Kairos, Le Moment Opportun

Léandros

Cléo n'a pas besoin de beaucoup temps pour trouver le camp des aristocrates athéniens. Non seulement les gens étaient habillés luxure mais en plus ils avaient des tentes et cabanes plus solides. La seule difficulté fut de trainer l'âne dans les chemins de terre. Le camp se dresse dans une petite cuve dans la montagne. Quelques arbres bordent le pourtour et créent un sentiment de sécurité. Un véritable petit havre de paix avec une fine couche d'herbe mais surtout avec un ruisseau qui s'écoule juste à côté. Cléo marche d'un pas tranquille mais son regard, intrigué, se dépose sur chaque information visuelle possible. Elle remarque une petite écurie qui a été bâtie pour accueillir canassons et bétails aux alentours. Elle y dépose son âne et l'accroche avec une corde solide. Après avoir déposé par terre les sacs qui étaient arnachés sur le dos bête, elle porte son attention sur le reste du campement. Une sorte d'allée principale mène aux différentes installations et aux résidences de fortune. Cléo l'emprunte et tente de reconnaître, parmi tout ce rassemblement, les tentes des dirigeants athéniens. La circulation y est dense : chariots, chevaux, ouvriers et hoplites vaquent à leurs tâches. Un homme la bouscule alors qu'il porte des sacs de grains.

- Regardez où vous mettez les pieds, bon sang !

Il trace sa route en emportant quelques grognements.

Cléo, après une cinquantaine de mètres, remarque un écriteau en bois devant une gigantesque tente.

"Stratèges"

Pensant avoir trouvé le bon endroit, elle se dirige vers l'entrée. Hélas, un garde la stoppe.

- Cette tente est réservée aux stratèges et autres hauts fonctionnaires athéniens.

- Je suis Cléo, fille de Georges, laissé moi rentrer hoplite.

Elle fait un pas de plus mais l'homme pose sa lance devant pour la bloquer.

- Vous n'êtes pas autorisée à rentrer.

Cléo regarde de travers le soldat et commence à se plaindre. Les bruits ont dû alerter les occupants car quelqu'un sort de la tente.

- Qui êtes-vous ?

- Cléo, fille de Georges.

L'aristocrate relève la tête en haussant ses sourcils.

- Cléo... Oui, bien sûr !

- Je peux rentrer ? J'aimerais aider, dit-elle d'un ton presque sec.

- Désolé mais je ne peux pas. Nous avons besoin d'être seuls pour organiser les préparatifs.

- Mais ?

Avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase, le garde avance vers elle pour la repousser vers l'allée. Cléo émet un grognement et devient toute rouge d'énervement.

Ils ne comprennent donc pas à quel point j'ai aidé, j'aide et à quel point je peux encore aider ! Idiots.

Elle croise ses bras et abandonne sa quête. En tournant à gauche et en avançant encore un peu plus loin, la jeune athénienne trouve une taverne un peu bancale. À part quelques tables et quelques bancs, il n'y a rien de fameux.

- Un verre de vin, s'il-vous-plaît !

L'après-midi s'éternise et rien ne bouge.

Je n'ai pas d'endroit où dormir et je ne sers à rien ! Bouillonne-t-elle intérieurement.

Un homme dans la trentaine s'assoit à sa table.

- Dégage de là.

- Wow, c'est méchant ça.