Première partie : Chapitre 6 → L'art d'éprouver de la rancœur

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 – ... Bon, comme tu voudras ... Alors, à la fin de la journée, je lui ai laissé un pendentif avec un gros cristal que j'avais trouvé chez moi. Enfin je le trouvais gros quand j'étais petit mais en fait, une fois adulte, il faisait la moitié de la paume de ma main. Il était bleu, comme ses yeux. Mais pas aussi clair. ...  Je lui ai donc mis autour de son cou et je lui ai demandé de ne jamais l'enlever jusqu'à ce que nous nous retrouvions.

          Mignon. C'est tout ce qu'il y a à dire.

– J'ai quand même précisé qu'elle pouvait l'enlever dans certains cas exceptionnels mais qu'elle devait le garder le plus souvent autour de son cou. De cette manière, quand je retournerai au monastère, je serai en mesure de la reconnaître malgré les blessures qu'elle pourrait accumuler.

– Et tu es parti comme ça, sans l'embrasser où la prendre dans tes bras ?

– Non ! Je n'ai rien fait de tout ça, même si j'aurais aimé ... Mon père ne m'en avait pas empêché.

– Pourquoi t'en a-t-il empêché ?

– Tout simplement parce que nous n'étions pas de la même caste : je suis issu d'un rang élevé et elle est... elle était une simple orpheline recueillie par le monastère. Voilà la raison de mon père.

          Quelle ordure !

– Une fois que nous sommes partis, je lui ai posé cette question ce à quoi il m'a répondu en plus que c'était indigne d'une personne telle que moi. La bonne blague ! Selon lui, je me serai encore plus souillé en lui donnant une dernière marque d'affection. Quel connard, crie-il. Il me disait aussi que tant qu'elle n'avait pas un statut plus élevé au sein du monastère, je ne pourrai pas me marier avec elle.

          C'est pour ça qu'il lui a dit de ne rien faire. Il ne voulait pas qu'une relation particulière naisse entre eux. Enfoiré ! Tu n'aurais pas dû faire ça. À cause de ça, il a changé du tout au tout.

– Attends !! Il savait que ...

– Il nous observait, m'a-t-il interrompu. Il avait tout vu ; chaque jour que je passais avec elle, il m'espionnait. C'est ce que j'en ai conclus ... Mais le pire, c'est qu'il me donnais de l'espoir. J'espérais pouvoir me marier avec elle si elle arrivait à posséder un meilleur statut ...

          J'ai envie de pleurer. C'est extrêmement dur ce qu'il t'a dit. C'est quoi cet espoir à la noix.

– Le seul avantage dans tout ce qui m'est arrivé après, c'est que mon père ne m'a jamais forcé à rencontrer une autre femme que Hyacinthe.

          Hein. Il doit y avoir anguille sous roche. C'est trop beau pour être vrai. Mais bon. Mieux vaut cacher mon inquiétude.

– Il ne m'a jamais parlé de mariage ou de rencontre avec une inconnue. Au contraire, il réclamait souvent des nouvelles au monastère. C'est ce qu'il disait.

– Eh bien ! Je ne l'aurai jamais imaginé comme ça. Même lorsqu'il était entre la vie et la mort, il n'a jamais été aussi gentil et attentionné ... Mais dis-moi, quand est-ce que tu l'as revue cette jeune fille, du coup ?

– Je ne l'ai revue qu'à l'âge de dix-neuf ans. Autrement dit, neuf ans plus tard.

– Mais !! J-je ne comprends pas. Vous ne vous êtes même pas aperçus entre-temps ? Tu n'es jamais retourné au monastère ?

– Non. Jamais.

– Mais pourquoi ?

– Par contre, je lui envoyais tout le temps des lettres, m'ignore-t-il. Je lui en adressais au moins trois fois par semaine.

L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant