Chapitre 6

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PDV Mael.

Je regarde Sacha s’enfuir les yeux brillants. Des souvenirs lointains remontent à ma mémoire : ceux de trois enfants, d’une famille aimante, puis des cris et du sang. Et par-dessus tout ça, ce surnom anodin, oublié par le temps et qui, à son évocation, fait remonter à sa surface de bons, mais surtout de mauvais souvenirs.

Une sonnerie de téléphone retentit dans la pièce, indiquant qu’une notification vient d’arriver. Je ne devrais pas, mais par curiosité, je m’avance vers le téléphone de Sacha et vois un numéro inconnu.

De : numéro inconnu
À : Sacha O'Connell
    « Ton parfum est délicieux, comment tu as su que le monoïe est mon préféré ? »

Mes muscles se contractent d’emblée. C’est qui ce connard, putain !?

Je m’élance vers la pièce où se trouve la jeune femme, le téléphone à la main. Je trouve Sacha qui se rince le visage, le regard surpris de me voir débarquer brusquement.

— Qu’est-ce que ?

Je la coupe en lui montrant le message.

— Ça, ça veut dire quoi ?

Ses yeux marron s’écarquillent.

— Je... Tu fouilles dans mes affaires maintenant ? On n’est pas si proches ! S’insurgea-t-elle.

Je m’approche de sorte à la coincer entre moi et le lavabo, comme je l’ai fait quelques heures plus tôt.

— Maintenant, si. Alors, c'est quoi ça ?

— C'est une personne qui s'est trompée de destinataire, arrête un peu, tu veux bien ? Me dit-elle d'une petite voix pour m'amadouer.

Mais je ne lâcherai pas l’affaire, il y a une personne bizarre qui lui envoie des messages inquiétants. C’est le signe que ma venue auprès d’elle n’est pas anodine.

— On te harcèle ? Laisse-moi juste trouver ce branleur de manière à ce qu’il voie de quel bois je me chauffe.

— Mais quel harceleur ? Le seul que je vois à l’instant, c’est toi. En plus d’être un pervers narcissique.

Un rire nerveux me prend soudainement.

— Je ne fais que te protéger, Sacha.

— J’ai 20 ans, je suis une grande fille capable de se protéger toute seule !

— Si tu crois être capable de te protéger face à ce genre de type, c’est que tu es plus bête que je ne le pensais.

Sa main s’élance vers mon visage, mais je l’arrête avant que le choc ne se fasse.

— Ne fais pas ça, petite chevalière, lui susurrai-je près du visage.

— Arrête Mael... bougonna-t-elle.

— Dis-moi, maintenant.

— Quoi ?

— Que tu es une grande fille, capable de te protéger toute seule des salauds comme moi ?

La surprise traverse une nouvelle fois son doux visage et, cette fois, c'est elle qui s'approche de moi. Ses lèvres sont tout près des miennes.

— Je n'ai pas peur de toi, Mael. Par contre, toi, j'ai l'impression que tu me sous-estimes vraiment.

Sa bouche continue de s’approcher. Je sens son souffle erratique buter contre moi. Mon membre réagit directement face à elle, signe de mon excitation. Oh, ma belle et majestueuse chevalière, que me fais-tu ressentir ?
Je tente de sceller nos lèvres mais au lieu de ça, ma petite cheffe me mord la lèvre inférieure si bien qu’un goût métallique apparaît dans ma bouche. Étonné, je m’éloigne d’elle et la voit prendre les jambes à son coup pour se réfugier vers nos amis. Parce que Lyam et Léo l’adorent et que j’apprécie Tori qui ne s’oppose à ma présence au côté de sa meilleure amie.

Laisse-moi m’approcher encore un peu, petite chevalière. Je t’assure que ce ne sera pas douloureux.

•🔫•


Le lendemain, je me sens d’une humeur massacrante. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Sacha et à sa foutue bouche, mais aussi à ces putains de messages louches.

Je m’avance d’un pas confiant vers la salle de cours lorsque j’aperçois ma protégée en compagnie indésirable. Elle est avec ce type mal famé tatoué de partout et qui ressemble à un ancien détenu. Tu peux parler, toi, marchand d’armes et le fidèle toutou d’un individu très peu recommandable.

Je m’assois à côté de Sacha, en passant mon bras sur ses épaules, éloignant par la même occasion ce taré. J’ai bien conscience de ressembler à un petit copain jaloux et possessif, mais à l’instant même, je n’en ai rien à faire. Je veux juste dégager tous les types suspects d’elle. Ou peut-être même tous les types, tout court.

— Mael ? Ça ne va pas ou quoi ? S’énerve-t-elle.

Je souris, sachant très bien qu’elle aime avoir le contrôle.

— Tu me manquais depuis hier soir, c'est tout.

Une série de toussotements le prend et mon sourire s’élargit davantage.

— Et lui, c'est qui ? Demandai-je nonchalamment.

— Je suis Lex, et toi ? Répond le type en me tendant la main.

Lex. Un prénom de clébard, dit le clébard.

Je le jauge sans jamais lui répondre, jusqu’à ce que Sacha réponde pour moi, comme le ferait une petite amie présentant son mec à ses parents. À cette pensée, je ricane.

— Tu es puéril, Mael.

— Tu adores ça.

Ses joues prirent une teinte rosée, signe que je n’ai pas tout à fait tort.

Une fois le cours terminé, je m’empresse de sortir en compagnie de Sacha et... Lex.
Celui-ci me retient tandis que Sacha continue son chemin.

— Soyons cool, mec. J’ai bien compris que tu avais des vues sur Sacha, c'est une chouette fille. Je ne tenterai rien, alors tu peux te détendre.

Je grogne en suivant la jeune fille.

— Et puis, soyons honnêtes, on forme un bon trio, termine-t-il en courant au côté de Sacha.

Je m’arrête et les observe, avec une légère impression de déjà-vu.

Un trio, on en a déjà connu et on ne peut pas dire que ça s’est très bien terminé. Et de toute façon, notre petite bande qui est en train de se créer nous suffit humblement. Alors pour le moment, ce Rex ou Lex, je ne sais pas quoi, je vais juste le tolérer. Pour Sacha qui a l’air de l’apprécier. Mais surtout pour le garder à l’œil.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant