Les brumes bleues de l'archipel Indigo murmurent que le retour du Mois du Vide est inévitable.
Cette période redoutée est une épreuve de taille pour Nara, la leader désignée de la rébellion Aijiro. Alors qu'elle s'efforce de coordonner la résistance...
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Si ça devait arriver, ce serait en chat.
Ce serait en chat que Bel voudrait se réincarner. Même si les communautés respectives de ses parents ne croyaient pas en la réincarnation ; dans l'hypothèse où ces communautés se trompaient, Bel souhaitait que l'univers sache que c'était en chat qu'elle voulait revenir sur terre. Un chat comme la boule de poils chocolat paisiblement endormie à ses pieds sur le lit.
Surtout pas en humain pour risquer d'avoir comme supérieur hiérarchique le type de personne dont le nom apparaissait actuellement sur son téléphone :
Warren Brightourne.
La dernière personne à laquelle elle souhaitait penser lorsqu'elle se détendait était :
Warren Brightbourne.
Elle observa longtemps l'écran briller dans la pénombre de sa chambre avant de décrocher.
— Khan ! s'exclama l'homme si fort qu'il était automatiquement en main-libre. Ça ne sert à rien de faire semblant d'être occupée, je sais très bien que vous ne faîtes rien en dehors des heures de travail.
Bel prit une grande inspiration et de sa plus belle voix de fonctionnaire corvéable à merci, demanda :
— En quoi puis-je vous être utile, Monsieur ?
— C'est vous qui vouliez me parler.
— Je souhaitais vous parler au travail.
— J'ai un peu de temps, venez me rejoindre.
— Au bureau ?
— Bien sûr que non, Khan ! Il est 22h00 ! Il n'y a que quelqu'un comme vous qui pourrait être au bureau à cette heure-ci.
Bel ferma les yeux pour trouver la force de continuer cette discussion. Son directeur sentait l'alcool à travers le combiné, elle savait qu'elle n'aurait jamais dû décrocher. Elle espérait qu'avec la consigne de sobriété que les fonctionnaires devaient respecter suite au décès du Guide la veille son directeur se calmerait quelques jours. Force est de constater qu'elle l'avait largement surestimé. Il continuait de vociférer :
— Venez me rejoindre à l'adresse que je vais vous envoyer.
— Je préférerais vraiment en parler au bureau.
— Et moi je préfèrerais vraiment ne jamais avoir à vous parler, Khan, mais on ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut.
À cet instant, Bel préférait vraiment qu'aucun mot ne dépasse le seuil de ses lèvres pour éviter qu'un flot d'insultes ne s'en déverse comme une coulée de boue incontrôlable.
— Khan ? l'interpella-t-il une dernière fois avant de raccrocher. Venez avec des coupures de 1 Devise. Beaucoup de coupures de 1 Devise. Et faîtes vite !