Chapitre 35

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PDV Mael.

— T’es là depuis combien de temps ?

Lyam sursaute à ma voix et se tourne légèrement. Il est assis sur la pierre tombale de Léo, une bouteille à moitié vide pendante à sa main. Son visage est creusé par la fatigue et le chagrin.

— Pas assez. Répond-il d'une voix rauque. Je voulais juste… passer un peu de temps avec lui.

Je hoche la tête en m’approchant doucement.

— Je comprends.

Mes yeux se posent sur le nom gravé dans la pierre. Léo Barthélémy. Une rage sourde monte en moi, mais je la refoule. Ce n’est pas le moment de craquer.

— Tu crois qu’il nous en veut ? Demande Lyam, les yeux rivés sur le sol. On n’a pas réussi à le protéger.

Je secoue la tête, luttant contre l’émotion qui m’étreint la gorge.

— Non, je ne pense pas. Léo savait dans quoi il s’embarquait, et il nous aimait.

Lyam rit amèrement.

— Pourtant, il est là, sous terre, alors qu’il devrait être avec nous.

Je sais ce qu’il pense. Il pense que ça aurait dû être lui comme toute les fois où je pensais que ça aurait dû être moi.

Je m’assieds à côté de lui, et on reste là, en silence.
Après un moment, je pose une main sur l’épaule de Lyam.

— Je vais te laisser un peu avec lui. J’ai besoin de voir quelqu’un d’autre.

Lyam hoche la tête sans dire un mot, ses yeux sont toujours rivés sur la pierre tombale. Je me lève et m’éloigne avec mon cœur lourd. J’avance dans le cimetière jusqu’à trouver la tombe de Théodore Clarke. Ce n’était pas un homme bon. Il m’a enchaîné mais... C’est aussi l’homme qui m’a sauvé en m’emmenant avec lui.

Je m’agenouille devant la pierre froide.

— Salut, Papa. Ma voix tremble, et je déteste ça. Tu m’as laissé dans une sacrée merde. Je laisse échapper un rire amer, en fixant le ciel couvert. Sacha parle de ses parents parfois. Juste quelques bribes de souvenirs qu’elle a. Elle dit qu’ils étaient aimants, qu’ils prenaient soin d’elle.

Je m’arrête un instant, ma gorge se serrant.

— J’aimerais qu’ils soient là, pour lui dire à quel point elle est devenue forte. Ils seraient fier d’elle. Tu les connaissais bien alors tu dois le savoir, non ?

Je reste là, à laisser mes pensées s'évader, jusqu'à ce que je sente une présence derrière moi. Je me retourne et vois Sacha qui s'approche doucement. Elle s'assied à côté de moi.

— Tu parlais de moi ?

Je hoche la tête.

— Oui, je pensais à tes parents. Ils auraient été fiers de toi, Sacha. Avec tout ce que tu as traversé, tu es restée forte.

Elle baisse les yeux, les larmes perlant au coin de ses yeux.

— Je ne me souviens pas beaucoup d’eux, tu sais. Juste des petites choses. Mais je sais qu’ils m’aimaient.  Elle me regarde, un sourire triste aux lèvres. J’espère qu’ils auraient été fiers. »

Je passe un bras autour de ses épaules, la rapprochant de moi.

— Je te le garantis.

— Comment tu le sais ?

— C’est lui qui me l’as dit. J’affirme en pointant la tombe de mon père.

Elle pose sa tête contre mon épaule, et on reste là, perdus dans nos pensées. On entend soudain un bruit au loin, un éclat de verre brisé. Je me lève, inquiet, et je vois Lyam, complètement ivre, vacillant près d’une tombe, une autre bouteille à la main.

— Merde, Lyam... Soupiré-je.

Je m’avance rapidement et le rattrape juste avant qu’il ne s’écroule. Il marmonne quelque chose d’incohérent, des larmes coulant librement sur son visage.

— Viens, on rentre. Dis-je doucement en passant un bras sous le sien pour le soutenir. Il peut à peine tenir debout.

Sacha nous suit en silence alors que je l’aide à marcher. Lyam ne dit rien de plus, ses mots noyés dans l’alcool et la tristesse. À cet instant, je comprends que la douleur de perdre un frère est quelque chose qu’aucune vengeance ne peut apaiser, seul le temps pourra aider.

First VowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant