Kairos, Le Moment Opportun

Siphes

Durant son sommeil, Élien est happé par un rêve troublant. Non, ce n'est pas un rêve, du moins, pas totalement. Une pièce sombre se défile en bas d'un immense escalier. Après quelques marches, il paraît certain pour le grec qu'il n'est pas dans le monde des mortels. En effet, il se retrouve dans la salle du trône d'Arès. Un serviteur l'accueille avec une mine dure.

- Bienvenue, Élien fils de Démosthène. Nous t'attendions.

Le spartiate affiche un air surpris mais se rappelle d'un détail.

Arès, en échange de sa puissance, m'a expliqué qu'il me convoquerait de temps en temps. Peut-être que c'est de ça qu'il s'agit.

- Ton esprit voit clair, mortel, s'exclame une voix qui semble omniprésente.

Le dieu de la guerre, en armure, sort de l'ombre d'une colonne. Élien s'incline avec réticence devant lui.

- J'ai besoin de toi. Tu dois te rendre à Delphes sur le champ.

- Mais...

- Silence, dit-il en levant la main. La Pythie est corrompue. Tu dois l'assassiner.

- Apollon va me tuer pour ça !

Les traits habituellement durs d'Arès se détendent et il éclate finalement de rire.

- Et comment ? Avec sa lyre ?

- Si je ne me trompe pas, c'est un brillant archer, note Élien.

- Ne te fourvoie pas. Certes, il est un dieu mais ce n'est pas un guerrier de ton talent. De plus, tu as mes pouvoirs à tes côtés.

- Très bien.

- Si tu réussis, je te promets une récompense de taille. Bonne chance, mortel.

Élien sursaute en se réveillant. Il halète pour essayer d'aspirer tout l'oxygène possible. Cléo, alertée par le bruit, relève sa tête.

- Ça va ? Tu as fait un cauchemar ? Dit-elle en caressant les pectoraux du guerrier.

Une fois que sa respiration a retrouvé son calme habituel, Élien toise la magnifique femme dénudée à ses côtés.

- Arès m'a demandé de me rendre à Delphes.

- Pourquoi ça ? Réponds-t-elle surprise.

- Il veut que je tue la Pythie, l'oracle d'Apollon.

Cléo arrête de le caresser et dépose sa main sur la joue d'Élien. Elle lui tourne la tête vers elle pour le regarder.

- Pourquoi continues-tu de le servir. Ta vengeance n'est elle pas terminée ?

- Elle ne sera terminée que quand Athéna périra au Tartare.

- Nous ne savons pas si c'est elle.

- Dans tous les cas, Arès me donne la possibilité de rivaliser avec les dieux grâce à sa puissance.

- Pas que grâce à lui, dit-elle en l'embrassant sur la bouche.

Le cœur d'Élien rebondit tellement qu'il risque de sortir de sa cage thoracique.

Par Apollon, ses lèvres sont les meilleures, pense Cléo.

- Mais aussi grâce à toi. Tu es un grand guerrier et un habile stratège. Peut-être au même titre qu'Héraclès et Thésée.

Le spartiate arbore un large sourire.

- Je ne serai à leur niveau que lorsque j'aurai accompli de grandes choses. Actuellement, je n'ai semé que mort et destruction sur mon sillage.