Chapitre 1

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PDV Mael.

L’orage gronde depuis plus d’une heure maintenant. J’ai toujours cette impression que la météo change en fonction de mon humeur. Aujourd'hui, il faut se l’avouer, elle n’est vraiment pas au beau fixe. Mon père me dirait que je suis toujours irritable, mais c'est faux. Je ne suis tout simplement pas entouré des bonnes personnes. Il le sait, et il en joue.

— Ne tire pas cette tête, Mael, je ne t’envoie pas à l’abattoir, bougonne mon patron, irrité.

Parce que oui, avant de prétendre être mon père, cet homme qui ne cesse de me donner des ordres se comporte plutôt comme le big boss, ce qu’il est en réalité. Le travail étant plus important que la famille, surtout dans un milieu où le crime fait rage.

Mes yeux se posent une nouvelle fois sur la photographie de la jeune fille dans ma main. Je tique, ma pression se mettant immédiatement à monter. Je me masse les tempes et souffle. Je ne suis pas prêt pourtant on sait très bien qu’il est difficile d’éviter son destin.

— Pourquoi est-ce à moi de jouer les baby-sitters ?

— La surveiller ne signifie pas jouer les baby-sitters comme tu le dis. Et puis, tu es le plus digne de confiance pour cette mission. N’est-ce pas, mon héritier ?

Mon héritier. Ce malchanceux titre qu’il me donne depuis le jour où son premier fils, Alexandre est mort. En voyant que je ne répond pas, il ajoute :

— Il est temps, Mael. De plus, elle est parfaitement ton style.

— Cette enfant, mon style ? M’offusquais-je.

— Vous n’avez que 4 ans d’écart. Cesse tes bêtises maintenant. T’ai-je donné le choix concernant cette demande ?

Non. Je ne suis pas et ne serai jamais libre de mes décisions. Pas avec lui. Et par demande, il sous-entend un ordre. Un truc du genre « tais-toi, baisse la tête et obéis ». Dans ce monde solitaire, moi, Mael Clarke, unique héritier du tristement célèbre trafiquant d’armes Théodore Clarke, suis contraint de renoncer à toute indépendance au profit de cet homme.

Aussi effrayant que malicieux, Théodore Clarke est un maître de la manipulation. Un calculateur hors pair dont les décisions sont indiscutables.

Dans ce monde, c’est la seule personne dont j’ai peur. Car je lui dois tout, en commençant par ma vie. En me sauvant, il en a pris possession. Il la protège et la modèle à son image, me transformant en véritable chien de garde. Un animal de compagnie dont il est fier de vanter les mérites. Foutaise sur foutaise.

— Tu partiras pour la Californie dans deux jours. Tu peux disposer, on a assez discuté, me congédie-t-il d’un ton froid.

L’État de  Californie et plus précisément à l’université Stanford dont la devise est "le vent de la liberté souffle". N’est-ce pas ironique ? Nous faire croire que la liberté est à porter de bras. Cette idée de liberté  n’est pourtant qu’une invention de l’homme dans le seul but est de se contrôler lui-même.

Une fois sortie, je continue d’observer cette jolie petite créature.
Ma protégée : Sacha O’Connell, étudiante en psychologie.
Elle est brune et frisée, aux yeux d’une couleur si marron qu’on s’y noierait presque. Son regard est déterminé et elle marche fièrement là où elle doit aller. On dirait presque qu’elle part vers un grand combat, telle une digne générale de la plus puissante des armées.
Elle possède des pommettes saillantes et rouges, avec des lèvres roses pour lesquelles tout homme voudrait se battre.
L'aura qu'elle dégage est indéniable. J’ai toutefois hâte de la voir de mes propres yeux.

— Ah... ma petite chevalière, toi et moi allons bien nous amuser. Je t’en fais la promesse, murmurais-je.

On se voit dans deux jours, Sacha O'Connell. Prépare-toi, car le patron t'a livré au loup. Et même si je ne le voulais pas, une fois lancé, impossible de m'arrêter. Ah ça non, je ne renoncerai pas, plus jamais.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant