Chapitre 5

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PDV Sacha.

La première semaine de cours avec Mael s’est terminé sans accroc... si on omet de dire que c'est un sac à muscle idiot qui n’en a rien à faire des cours. Ce qui n’est pas mon cas, je veux avoir mon année. Mon rêve est de devenir pédopsychologue. J’adore les enfants, ils sont adorables. Et puis je me dis que peut être qu’avec ce type d’études, je pourrais comprendre ce qui ne va pas chez moi. La peur de l’attachement, la peur du bruit, la peur de l’abandon, de la mort. J’en deviens anxieuse et malade, pourtant d’aussi loin que je me souvienne et d’après les histoires de mon papi, on a toujours été heureux, tous les deux, sans aucuns accidents.

J’essaie de chasser mes pensées quand j’entends toquer, signe que mon camarade vient d’arriver pour le devoir. En ouvrant, je suis systématiquement hypnotisée par ses yeux bleus.

— Tu vas continuer à me regarder comme ça ou tu vas me laisser entrer, petite perverse ?  Me demande Mael, un sourire en coin et le regard rieur.

Je me sentis rougir et me décala pour le laisser passer.

— Mais pas du tout. C'est toi le pervers.

Il ricane et j’ai l’impression d’être une idiote. Je repense à ces gamins de primaire qui disent "c'est celui qui le dit qui l’est". J’observe Mael qui épie mon appartement.
Il n’est pas immense mais contient le nécessaire : une cuisine qui a vu sur le salon. J’ai une petite terrasse, une salle de bain, des toilettes, et une chambre. Ma décoration est sobre avec de nombreuses photos de moi, mon papi et Tori. J’aime mon petit coquon d’indépendance.

— Tu veux boire quelque chose ?

— Un whisky, tu as ?

Je roule des yeux, ben voyons.

— Pas d’alcool. Je ne bois pas.

— Pourquoi ça ? Tu n’aimes pas faire la fête ?

— Eh ! Je ne suis pas coincée ! Je ne bois pas parce que j’ai l’alcool triste. Dès que je bois ne serait-ce qu’un verre, je me mets à pleurer. Et franchement, me voir la morve au nez, ce n’est vraiment pas sexy.

Il se fige et m’étudie un instant avant de reprendre :

— Morve ou pas, j’ai du mal à voir ton côté sexy.

Sans me vexer par ses remarques désobligeantes, je réponds tout en lui versant un verre d’eau :

— Tu ne m’as pas encore vue dans ma petite robe noire et ma petite lingerie.

— Pas encore ? répète-t-il en s’approchant tout près de moi tandis que je recule.

Ça recommence… et arrête-toi, foutu cœur. Mael finit par m’entourer de ses bras et je me retrouve coincée entre lui et le plan de travail.

— Recule... murmurais-je.

— Qu’est-ce que tu as dit Sacha ? Je n’ai pas bien entendu, me demande-t-il en s’approchant de mon oreille.

Il est si près, je sens son souffle sur moi et j’en frémis. Merde, stop ! stop ! stop !

Ses yeux bleus louchent sur ma bouche et je croirais presque qu’il est sur le point de m’embrasser. Et je crois que je le laisserai faire.

D’un soupire satisfait, mon bourreau se recule de moi et met ses mains dans les poches de son jean.

— Bon. On s’y met ?

•🔫•

Par je ne sais quel coup du destin, quelques heures après que nous ayons terminé le devoir, je retrouve Tori, Léo et Lyam dans mon appartement avec des boîtes de Chick-fil-A sur ma table à manger.

Tori et Léo rigolent ensemble tandis que Lyam les regarde étrangement. Mon instinct féminin me dit que ça va être le début d’un compliqué triangle amoureux.

Je soupire lourdement en me massant les tempes.

— Qu’est-ce qu’il y a ? M’interroge Mael.

— Rien... j’ai juste peur de devoir ramasser ma meilleure amie à la petite cuillère et prendre 5kg à cause de la glace.

— De quoi parles-tu ? Et quelle glace ?

Je lui montre d’un air insistant le petit trio dans la cuisine.

— Oh ça. Je mise sur Lyam.

— Ce n’est pas bien de parier sur l’avenir de mon amie ?

— Et qu’est-ce que ça risque, dis-moi, de faire un petit pari qui ne vaut rien ?

Je ne lui répond pas et réfléchi.

— OK. Alors je mise sur Léo, il a l’air beaucoup plus proche.

— Je t’assure que Léo ne sera qu’un très bon ami.

— Mais oui, c'est ce qu’on va voir.

Nous nous défions du regard sans nous lâcher. Mon palpitant se remet immédiatement à faire des siennes. Et ça me fout en rogne de ne pas savoir ce qu’il en est de lui. Il est impossible à lire avec son expression suffisante qui le suit sans arrêt.

— Faisons une partie de Mario Kart ! Sautille Tori en me prenant par la main vers mon canapé.

— Génial ! Je vais vous éclater les losers ! S’exclame Léo tout excité.

Liam, beaucoup plus calme, prend la manette et fait un « L » à son jumeau.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que je jouais tous mes vendredis soirs avec mon grand-père quand j’étais enfant. Alors le loser, ce ne sera certainement pas moi.

— Tu as peur de perdre ? Me chuchote Mael d’un air si sensuel que j’en frissonne.

Je le repousse et répond en rigolant :

— Loser !

•🔫•

— Léo ! Espèce d’imbécile ! Ce n'est pas parce que tu es dégoutée d’avoir perdu contre moi que tu dois saccager mon appartement ! Criais-je sur le quaterback qui vient de faire tomber une boîte entière d’œuf sur mon parquet.

Léo grimace.

— Ça n’a rien à voir ! J’ai trébuché.

— C'est ça oui. Et Lyam, assume les bêtises de ton frère et aide le à nettoyer ! Lui ordonnais-je.

La scène qui se passe devant moi ressemble énormément à une scène de ménage.

— Mais quelle petite cheffe nous avons là ! Rigole Mael accompagné par ma traître de meilleure amie.

Je me fige face à ce surnom qui me semble à la fois familier et inconnu. Un air de nostalgie s’infuse en moi et me fait monter les larmes aux yeux.

Les quatre personnes s’arrêtent et semblent s’inquiéter de mon soudain changement de comportement.

— Qu’y a t-il ma belle ? S’inquiète mon amie.

Je secoue la tête, ne comprenant pas moi-même mon problème.

— Je ne sais pas... Je vais bien, ne vous inquiétez pas... Je vais aux toilettes. N’oubliez pas de nettoyer.

— Oui, cheffe ! S’exclame en cœur les jumeaux.

Je mets mon téléphone à charger et m’élance vers les toilettes, le regard insistant de Mael me brûle le dos.

Mais qu’est-ce que j’ai, bon sang !?





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