Retourné à la ferme, Élien part s'occuper des oliviers. La terre est sèche et craquelée ; il n'a pas plu depuis plusieurs mois. Pour évaluer l'humidité, il frotte le sol avec ses doigts et creuse un petit trou avec son couteau. Ensuite, il ramasse et frotte entre ses mains la terre.
Par Déméter ! Il n'y a rien ! Pas une once d'eau.
Il pousse un juron et prend quelques secondes pour réfléchir tout en agitant habilement la lame entre ses doigts. Une fois une idée en tête, il pousse un bruit de satisfaction et retourne au puits pour remplir plusieurs sceaux d'eau qu'il charge immédiatement sur la charrette à bras.
Cela permettra à la plantation de survivre quelques temps.
La montée semble plus difficile que prévu mais il est bien trop têtu et orgueilleux pour s'arrêter en plein milieu.
- J'y crois pas, je suis en train de subir la souffrance de Sisyphe, grogne-t-il.
Ses épaules le font souffrir terriblement mais le garçon est résilient et redouble d'effort.
Une fois au sommet, il se masse le deltoïde puis verse l'eau délicatement dans une fine rigole afin de la laisser s'écouler le long des arbres. Le liquide de la vie ruisselle et émet des clapotis, ce qui l'apaise instantanément.
Au loin, Élien entend son père l'appeler. Il le regarde et lui fait signe de la main qu'il arrive. Le jeune homme replace les sceaux sur la charrette et repart dans l'autre sens. Arrivé à hauteur de son père, celui-ci lui dit :
- Avec ta mère nous allons amener les chèvres au pâturage. Ici le sol est complètement mort. Reste ici pour surveiller la ferme. Nous allons probablement rester une semaine ou deux dans la cabane près de la côte que tu aimes tant.
- Pas de problème, je vous rendrai visite tous les 3 jours pour vous approvisionner. Avec l'âne du père de Démétrios, je vais pouvoir attacher la charrette.
- Bonne idée, fils. Dès le retour de la pluie et la repousse des pâturages d'Amyclées, nous pourrons rentrer. Espérons qu'Hadès kidnappe Perséphone un jour ou deux, histoire que Déméter pleure un peu ! Rie-t-il.
La mère d'Élien, resplendissante, s'approche et lui fait un chaleureux câlin qui le remplit d'amour et de tendresse.
Hélène est une belle femme et forte pour son âge. Elle porte un joli chiton gris clair qui est une sorte de tunique-robe. Une fente part du genou et continue jusqu'en bas pendant qu'une boucle sur chaque épaule constitue le haut. Ses cheveux foncés, comme d'habitude en chignon, lui confèrent une douce légèreté. Dans sa vie, Élien s'est toujours concentré sur le travail et la famille, sa mère est donc la seule femme qu'il connait réellement. Elle lui apporte cette goutte de sensibilité, de compassion et de sentiments dans toute cette mer de muscles et de testostérone qui l'entoure.Son père, lui, tape sur son épaule et le regarde fièrement avant de se retourner rapidement. Il siffle avec ses doigts afin de rameuter les chiens assembler.
- Aye ! Aye ! Tout le troupeau, skylos !
Élien, assis, les regarde partir. Quand le soleil tombe, il part se coucher.
Au beau milieu de la nuit, il se réveille en sursaut. Son corps est transpirant et colle aux les draps.
- Un cauchemar...
Que me veux-tu Hypnos ? Ou sinon est-ce toi Morphée ?
Il se lève et se rince partiellement la peau pour enlever la sueur et repart dormir. En somnolant, il réfléchit mais ne parvient plus à se souvenir de ce terrifiant rêve, Cependant, il sent que quelque chose ne tourne pas rond. Finalement, il s'endort.
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Kairos, Le Moment Opportun
Fiction HistoriqueDans le monde grec, la guerre gronde et le destin appelle ses héros. Entre mythologie et réalité, le jeune Élien d'Amyclées va devoir tracer son chemin parmi d'obscurs événements. Quel rôle va jouer Cléo, une jeune aristocrate athénienne en quête d'...