Chapitre 14

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PDV Sacha.

Je n’ai pas le moral. J’aimerais dire que ça va, mais après ce que je viens de retrouver chez moi, tout le monde sait que c’est faux. Qui est assez taré pour envoyer un chat mort dans mon appartement ? Et qui ressemble à ce chat, Miaousse, dont j’avais oublié l’existence jusqu’à ce jour. En tout cas, je n’ai plus le courage de retourner chez moi. Je veux être courageux, mais là je n’en ai pas la force. Alors je reste chez mon grand-père. Depuis une semaine, Lex et Tori tentent de me faire rire, Mael, Lyam et Léo m’emmènent et me ramènent de l’université. Leur compagnie me fait du bien. Pourtant, aujourd'hui, ce n’est pas suffisant... Je broie du noir. Ce n’est pas normal.

— Je ne te ramène pas tout de suite, cheffe. M’indique Léo, qui devait me ramener aujourd'hui.

Je hausse un sourcil interrogateur.

— Ben, on va où, alors ?

— Mael m’a fait une demande particulière : toujours écouter les ordres du patron !

Je croise les bras, indignée.

— Je croyais que c’était moi, la patronne ?

Il semble réfléchir un instant, puis répond en souriant.

— En tant que femme du boss, tu es ma cheffe aussi. Mais du coup... au niveau hiérarchique, tu es en dessous. Déso' Sacha.

Je manque de m’étouffer.

— Comment ça, la femme du chef ? Et en quoi je ne pourrais pas être plus haut que lui ? Il pourrait très bien être le mec de la cheffe ?

Tout son visage s’illumine.

— Je ne comprends pas comment ton cerveau fonctionne, mais j'aime ça, cheffe du boss !

Après quelques minutes de route, nous sommes enfin arrivés à destination. Léo me pousse vers un bâtiment dans lequel je retrouve Mael, qui discute avec un homme d’âge mûr. Où suis-je ? J’observe la pièce et remarque des fusils, des pistolets en tout genre. Mais où est-ce qu’ils m’ont emmenée ? Léo me fait un petit signe de la main et me souhaite bon courage avant de partir.

Soudain, Mael semble avoir remarqué ma présence, car il s’avance vers moi.

— Prête ? me demande-t-il.

Je fronce les sourcils.

— Prête à quoi ?

Un grand sourire se dessine sur son visage.

— À apprendre à se défendre, beauté.

Beauté ? Se défendre ?

— Tu es dans un stand de tir. M’informe-t-il.

— Mais tu as pété les plombs.

Face à mon air ahuri, il se fait tout de suite plus sérieux. Ce qui fait d’ailleurs flipper.

— On est aux États-Unis, Sacha. Et avec tout ce qui rôde autour de toi en ce moment, il vaudrait mieux que tu saches utiliser une arme.

J’en frémis. C’est vrai que, vu la situation, c’est compréhensible. Mais quand même… Ça me met mal à l’aise d’avoir une arme à feu, bien que ce soit légal dans mon pays.
Je me claque les joues et j’accepte la demande de Mael. Ça le rassurera, et moi aussi. Un petit peu.

Il m’entraîne en piste et m’équipe. Je mets alors des lunettes de protection et un casque pour réduire le bruit des détonations. Pas envie de devenir sourde.

— Alors, ça y est, prête ?

Pour toute réponse, je lui envoie une moue sceptique qui le fait rire.

— Et au pire, Sacha, ça te détendra un peu. Tu es beaucoup trop tendue.

Il se place derrière moi, si près que je sens son souffle sur ma nuque et je frissonne. Je suis sûre qu’il a vu la chair de poule sur ma peau. Il baisse mes épaules et me caresse délicatement la main. Instinctivement, son geste fait remonter ma main qui tient l’arme à feu devant moi. Pourquoi tenir une arme mortelle avec lui est si sexy ? Je déglutis.

— C'est bien. Mets tes pieds joints, en alignement avec tes épaules. Tiens bien le pistolet devant toi, vise avec ton œil droit. Oui, voilà, comme ça. Tu te débrouilles bien. Me complimente Mael, d’une voix douce et je ne sais pas s’il le fait exprès, sensuelle.

Puis, lorsqu’il l’indique, je tire sur la cible. J’ai un mouvement de recul quand la détonation retentit, si bien que je me plaque contre le torse imposant de Mael qui me tient fermement contre lui.
Je tourne la tête dans sa direction et je me mets immédiatement à rougir. Cet homme aura ma peau. Il y a des flammes dans son regard. C’est… c’est intense.

— Je ne donne pas cher de ta peau, Sacha, me dit-il d’un air grave.
Mon cœur rate un battement. Quoi ?

— Je suis nulle, c’est ça ? Je vais me faire tuer ? paniquais-je.

Il replace une mèche rebelle qui s'est échappée de ma queue-de-cheval et me murmure à l'oreille.

— Je finirai par te manger toute crue. Mais moi non plus, je ne donne pas de ma chair... Car tu es en train de me tuer à petit feu...

Mon souffle devient saccadé et mon cœur devient erratique.

— Et ça fait mal. Termine-t-il avec un rictus douloureux.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce qu’il raconte. Mais je me rends vite compte que ses mots sont lourds de sens quand je sens une bosse sur mon bas-ventre. Une chaleur naît dans mon bas-ventre.

— Mael, tu...

— Ouais. C’est l’effet que tu me fais, petite chevalière. Maintenant, j’ai bien besoin d’une douche glaciale.

Il ébouriffe ses cheveux d’un geste de la main et s’éloigne de moi. Cette séparation crée un vide en moi. La chaleur disparaît.
Avant qu’il ne disparaisse de ma vue, je lui dis, confiante :

— Tu n’es pas seul, Mael. Je veux dire, moi aussi.

Il se retourne vers moi et écarquille les yeux. L’étonnement, le désir, puis l’amusement passent dans son regard.

— De quoi parles-tu, Sacha ?

— Enfin, tu sais quoi ! Je bafouille.

Merde ! Ça sonnait mieux dans ma tête…

— Tu es une perverse, en fait. Finit-il en partant définitivement de la pièce, me laissant seule face à une Sacha morte de honte.

Non. Je n’ai pas à être morte de honte. Ce sont des sentiments tout à fait normaux. Et puis, c’est qui le pervers alors qu’il bande comme un chien en rut ? Non. Horrible comparaison. C’est glauque. Je retire !

Alors que cette activité m’a permis d’oublier les événements de la semaine passée, la réalité me revient en pleine figure lorsque je reçois une nouvelle notification.

    De : numéro inconnu
    À : Sacha O’Connell
« As-tu aimé mon petit cadeau ? Miaousse lui ressemblait, pas vrai ? »

Mon cœur tombe de plusieurs étages à ce moment précis. Je trouvais les messages bizarres, mais dire que la boîte vient de lui, c’est terrifiant. Suis-je réellement en danger ? Je vais devoir porter plainte, ça ne va pas.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant