Chapitre 18

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PDV Sacha.

Il ne m’a pas répondu. Je lui ai avoué mes sentiments pour lui et il n’a pas pu me répondre. "Quand ce sera le bon moment". Et justement, quand ? Je soupire pour la énième fois, n’arrivant pas à réviser pour mes partiels. Ce n’est même pas important qu’il me le dise en réalité. Son comportement parle pour lui. Je veux dire, il est toujours près de moi, s’inquiétant pour moi. Il est tactile, très, trop. Il ne peut s’empêcher de m’embrasser partout, de m’enlacer dès qu’il le peut. Et notre première fois était superbe. Je ne pensais pas qu’il était un gros nounours comme ça, mais ça me va. J’aime ça, mais là… J’arrive pas à me concentrer.

— Mael, arrête de me toucher la joue comme ça, tu me gênes.

Mael a la joue posée sur sa pomme de main et s’amuse à me toucher la mienne de son doigt. Ce qui est mignon et amusant une fois ne l’est plus au bout de dix fois.

— Je m’ennuie… râle-t-il.

Je roule des yeux. Mais quel enfant ! On ne dirait pas quand on le rencontre, mais il peut se comporter de manière enfantine parfois. À première vue, il fait peur. Il est froid et direct. Maintenant, il est... doux et.... chiant. Ce n’est pas un défaut, au contraire, cela le rend plus humain, plus réel. Je m’attendris au lieu de réviser. Sors de ma tête, Mael Clarke ! Il faut que je m’en aille. Je me lève d’un bond. Il m’imite la seconde suivante.

— Où vas-tu ?

— À la bibliothèque.

— Je t’accompagne.

— Ah ça non, Mael. J’ai besoin d’un peu de calme, mes partiels sont dans une semaine !

— Justement, tu as le temps !

— En primaire, oui. Accorde-moi jusqu’à 19h. Tu me déposes et viens me récupérer, ça te va comme ça ?

Il marmonne quelque chose d’inaudible, soupire, mais finit par accepter. De toute façon, il n’a pas le choix. C’est ainsi que je pars étudier au calme.

Je quitte Mael, sur le parking et m’engouffre dans les couloirs qui mènent à la bibliothèque. Sur mon chemin, je croise Lex avec la même fille que celle qui était en boîte. Il me remarque et son expression se crispe. Il est gêné alors qu’il drague ? C’est mignon. Je lui lève le poing en signe d’encouragement et m’en vais pour réellement réviser. Mon année en dépend.

J’étudie bien quatre heures. Il va être 18h30 et je suis épuisée. J’ai terminé en avance. Mael ne doit pas encore être arrivé. Je décide donc de ranger doucement mes affaires avant de sortir.

— Merde, il pleut... marmonnais-je.

Je n’ai pas de parapluie.
Le campus universitaire est grand, il me faut bien dix minutes pour aller jusqu’au lieu où j’ai quitté Mael il y a quelques heures. Je positionne mon sac au-dessus de ma tête afin de me protéger de la pluie et me mets à courir.

J’entends soudain un bruit de moteur. Je me retourne vers la source du bruit.

— C'est quoi ça ? Bordel ! M’exclamai-je.

Une voiture noire se trouve derrière moi, ses feux m’éblouissant. Le moteur grondant toujours mêlé au son des gouttes tombant sur le bitume est inquiétant. Voir terrifiant. Et cela le fut d’autant plus lorsque je remarquais que quand je reculais, la voiture avançait. Encore et encore. Prise de panique, je me mis à courir plus vite, l’engin toujours derrière moi. Dieu, faites que Mael arrive rapidement, je ne veux pas mourir ici.

Je cours. Je cours à en perdre haleine. Je cours plus vite, entendant toujours le grondement, le rugissement du moteur.
Je vois une silhouette courir devant moi, mais je suis prise d’un vertige.

Mon cœur battait à tout rompre. Je courais aussi vite que je pouvais dans la rue. Derrière moi, la voiture criait, sa lumière était la seule source qui transperçait l’obscurité. C’est la première fois que je veux autant être dans le noir. J’ai peur… Papa, Maman ! Au secours ! Je dois m’échapper… Je ne peux pas mourir à juste 6 ans !

Je jetai un coup d'œil en arrière et vis le monstre de métal se rapprocher. Je dois aller plus vite. Mes larmes coulaient sur mes joues rougies par l'effort. Prends ça comme un jeu, tu es la plus grande chevalière du monde et ton cheval est le plus puissant. Je tentai de me donner de la force alors que j’essayais d’échapper à mon poursuivant. J’aperçus ma maison, me mis à hurler et quand je me retournai, la voiture n’était plus là. Mais je n’ai pas halluciné.

Je me sentis revenir à moi petit à petit. Je sentis encore une fois les gouttes sur mon visage. Cette fois, mes larmes s’étaient mêlées aux gouttes de pluie. Quelqu’un me secoua délicatement. Je croisai alors le regard mortifié de Mael. Ses cheveux et ses vêtements étaient trempés.

— Sacha ! Tu me fais quoi là ? Crie Mael, plus qu’inquiet.

— Je… Il y avait une voiture qui me poursuivait… Je tente d’expliquer en regardant autour de moi. Plus rien. Comme un rêve. Pourtant c’était réel.

Le regard de Mael se fit de plus en plus sombre et il jura. Il a l’air hors de lui, et moi je suis secouée.
J’essaie de lui montrer que tout va bien, que vais bien, en lui caressant la joue. Il releva brusquement son visage et m’embrassa avec vérocité. Je repondis à son baiser, mêlant ma langue à la sienne dans une valse. Un baiser salé de mes larmes. Un baiser sous la pluie. Un baiser pour cacher la terreur de l’instant. Nous nous lâchons au bout d’un moment.

— On a essayé de me kidnapper ? De me tuer ? Je commençais à réellement paniquer, réalisant la situation.

— D’abord les messages, puis l’animal mort, et maintenant une voiture qui me suit ! C’est quoi le prochain truc ? Il faut que je porte plainte !

Mael commence à s’agiter également.

— Je vais définitivement trouver ce connard qui te prend au jus. Je lui montrerai qu’il s’attaque aux mauvaises personnes.

Ses yeux se sont assombris. À l’instant, il me paraît… dangereux. Je ne m’en formalise pas et suis soulagée de trouver du réconfort dans ses bras. Parce que je ne suis pas encore assez forte pour les atrocités de ce monde. J’ai en fait l’impression que je viens tout juste de me réveiller.

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