Chapitre 26

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PDV Mael.

Je prends ma tête entre mes mains. Mon crâne est sur le point d’exploser et je suis à ça de m’arracher les cheveux.
Ça fait un an que je cherche les Hernandez sans succès. Après en avoir terminé avec eux, tout sera fini. J’espérais au plus profond de moi qu’ils oublieraient Sacha. Mais il faut croire que l’espoir n’a pas de place dans mon monde. L’annonce des jumeaux m’a mis dans une colère noire. Elle s’est fait suivre par une voiture. Encore, putain ! Je m’éloigne d’elle pour la protéger et voilà ce qu’il se passe. Pour qu’ils évitent de la retrouver. Mais c’est encore pire ! Au diable, son grand père.

Je m’appuie sur le bureau, les deux mains à plat contre le bois froid. Ma respiration est lourde. Dans ma tête tourbillonne un immense chaos de rage et de frustration. Chaque jour, chaque foutue heure qui passe me rappelle à quel point j’ai échoué à protéger ceux qui comptent pour moi. J’ai dû eloigner la seule personne qui compte pour moi pour quoi ? C’est une torture. Et depuis l’annonce, c’est encore pire. Les Hernandez ont réussi à me glisser entre les doigts trop de fois. Ils ont toujours dix coups d’avances sur nous. Mais qu'est-ce que je n’ai pas encore essayé ? Qu’est-ce qu’il me manque pour leur porter le coup fatal ? Comment faire pour être enfin libre ?

Je repense à cette année passée à les traquer. Les hommes que j’ai interrogés – ou plutôt torturés – pour arracher la moindre information sur leur cachette. J'ai mobilisé toutes mes ressources, infiltré des hommes dans leurs rangs, monté leurs alliés les uns contre les autres. Et pour quoi ? Pour qu'ils soient encore là, prêts à frapper Sacha encore et encore.

Elle ne mérite clairement pas ce jeu de vengeance. Elle ne mérite pas de se retrouver coincer dans toute cette merde.

Je me redresse et fais quelques pas. Mon regard est plongé dans les flammes dansantes de la cheminée.

— Il y a une taupe quelque part. Je murmure. Quelqu'un leur donne des infos. C’est la seule explication. 

J’ai l’impression de devenir fou.

Léo hoche la tête.

— C’est possible. Mais ce n’est pas le plus urgent. Ce qui l’est, c’est Sacha. Elle n’aura pas une troisième chance, Mael. La prochaine fois, ils la prendront, et tu sais ce qu’ils feront. Ils n’attendront pas de négocier. C’est elle qu’ils veulent tuer. Sa seule enfant.

Mon palpitant se serre douloureusement. La seule idée de perdre Sacha, de la savoir entre leurs mains... mon estomac se noue. Ils n'hésiteraient pas une seconde à la briser. À chaque fois que je pense à elle, à sa façon de sourire malgré tout ce qu'elle a traversé... Non ! Je ne peux pas laisser ça arriver. Elle mérite mieux que ce destin.

Je serre les poings si fort que je pourrais me faire saigner.

— Ramène-la ici. Je finis par dire, d’une voix rauque.  Je veux que des hommes la suivent tout le long du trajet. C’est le seul endroit où je pourrais avoir un œil sur elle à tout moment sans avoir à m’inquièter constamment.

Une torture, j’ai dit.

Lyam se lève, son regard planté dans le mien.

— Tu sais que ça va attirer leur attention. Tout ce que tu voulais éviter... On va devoir être prêts à se battre. 

Je sais bien... Mais j’ai bien l’impression que... le choix ne s’impose plus à nous.

— Ils veulent une guerre ? Ils l’auront. Je lâche avec un sourire amer.

Je parais plus confiant que je ne le suis réellement. Mais la vérité, c’est que j'ai tout à perdre. Parce que si je perd Sacha, je n’ai plus rien.

Un silence tombe dans la pièce, alourdi par la gravité de la situation. Je les regarde tour à tour, Léo et Lyam, mes deux frères, ceux qui se sont tenus à mes côtés dans les pires moments. Ils ne devraient pas être là. Ils ne font pas partie de ce monde, eux non plus, et pourtant... Ils sont là. J’appelle et ils viennent. Ils connaissent les risques. Ils savent que ce que je leur demande pourrait bien être un aller simple sans retour. Mais ils sont là, encore et toujours prêts à me suivre jusqu’au bout.

— On a quelque chose, dit Théo, l'un des plus fidèles hommes de la famille O'Connell qui ont ensuite travaillé pour mon... père. Puis maintenant,  moi. Un de leurs hommes a été aperçu près d’un motel il y a deux jours. Il y est toujours. Si on agit vite, on pourrait peut-être le faire parler. Il sait peut-être où est leur planque. 

Je hoche la tête, une lueur d’espoir s’allumant dans mes yeux.

— Alors, c’est notre prochaine cible. On lui tombe dessus cette nuit.

Lyam sourit, un sourire triste.

– Il va regretter d’être sorti de chez lui ce jour-là, hein.

Étonnamment, Lyam est celui qui a le plus de mal avec cet univers sanglant bien qu’il ait été plongé tôt dans les combats clandestins. Il aspire à mieux, je suppose. Quant à Léo, s’il n’y avait pas eu le foot, je pense qu’ils s’éclateraient à jouer avec des armes à feu. Comme un jeu de rôle, ou un truc comme ça.

— Vous n’êtes pas obligé de faire ça. Je dis à l’intention de mes amis.

Lyam secoue la tête.

— Bien-sûr que si. Et même si ce n’est pas pour toi, Sacha est notre amie.

— Mieux, elle est comme une petite sœur ! Et quand on s’en prend à notre famille, on fait quoi ? On les zigouille tous ! Renchérit Léo.

— Alors, préparez-vous. Je dis d’une voix ferme.  Ramenez Sacha au manoir et mettez en place les défenses. Cette nuit, on frappe. 

Ils acquiescent et se lèvent. Alors qu’ils quittent le bureau, je reste seul un instant, mes pensées dérivant vers Sacha. Si je dois mourir pour la protéger, alors soit. Mais les Hernandez ne gagneront pas. Ils n'auront pas la satisfaction de voir mon monde s'écrouler, car je protégerai le sien. Et son monde est le miens.

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