La peur

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Cléo en a bien assez vu. Elle s'était cachée dans la troisième rangée. Cela ne faisait pas partie de sa mission d'infiltration mais elle n'a pas pu s'empêcher de regarder.

Il l'a achevé de sang froid.

Elle enlève délicatement son déguisement de servante et le pose sur une chaise.

Il était impressionnant. Fort et agile : un très bon combattant. Quand ils ont scandé son nom... Ça le rend encore plus sexy qu'il ne l'est déjà. Non mais, Cléo ! Arrête.
Mais je dois dire qu'il m'a fait peur un peu. Il semblait être ailleurs.

De toute façon, je dois arrêter de penser à lui ! C'est mon ennemi après tout !

Les pensées lui échappent lorsque les gardes viennent la chercher pour son audition devant les stratèges. Ils la conduisent dans un couloir luxueux dont le marbre luit d'un blanc pur. Une fois arrivés devant une énorme porte en chêne massif, quelqu'un annonce son entrée et les portes s'ouvrent.

Les dix stratèges sont réunis autour d'une carte de la région et la toisent lorsqu'elle s'apprête à prendre la parole.

- J'ai compris le plan d'attaque de leur armée. En m'introduisant dans leur camp, j'ai écouté les conversations de leurs supérieurs et retenu l'essentiel. Ils ont failli découvrir ma doublure mais je suis trop têtue pour abandonner. Ils savent que notre armée campe à l'extérieur des remparts et ils vont tenter de nous anéantir avant que nous puissions nous replier.

- C'est-à-dire ?

- Le gros de leur force, les hoplites, servira d'enclume. Les troupes légères et la cavalerie thessalienne vont agir dans un second temps en tant que marteau. Les spartiates pensent nous accrocher au niveau de la ligne de front par l'enclume, puis nous écraser par derrière avec le marteau.

Les généraux Athéniens se pétrifient.

- Les fourbes ! Ce n'est pas comme ça que nous faisons la guerre ! Où sont passées les traditions hoplitiques ?

- Également, ils couperont notre retraite avec la cavalerie.

- Les Thessaliens sont donc avec eux ! Nous sommes perdus, crie l'un d'entre eux.

- Silence ! Réclame un homme charismatique. Grâce à Cléo, nous savons désormais ce qu'ils prévoient de faire, agissons en conséquence !

- Oui ! Scande le conseil de guerre.

- Moi, Zéphyr, commandant des forces armées athéniennes et stratège, réclame que nous passions à l'attaque avant eux ! Ils ne s'y attenderont pas, ils ne seront pas préparés !

Le conseil de guerre accepte à vive voix la proposition.

- Voici ce que nous allons faire. Dans une heure, nous allons envoyer une délégation pour négocier avec Sparte pour leur faire croire que nous sommes en mauvaise posture. L'après-midi même, nous les affronterons sur terrain de notre choix, explique Zéphyr.

- Mais ce n'est pas comme ça que nous sommes censés nous battre ! Nous devrions choisir un champ de bataille qui ne profite à personne et guerroyer selon les traditions !

- Avez-vous perdu la tête ? Cela fait maintenant une génération que nous ne nous battons plus de cette manière. La guerre a changé depuis l'invasion des Perses et vous ne l'acceptez toujours pas. Les traditions et l'honneur hoplitiques ne sont plus. Aujourd'hui, nous nous battons avec des archers, des cavaliers et des navires. Battons-nous là où nous sommes les meilleurs, répond Zéphyr.

Il est un homme de taille moyennement grande, le teint bronzé et les yeux perçants. Son expérience sur le champ de bataille lui vaut une réputation intraitable. Zéphyr dégage de lui un charisme naturel, une sorte d'aura qui ne laisse personne indifférent.

Kairos, Le Moment OpportunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant