Chapitre 3

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PDV Mael.

Je prends une gorgée de mon verre de whisky tout en vérifiant ma messagerie. Il est 23h passé et toujours pas de nouvelles de Sacha O'Connell.

Cette jeune femme m’a laissé en plan devant l’université en me demandant d’attendre une nouvelle d’elle. Quelle perte de temps ! Et sans que je ne puisse rien faire, je l’ai juste écouté et me voilà dans ce bar miteux en train de boire le pire whisky de ma vie.

Cette ville craint vraiment. Elle pue la débauche. Mais qui suis-je pour juger quoi que ce soit de débauché alors que moi-même, je croupis dans un univers si monstrueux que même mon âme commence à s’envoler… en même temps que ma dignité.
Je manque de recracher cette nouvelle gorgée de ma boisson tellement elle est immonde.

— Eh beau gosse, c’est quoi ton petit nom ? Moi, c'est Alix, ça te dit qu’on prennent du bon temps ? M’aborde une belle blonde en s’assayant sur mes genoux.

J’ai l’impression d’être sur une application de rencontre démodée avec cette présentation plus que douteuse.

Je la laisse tout de même faire. Pourquoi pas, après tout ?
Son parfum est tellement fort que je n’arrive pas à savoir quelle odeur c’est, et ça me fait presque éternuer. Rien à voir avec une autre fille que j’ai rencontré aujourd’hui, qui sentait une légère odeur de monoïe.
Une chose est sûre : elles n’ont littéralement rien en commun. L’une ressemble à une poupée botoxée et l’autre ressemble à une chevalière farouche qui me retourne le cerveau avec son regard de biche.

— Ma jolie, qu’est-ce que tu attends de moi au juste ? Lui murmurais-je à l’oreille tout en lui serrant les fesses.

La blonde, dont j’ai déjà oublié le nom, se met à glousser et se plaque encore plus près de moi.

— Je souhaite juste un instant, rien que toi et moi, me chuchote-t-elle.

Mon membre se met systématiquement à grossir. La jeune femme se lève et m’entraîne par le bras vers un endroit sombre. Ah, elle est du genre à qui ça ne dérange pas qu’on l’observe. Pas de souci.

La blonde continue de m’emmener à l’abri des regards lorsqu’une masse rousse me percute de plein fouet, renversant par la même occasion toute sa liqueur sur mes vêtements.

Je peste en lâchant la femme.

— Oh non ! Pardon, monsieur. Je crois que mon frère est un peu bourré, s’excuse une autre personne tandis que le roux tangue de plus en plus.

Je grogne et mon attention se concentre sur une voix qui me semble un peu trop familière.
Impossible.

— Léo ? Lyam ? Dis-je, surpris de voir mes deux amis d’enfance en Californie.

Léo, un roux bouclé, est celui qui est complètement saoul. Lyam, quant à lui, n’est que d’apparence tempéré. Les jumeaux, malgré la perte de contact, ont joué un rôle significatif dans mon adolescence. Ils savaient comment me reconnecter au monde réel quand les choses dégénéraient.

— Oh merde, Mael ! s’exclame Lyam en me tapant sur l’épaule. Quelle coïncidence de te retrouver là !

Je lui rends son accolade, ravie de revoir mes vieux amis.

— Euh... Mael, c'est ça ? Tu viens ? m’interpelle une voix de femme.

Ah. Je l’avais oublié, celle-là.

— Désolé ma jolie, j'ai affaire là. Peut-être une autre fois. Je mens.

La blonde s’agaça et m’insultant presque avant de s’en aller pour trouver, assurément, un nouveau coup d’un soir.

— Oulah ! Déso mec, on a cassé ton coup.

— Ce ne sont pas les filles qui manquent. Par contre, les potes... rigolais-je.

— Oh... Ly-lyam... J’crois que j’vais vomir ! Déclare Léo en détalant vers les toilettes.

Une minute de silence s’écoule durant laquelle ni Lyam ni moi ne bougeons d’un poil. Puis nous éclatons de rire face à l’idiotie de notre camarade.

— Alors Mael, qu’est-ce que tu fais dans le coin ?

— Le boulot comme d’habitude… éludais-je ne voulant pas m’étendre sur le sujet. Et vous deux ?

— Ça fait deux ans qu’on habite ici. Léo et moi allons à l’université de Stanford. Il fait partie de l’équipe de football américain d’ailleurs, m’explique mon ami.

— On risque de se croiser souvent alors.

— Tu restes longtemps ?

— Plus ou moins…

— Quel homme mystérieux, se moque-t-il, tu as quelque part où rester ? Sinon la vie est bien faite, car notre troisième coloc vient tout juste de partir !

Ça pourrait en effet être une bonne idée de rester avec eux. Une sorte de retour aux sources.

— Ah bon ? Depuis quand Francis part ? Demande Léo qui vient juste de revenir et qui s’affale sur la banquette. Oh et salut Mael, un plaisir de te revoir !

Je lui donne une tape amicale.

— Depuis aujourd’hui. Ce n’est pas une grande perte, ce type était un boulet, annonce son frère.

— Bon, bah, OK, alors ! répondis-je à mes nouveaux colocs. Merci les gars.
Je regarde une nouvelle fois mon téléphone à la recherche d’un message d’une brave chevalière. Toujours rien.

Je lève les yeux au ciel et décide de prendre les devants en lui envoyant un message :

De : Mael Clarke
À : Sacha O'Connell
      « Demain, 11h, au même endroit qu’aujourd’hui. Sois pas en retard.
Mael Clarke. »

Je souffle et tente de me concentrer sur mes deux amis qui me racontent leur vie, bien que mes pensées restent concentrées sur cette foutue prétendue chevalière.











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