Kairos, Le Moment Opportun

Course-poursuite

Les trières grecques glissent sur les vagues. En seulement 5 jours, Cléo et les Amazones aperçoivent les prémices du Pirée à l'horizon. Malgré cette bonne nouvelle, l'ambiance est encore tendue. En effet, la jeune grecque refuse toujours de sympathiser avec sa mère. Durant le trajet, Agathe a tenté de lui inculquer quelques techniques de combat au corps à corps avec la lance, l'épée et le bouclier. Cela commence à porter ses fruits sur le plan martial mais pas sur celui maternel, drôle de façon de s'y prendre, il faut dire.

- Cléo ! Crie-t-elle. Viens, je dois te montrer quelque chose.

Elle descend dans les niveaux inférieurs, suivit de sa fille, et s'arrête devant un petit coffre en bois.

- Avec ce qu'il s'est passé durant ce laborieux voyage, je me suis dit qu'il valait mieux te confier ceci, ajoute Agathe.

Elle s'abaisse et ouvre lentement la boîte en bois. Quelque chose brille d'une puissance divine à l'intérieur.

Par Apollon, mes yeux ! Songe-t-elle.

- Voici une armure amazonienne. Elle est pour toi.

- Mais... je ne la mérite pas ?

- Tututut, pas envie que tu prennes un aller simple vers les profondeurs par une saleté de spartiate. Essaie-la.

Cléo hésite mais finit rapidement par céder. L'armure est enfilée avec son casque adapté, plus rien ne peut l'arrêter. Elle est à base de cuir au niveau de la jupe et de bronze poli au niveau du plastron. Ce dernier prend la forme des seins, ce qui est confortable surtout quand la poitrine est charnue, comme Cléo. Le casque, aussi en bronze, est de style chalcidicien avec une crinière bleue ciel contrairement au rouge des spartiates. Ce type de casque est moins étouffant mais protège moins bien le visage. Cléo note tout de même la présence d'une protection nasale inhabituelle sur ce type de casque.

- Mère... C'est magnifique.

- Cette armure a été forgée par Héphaïstos. Elle n'est pas indestructible mais te confère une résistance accrue surtout contre les créatures.

- Merci, dit-elle en se jetant dans les bras de sa maman.

Agathe tire un sourire victorieux.

- Retournons sur le pont. Nous sommes sûrement en train d'accoster.

Effectivement, les marins lancent les cordes par-dessus bord pour que les armateurs attachent l'énorme trière au ponton.

Agathe se morfond. Cléo la regarde mais ne comprend pas ce qu'il se passe.

- Ça va, mère ?

Elle ne répond pas et scrute quelque chose sur le port. Ou plutôt quelqu'un. George est planté là. Il a l'air de s'être remis de sa blessure. Une large planche s'abat sur le bord du ponton pour débarquer. Et là, il court.

Décontenancée, Agathe ne bouge pas d'un pouce. George lui fonce dessus et la serre dans ses bras une longe minute. D'abord tendue, L'Amazone se calme et finit par lui rendre la pareille. Des larmes coulent et des murmures d'amour fusent. Ils s'embrassent longuement et posent leur front l'un contre l'autre.

- Eh oh, moi aussi je suis là.

Le père fixe sa fille et lui fait un tendre bisou sur le front.

- Tout s'est bien passé ? S'inquiète-t-il.

- La preuve que oui, répond Cléo en écartant des mains pour montrer le bateau et les Amazones. Elle arbore un sourire maladroit et un peu menteur que son père remarque sur le champ.

- Vu les coups et trous dans la coque, j'en suis pas si certain.

Il s'arrête sur sa femme qui n'a pu s'arrêter de verser des larmes.