Chapitre 29

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PDV Mael.

Quand je me réveille, je tâtonne l’espace à mes côtés pensant y trouver Sacha. Elle n’y est pas. Sa plac est froide, et une vague de panique me submerge immédiatement. Mon cœur bat à tout rompre alors que je me redresse, mes yeux fouillant la pénombre de la chambre. Elle était là, contre moi, il y a encore un instant. Où est-elle passée ? Je rêve ou elle a vraiment fait le walk of shame !?

Je me lève d’un bond, en alerte. Une part de moi sait qu'elle n’est pas loin, mais l’autre est une peur viscérale de la perdre. Alors je ne peut pas s’empêcher de s’affoler. Je traverse le couloir, tous mes sens en éveil, écoutant le moindre bruit. J’entends quelque chose que je ne distingue pas bien, un murmure étouffé, un sanglot peut-être. Mon cœur se serre.

Quand je la trouve enfin, je sens mon estomac se nouer. Sacha est debout au milieu de la salle d’armes, sa silhouette tremblante à la lueur de la lune filtrant à travers les volets. Elle s’élance vers moi et sans que je ne puisse rien faire, elle pose un pistolet contre ma tempe. Heureusement, elle n’a pas enlevé la sécurité. Ses mains tremblent si fort. Elle est en larmes, et ses yeux sont égarés dans une brume sombre. Elle est perdue dans un cauchemar dont elle ne parvient pas à se réveiller.

— Sacha. Je murmure doucement, les mains levées en signe de paix, comme si j'approchais un animal blessé. Hé, ma petite chevalière, c’est moi. Tu n’es pas là-bas, d’accord ? Tu es ici, avec moi.

Elle ne me regarde pas, ses yeux sont fixés sur un point invisible, comme si elle voyait à travers moi.

— Lex...  Sa voix est brisée, un souffle rauque. Je l’ai tué... Je l’ai tué et… je suis un monstre...

Non, tu n’es pas un monstre. Si ce n’était pas lui, ce serait moi ou toi... Je dis, tentant de garder ma voix aussi calme que possible, même si l’idée de la voir ainsi me ronge de l’intérieur. C’est fini, tu es en sécurité maintenant.

Mes yeux ne quittent pas les siens, essayant de l’atteindre à travers le voile de terreur qui obscurcit son regard.

— Donne-moi le pistolet, Sacha. Laisse-moi t’aider.

Sa respiration est saccadée, irrégulière. Puis, soudainement, elle cligne des yeux, comme si elle revenait à la réalité. Elle me regarde, pour de vrai cette fois.

— Mael…

— Oui, c’est moi. Je suis là.

Je saisis délicatement le pistolet de ses mains tremblantes et le pose sur une étagère. Elle me laisse faire, sa respiration s’apaisant lentement.

— Ça va aller.  je murmure en l’attirant contre moi.

Je la tiens fermement, mes bras autour de ses épaules fragiles, essayant de la ramener avec moi. Je l'emmène doucement hors de la salle d'armes et la conduis jusqu'à ma chambre, la maintenant tout contre moi, son corps encore tremblant. Je la place entre mes jambes, son dos contre mon torse, mes mains caressant lentement ses cheveux pour l’apaiser.

— Parle-moi. Dit-elle après un moment. Dis-moi quelque chose pour que j’arrête de penser à ça.

Je prends une profonde inspiration. Je ne parle pas souvent de ça. Je n'aime pas me rappeler. Mais pour elle, je veux bien faire un effort.

— Ma mère... Je commence doucement, le cœur lourd.  Ma mère adoptive. Elle m’a élevé comme si j’étais son fils. Elle a tout fait pour moi. Elle avait cette vieille voiture bleue, une vraie antiquité. Elle l’adorait. Elle devait venir me chercher à l’école... Elle n’est jamais venue.

Je m'arrête, ravalant la douleur qui menace de me submerger.

— Quand je suis rentrée chez moi, tous les adultes avaient une mine grave. Je ne comprenais. Une bombe, placée là par je ne sais quel ennemi de la famille. Je l’ai perdue ce jour-là. Depuis, j’ai arrêté de conduire. Je ne peux pas. Je prends des motos. J'ai toujours l'impression qu'une voiture est une tombe roulante.

Elle tourne légèrement la tête pour me regarder, ses yeux encore rouges.

— C’est pour ça que tu ne conduis que des motos ? Murmure-t-elle.

Je hoche la tête, un sourire amer aux lèvres.

— Je suis désolée...

Je ne dis rien pendant un moment.

— Et... Tu es un gangster alors pourquoi tu n'as pas de tatouage ? Ce n’est pas obligatoire chez vous ?

Je ricane doucement.

— Ouais, pas de tatouages. Parce que, tu vois, j’ai peur des aiguilles. Ridicule, hein ?

Un léger sourire étire ses lèvres, malgré les larmes encore fraîches.

— Le grand Mael, effrayé par des aiguilles. Qui aurait cru.

Je ris doucement. 

— On a tous nos faiblesses, ma petite chevalière.

Elle se blottit contre moi, et je continue à caresser ses cheveux.

— Je suis désolée. Dit-elle soudainement d’une voix presque inaudible.  Pour tout. Je me suis mal comportée ces derniers jours.

Je secoue la tête.

— Non, Sacha. Tu n’as pas à être désolée. Tu fais de ton mieux pour luter. C’est moi qui suis désolé...

Elle ferme les yeux, ses mains serrant les miennes.

— Peut-être que... peut-être que je pourrais essayer de te pardonner. Peut-être même me pardonner moi-même.

Je sens un poids se lever de ma poitrine, une chaleur douce m'envahir.

— C’est tout ce que je veux, Sacha. Que tu sois bien. Que tu sois heureuse, même si ça veut dire que je dois prendre des balles pour toi.

Elle tourne la tête vers moi, ses yeux brillant d'une émotion que je reconnais bien trop.

— C’est un début. Murmure-t-elle. Mais je ne veux pas que tu meurs pour moi. Personne, tu as compris.

Je ne reponds rien. Je ne peux pas lui faire ce genre de promesse parce que je ne suis pas sûre de pouvoir la tenir. C'est une guerre envers les Hernandez. Et les Hernandez veulent Sacha. Il en est hors de question.

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