Chapitre 31

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PDV Mael.

L’enterrement de Léo est un cauchemar éveillé. Un moment où le monde entier semble s’être effondré sur lui-même. Le ciel est couvert, lourd et gris, comme s’il portait lui aussi le poids de notre chagrin. La pluie fine qui tombe ne fait qu’accentuer l’atmosphère morne. On dit que la pluie nettoie tout, qu’elle purifie, mais aujourd’hui, elle ne fait que rendre l’air plus suffocant, le moment plus insupportable encore, irrespirable.

Tori est effondrée, ses mains tremblent alors qu'elle serre contre elle une enveloppe. Elle n’a pas pu lui parler une dernière fois. Elle murmure des mots inaudibles, ses yeux sont rouges et gonflés de larmes qu'elle n'arrive plus à contenir. Elle s'accroche à Lyam, qui est à peine plus stable qu’elle. Son visage est fermé, presque impassible, mais je le connais trop bien. Il est en morceaux à l’intérieur. Perdre Léo, c’est perdre une part de lui-même. Son frère jumeau. Son sang.

À quelques pas de là, Kelvin, l’ami footballeur de Léo, se tient immobile. Son regard est vide, perdu, comme s’il refusait de croire à cette réalité. Il serre les dents, ses mains se crispant en poings fermés. Il n’a pas prononcé un mot depuis le début de la cérémonie, mais sa présence parle pour lui. Ils étaient proches, bien plus que je ne l’aurais imaginé. Plus que nous le pensons, plus que nous le saurons jamais.

Les jumeaux ont perdu leurs parents très jeunes, alors seuls leurs amis proches sont présents pour lui. Mais ce sont des personnes qui tenaient réellement au rouqin.

Nous renvoyons rapidement Tori à Stanford. Elle doit être en sécurité, loin de cette merde. Lyam est le premier à l’approuver.

— Elle n’a pas besoin de subir cette vengeance. Dit-il d'une voix rauque, les yeux rivés sur le cercueil de Léo. Nous devons la protéger. Elle mérite d’être loin de tout ça.

Une fois que Tori est partie, le silence est lourd dans le manoir. Lyam, Sacha, moi et quelques hommes nous enfermons dans mon bureau. Lyam tourne en rond, incapable de rester en place. Il est en colère et son désir de vengeance encore plus fort.

— On va les anéantir, Mael. Dit-il, sa voix tremblant d’une colère à peine contenue. Les Hernandez… ils vont regretter d’avoir respiré le même air que nous.

Je le regarde, les yeux sombres.

— On ne peut pas agir impulsivement, Lyam. On doit être précis. On ne peut pas se permettre d’autres pertes. Mon ton est glacial mais ferme. Je ne peux pas laisser la rage dicter nos actions, même si chaque fibre de mon être veut leur rendre la monnaie de leur pièce.

Nous parlons stratégie, un plan d’attaque contre les Hernandez.

— La vengeance est la raison. Je dis, pensif. L’homme est cruel, alors pour cette fois, soyons encore plus cruels. Mais n’oublions pas notre âme pour toutes les personnes qui restent à nos côtés.

Lyam m'écoute, puis hoche la tête lentement.

— Je ne veux que leur peau, Mael. Je ne veux en vouloir à personne d’autre que ces fils de pute de Hernandez.

Je sens la brûlure de la rage dans mes veines.

— Ils veulent détruire tout ce qui est en lien avec les O'Connell et les Clarke par extension. Ils ont déjà perdu leur fils, et maintenant, ils veulent faire tomber tout le monde. Ils veulent la guerre.

Il frappe le bureau d'un coup de poing.

— Alors donnons-leur la guerre, Mael. Et qu’ils regrettent d’avoir cru pouvoir s’en prendre à nous.

Le silence revient, seulement troublé par le bruit de la pluie battante contre les fenêtres. La tempête gronde dehors. Plus rien ne sera comme avant. Léo est parti, et avec lui, une partie de notre cœur. Mais ce qu'il nous reste, c’est cette rage. Nous ferons ce qu’il faut pour honorer sa mémoire.

Lyam serre la mâchoire, sa détermination brûlant dans ses yeux.

—Pour Léo. Murmure-t-il.

Je hoche la tête, les muscles de ma mâchoire tendus à l’extrême.

— Pour Léo.

Leur sort est scellé. Nous ne reculerons pas. Jamais.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant