Chapitre 10

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PDV Mael.

J’essaie de faire partir la rousse collante à côté de moi, sans succès.

— Tu as un petit air de bad boy, franchement sexy. J’aimerais trop qu’on apprenne à se connaître, dans le sens que tu préfères, me dit je ne sais qui d’une voix stridente.

Non, merci. Je passe mon tour. Cela fait bien dix minutes que j’ai arrêté de lui répondre, mais elle ne se lasse pas et parle même toute seule. J’essaie de trouver une solution, en vain. Les jumeaux parlent à des connaissances, et je ne trouve plus Sacha, qui dansait avec Lyam tout à l’heure.

— Alors, mon beau. On va danser ? M’interpelle une autre Barbie. Mais celle-là, elle me fait rire avec ses vestes Louis Vuitton.

D’un sourire et sans m’excuser auprès de l’autre fille, je m’engage sur la piste de danse improvisée avec Tori. Il faut dire que l’appartement des jumeaux est très spacieux, ce qui est pratique.

— Tu m’as sauvé, merci. Criais-je à Tori au dessus du bruit.

— Tu semblais terriblement ennuyé. Rigole-t-elle.

Au loin, Léo secoue sa main en l’air, pour nous faire un signe incompréhensible. Quel imbécile, lui. Mais le voir me fait penser à la demoiselle en face de moi.

— Je t’apprécie bien, Tori. Alors ne va pas blesser les sentiments de deux jeunes hommes innocents.

Elle fit mine d’être outrée.

— Je ne fais rien de ce genre, Mael. Je ne sais pas où je vais, mais j’adore les jumeaux. Chacun d’eux différemment.

— Alors, sois franche avec eux. Ils t’aiment beaucoup.

— Je ne sais pas. Je me sens proche de Léo, on se comprend, lui et moi. Quant à Lyam... je devrais plutôt en parler avec ma meilleure amie, pas toi ! S’insurgea-t-elle d’un coup, si bien que je recule d’un pas.

— Calmos, Barbie.

Elle soupire, mais continue.

— Je veux expérimenter la vie, ce que mon père ne m’autorisera jamais. Je veux vivre, sans qu’on ne me dise ce qui est bien ou mal. Je veux être libre de faire ce que je veux, quand je veux. Je veux pouvoir être qui je suis sans qu’on me juge selon ma classe sociale. Pourtant, je me sens comme une imposture dans mon propre corps. Je vis grâce à mon père, je lui dois tout... mais j’aspire à plus que ça... C'est égoïste, Mael ?

Je ne dis rien, trouvant écho en elle. Je ne pensais pas que nous serions si similaires. Je veux être libre, sans supérieure. Je veux être l’égale de mes proches. Je veux enfin me sentir moi-même et non comme une actrice qui joue le rôle de quelqu’un que je ne suis pas.

— Ce n’est pas égoïste, non, Tori. Barbie peut être qui elle veut être, lui répondis-je simplement en lui lançant un clin d’œil.

— C’est ça, oui. Barbie, c’est moi et je peux être qui elle veut, murmura-t-elle pour elle-même. Merci, Mael. Ah ! Et au fait ! Sacha est à l’étage si je comprends bien les signes bizarres de Léo, m’informe-t-elle soudainement.

À ces informations, je la quitte sans tarder pour aller à l’étage. Je la cherchais sans succès tout à l’heure. Et je dois avouer que la voir danser avec d’autres hommes que moi, m’a rendu jaloux. Non possessif. Comme un amoureux transi. C'est mauvais signe. Pourtant, et quel idiot je suis, je n’ai pas pu me résoudre à l’arracher de ses partenaires. Contradictoire quand on me voit, maintenant, presque courir vers elle. Cependant, je ne sais plus sur quel pied danser quand je pense à elle. À savoir, tout le temps depuis que je l’ai revue dans le parking de l’université. Si belle et si vaillante, ses cheveux bouclés retombant sur ses épaules.

J’ouvre sans hésitation la porte allant à ma chambre. Léo est un imbécile, mais pas tant que ça, alors il l’a forcément mis dans mon cocon depuis mon arrivé. Jackpot, je vois la belle au boit dormant allongée en dessous de mes draps. Cette vision me renda fébrile. Elle est dans mon repère. Ma personne, dans mon repère. Je ne devrais pas penser ainsi. Mais lorsque je vois ma petite chevalière étendue dans mon lit, je ne peux m’empêcher de la désirer encore plus fort. Fait chier.

Instinctivement, je sors mon téléphone et la prends en photo. Ça, c'est pour moi. Rien que pour moi.

Ne pensant plus à la fête qui a lieu en bas, je m’allonge avec Sacha. Celle-ci marmonne quelque chose d’incompréhensible qui me fait sourire et se plaque contre moi, cherchant la chaleur. J’agrippe son petit corps en l’entourant de mes bras. Ses seins sont plaqués contre mon torse. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir des pensées lubriques à son égard, mais je les garde pour moi. Ce sera pour une autre fois.

— Hmmm... Mael, c'est toi ?  demande cette petite voix ensommeillée.

—  Oui... Ce n'est que moi. Tu peux te rendormir, petite chevalière. Tu as sauvé le beau prince du méchant dragon. Maintenant, il est temps de se reposer.

Elle marmonne encore quelque chose et s’accroche encore plus à moi. Et j’en fais de même. Ici, nous sommes plongés dans une bulle protectrice dans laquelle il n’existe que nous deux.

— Ça fait si longtemps que je t’attendais... Tu m’avais promis, ne m’abandonne plus. Je t’aime tellement, je vais te protéger et ne te lâcherai plus...

Mon cœur rate un battement. Je t’aime tellement. Sa voix est triste. À ses paroles, j’ai l’impression qu’elle se souvient de moi, de notre passé. Mais elle rêve, elle ne saura plus demain les paroles qu’elle a prononcées. Ni celle que je prononcerai.

Je me souviens, comme si c’était hier, de la promesse que je lui ai faite, et de toutes les autres aussi. Et chacune d’elles, j’étais trop jeune pour pouvoir les tenir. Et peut-être que je suis un idiot. Que je décevrais celui qui m’a élevé sous le nom de fils. Mais à cet instant, je la veux elle. Je veux son bonheur. Je veux être son bonheur, qui me comblera à mon tour. Ma paix, ma liberté.

— Je tiendrai toutes nos promesses, ma petite chevalière. C’est un nouveau serment, de cœur à cœur, d’âme à âme.

J’embrasse le sommet de son crâne et niche ma tête dans sa nuque. Avec l’impression d’être enfin chez soi.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant