vite corrigé ça et sinon sa crinière avait brunie mais ce n'était pas vraiment comme s'il avait fait quoi que ce soit pour en arriver là.

De toute sa classe, il était le seul à être encore exactement la même personne, même visage, même taille, juste deux kilogrammes en moins. C'était comme si sa vie s'était arrêtée il y a cinq ans lorsqu'il avait disparu, et qu'elle se remettait seulement en marche maintenant. De la chair aux os, il n'était plus que les rudiments d'un homme et il ne savait pas vraiment comment appréhender la situation sans se donner l'impression d'être un perpétuel ingrat.

Après tout Félix avait une famille, une merveilleuse, incroyable famille. Il avait également quelques amis, Chaewon, Yeonjun, Changbin. Il avait même la chance de vivre dans un palace et ne plus jamais avoir à s'inquiéter de payer des taxes pour le restant de ses jours. Il y a un an, il se réveillait tous les matins avec un cœur brisé et la peur au ventre d'échouer à éduquer son fils par manque de moyens.

Absolument toutes les prières qu'il aurait put prononcer au ciel durant les cinq dernières années avaient été exaucée.

Qu'est-ce qu'un homme pourrait demander de plus sans après ça sans paraître ingrat ? De toute manière il n'avait même pas besoin de demander, son ingratitude commençait par l'abysse aigre qu'il ressentait face à sa vie qui l'empêchait de voir le bleu du ciel au travers la fenêtre. Il avait de nouveau perdu l'appétit.

Us and You (JILIX)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant