Chapitre 22

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PDV Sacha.

Pendant qu’il est inattentif, j’entreprends de défaire le nœud à mes poignets. Ils ne sont pas serrés si fort que cela. Le frottement de la corde contre ma peau brûle, mais je serre les dents. Chaque mouvement compte, chaque seconde est précieuse.

— Personne ne te l’a dit, Sacha ? Ton cher petit-ami est un putain de marchand d’armes qui bosse pour mon père. C'est son héritier. Mais tu sais quoi ? Tes parents aussi faisaient partie de ce business-là. Enfin... avant qu'ils ne meurent, bien évidemment, rigole-t-il, son rire résonnant dans la pièce comme une sinistre mélodie.

Je secoue la tête, refusant de croire ses paroles, répétant des « non, non, non » incessants. Mon esprit tourbillonne, refusant de s'accrocher à cette réalité. Je ne fais même plus attention à Mael qui me demande de le regarder, sa voix suppliant, désespérée.

— Non ! Non ! Non !

Lex, ou plutôt Alexandre, s’esclaffe de plus belle, savourant ma détresse.

— Je voulais te protéger, mon fils, déclare le fameux Théodore Clarke, le père de Mael... et de Lex... Alexandre. Sa voix est grave, empreinte d’une autorité glaciale.

Je n’arrive pas à y croire. Ce sont des criminels. Tout ce que je croyais savoir s'effondre autour de moi. Un poids se forme dans ma poitrine. Mes yeux me piquent, j’ai envie de craquer mais ça ne sort pas. Parce qu’ils ne méritent pas mes larmes.

— C'est réussi, père. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Oh ! Tu ne crois pas toi non plus que Sacha serait magnifique en rouge ? Du rouge sang, ajoute Alexandre, son sourire cruel déformant ses traits.

Non ! Je me concentre. Concentre-toi, Sacha. Les nœuds sont presque défaits. Juste un peu plus...

— Ne la touche pas ! s'écrie Mael, sa voix brisée par l'angoisse.

— Mais je ne lui veux pas de mal. Je l'aime. Je t'aime toi aussi, Mael. Je vais vous montrer à quel point je vous aime ! Morts, vous ne m'abandonnerez plus jamais.

Je le crois. Le fait qu’il nous aime. Mais pas d’un amour pur, d’un amour meurtrier, tordu par une folie que je ne comprends pas. Je devrai le haïr, être dégouté et je ne sais quoi mais en réalité, je suis juste peinée. Alexandre ou quel que soit son nom, cet homme me fait de la peine. Parce qu’il a été brisé et abandonné. Parce qu’il a été laissé pour mort et on l’a contraint à rester caché, à changer son identité. Je suis désolée pour lui. Aucun enfant ne mérite de grandir ainsi.

Lex replace son arme sur ma tempe. Le métal froid contre ma peau me fait frissonner.

— Non... je chuchote, ma voix presque inaudible.

— Non ! Hurle Mael, sa rage éclatant soudainement.

Il s’élance sur mon bourreau si rapidement qu’il parvient à le faire tomber. S’ensuit un enchaînement de coups de pieds et de poings. Mael saigne, mais Lex aussi. Leur père reste planté là, figé, comme une statue de marbre.

L’arme de Lex valse dans les airs. Il sort alors un poignard. Quand Alexandre tente de poignarder Mael, j’arrive à me détacher. Mon cœur bat la chamade alors que je m’élance vers le pistolet. Je fais comme Mael me l’a appris. Je ne pensais pas que cela allait me servir. Je plante mes pieds sur le sol, lève l’arme, respire profondément. Ne vise pas Mael. Et… TIRE.

Je tire. La balle vole dans les airs et un hurlement s’ensuit. J’ai réussi ! C’est sur Alexandre que la balle s’est plantée. Je suis terriblement désolée...

— Oh mon Dieu ! Je m’écroule sur le sol, mes jambes ne me soutenant plus.

Mael se redresse et court vers moi, son visage marqué par l'inquiétude et l'épuisement. Théodore court vers son vrai fils, son fils de sang. Lex se vide considérablement de son sang à une vitesse alarmante. J'ai probablement tué un homme, mais étonnamment, je m'en fiche.

— Il ne respire plus ! Vous l’avez tué ! hurle Théodore Clarke, son cri perçant l'air.

Mael me prend dans ses bras. Tout s’est passé si rapidement, un tourbillon de violence et de désespoir.

— Ce n’est pas elle. Mais toi. C’est toi qui l’as tué. Il y a des années déjà, son âme était brisée, déclare Mael, sa voix tremblante de colère et de tristesse.

Moi aussi, quelque chose vient de se briser en moi...

Le chef de gang se jette alors au sol, là où repose le pistolet qui a tué son fils. Je vois d'ici ses mains trembler. Il le tend vers nous, ses yeux brûlant de haine. Il est prêt à nous tirer dessus. C'est donc comme ça que ça va se terminer.

Je compte les secondes avant la fin, les bras de mon amant enroulés fortement autour de moi.

1... 2... 3... 4... 5... 6...

BANG.

Puis le néant.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant