LE MOIS DU VIDE

14 - TRUE

MOT DE L'AUTEURE : je manque de temps mais je souhaite continuer de publier tous les vendredis. 🙃 La qualité des chapitres restera la même, il risque juste d'y avoir plus de petites fautes d'orthographe/grammaire. 😅 Ne vous en inquiétez pas, le tout sera relu plus tard. 😉

Pour True, l'île de Consolation n'était qu'un tas de cendres.

Il détestait cet endroit et il détestait la maison de vacances que son père y avait. Magnus Faith y emmenait toute la famille pour y passer les vacances d'été, quand True était plus jeune et que sa famille était encore vivante. A chaque fois que le volcan entrait en éruption, True espérait que la maison se fasse définitivement recouvrir de lave. Mais, un jour, le volcan capricieux cessa de cracher son feu et la maison fut reconstruite pour la dernière fois. Bien sûr, True n'y avait plus mis les pieds mais les souvenirs qu'il avait de cet île étaient frais dans sa mémoire. Non seulement il y faisait une chaleur insupportable durant les mois estivaux mais, en plus, la cendre se mettait à puer insupportablement avec la chaleur grimpante. Une des raisons pour laquelle si peu de familles civiles y vivaient. Parmi elles, il y avait les Gourmange ; restaurateurs de renom dont la spécialité était le tartare de cendres. Un plat qui nécessitait bien plus d'ingrédients que son nom ne le laissait présager et selon True, des années de thérapie pour en effacer le trauma du goût.

Mais, sur l'île de Consolation, il y avait surtout la base militaire la plus importante de la République de Valt. Elle abritait derrière ses grilles infranchissables l'unique centrale d'énergie du pays. Une installation récente qui alimentait tout l'archipel, à l'exception de la Vieille Ville où l'utilisation d'énergie moderne était interdite. Se fut d'ailleurs une des premières lois que les Faith firent passer après la chute de l'Empire. Toute l'énergie et toute la technologie étaient valtaises. Il était bien plus facile de maîtriser un peuple dont la quasi-totalité des membres vivaient dans une simplicité qui ne jouait qu'en leur défaveur.

La complexité qu'avaient ramené les Valtais avec eux sur l'archipel leur garantissait d'en rester les maîtres.

Et pour en rester maîtres, ils devaient maintenir leurs installations complexes en bon état de marche. Voilà pourquoi le pilote du petite navire du ministère de l'Intérieur se dépêchait d'amener ses importants passagers vers le port de l'île de Consolation.

True, et son ministre préféré, étaient assis face à face sur des banquettes. Par intermittence, True souriait coquettement au ministre qui tentait vainement de l'ignorer. Il n'était pas chose aisée que d'ignorer cette gueule d'ange à laquelle le paradis était offert.

— Vous n'aimez pas le tartare de cendres ? demanda True à Sternheart, avec toute l'ingénuité dont il était capable afin de briser le silence accablant de la traversée.

Par respect pour son statut, l'homme au sourire inexistant était obligé de lui répondre.

— Je n'ai jamais dit cela, Conseiller Faith.

— Vous sembliez dire que mon envie était un caprice, comme si vous n'en compreniez pas l'importance.

— Je peux comprendre votre demande.

— Après tout, je cède à tous les caprices du Conseil, il me paraît normal qu'il cède à l'un des miens.

True réalisa, quand il vit l'expression interrogative de Sternheart, qu'il avait prononcé une phrase un peu trop sagace pour le personnage pour lequel il se faisait passer. Il se ravisa et dit :

— Saviez-vous que, d'après un magazine mondain que je lis quotidiennement, 70% de la population pense que je suis mort. Sur ces 70% ; la moitié pense que je suis mort lors du massacre de ma famille il y a douze ans et le reste pense que je suis mort de vieillesse. True se mit à rire gracieusement. Il traça un cercle imaginaire du bout de son index autour de son visage séraphique. De vieillesse ! répéta-t-il en riant de plus belle. Les Valtais n'ont plus aucune idée de qui je suis. Imaginez la vie paisible que je pourrais mener si je n'étais pas enfermé dans ma demeure.