3 - SORA

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Aucune famille n'habitait plus dans cette maison

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Aucune famille n'habitait plus dans cette maison.

Mais cela n'empêchait pas les nouveaux occupants d'y jouer au Papa et à la Maman.

La luxueuse demeure vers laquelle se dirigeait Sora était perdue dans un brouillard bleu particulièrement bas et épais pour un début d'automne. La brume avait beau engloutir la vision des passants et les empêcher de discerner plus d'un pas devant eux ; les lanternes blanches accrochées autour de la bâtisse étaient là pour les attirer vers elle, comme des étoiles clignotantes montrant la direction à des marins perdus au milieu d'un océan d'écume.

Il y a une quarantaine d'année, ce quartier était le centre du pouvoir de l'Empire Aijiro. Les proches de la famille impériale y vivaient et y trouvaient tout ce dont ils avaient besoin pour vivre. C'était aujourd'hui une enclave indépendante, vestige d'un passé que la République tentait d'effacer, tout en étant irrémédiablement fasciné par lui. Ici, se mélangeaient toutes les communautés dans une très fragile communion ; ici, les visiteurs venaient des quatre coins de l'archipel pour profiter des services que proposait la Lanterne Blanche, l'host club le plus fameux du Quartier Ouvert.

L'homme ne fit pas la queue pour y entrer. Malgré sa dégaine grunge et le flegme qui habitait tous les mouvements qu'effectuait son corps, les videurs le laissèrent passer en s'éloignant le plus possible de lui. Sa simple présence crispait instantanément les employés des lieux. Ils ne savaient pas qui il était vraiment mais ils savaient exactement où il allait et à peu près ce qu'il y faisait. Ils s'inclinèrent tous nerveusement sur son passage tout en essayant de jeter un coup d'œil sous son chapeau conique autour duquel flottait un voile opaque qui s'arrêtait juste au-dessus de l'arc de cupidon de ses lèvres.

Sora traversa les couloirs de l'établissement sans sembler entendre ce qui se passait à travers les portes clauses et sans sembler voir ce qui se tramait par les portes ouvertes. Rien ne l'interpellait plus et rien ne l'intéressait plus non plus ; ni les bruits, ni les ombres, ni les fumées envoûtantes d'encens. Il s'arrêta au bout du couloir, devant une grande porte en bois gravée d'une grue grise qui tentait d'avaler un soleil noir. La jeune hôtesse qui attendait devant sursauta lorsqu'elle réalisa qui était planté de tout son long devant elle. Prise de cours, elle se retourna deux fois dans le mauvais sens avant de tomber à genou et de taper un coup bref et deux coups espacés contre la paroi derrière elle. Il se passa plusieurs minutes avant que quelqu'un ne daigne la faire coulisser.

— Par tous les esprits célestes, s'étonna calmement Yuting, le gérant de l'établissement qui apparut dans l'embrasure, j'avais presque oublié que tu existais, conclut-il en souriant avec ses lèvres parfaitement dessinées par la nature puis parfaitement redessinées par du rouge à lèvres.

L'homme était d'une beauté exceptionnelle et tout dans son attitude portait à croire qu'il en était pleinement conscient. Mais Sora était moins obnubilé par la beauté de cet être que par la scène obscène qui se déroulait par-dessus l'épaule de ce dernier.

LE MOIS DU VIDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant