« Neuf ans après ton départ, tu es revenu. Tu étais habillé comme les nobles. Et pour te dire la vérité, je t'ai trouvé tellement hideux. Ces vêtements ne te correspondaient pas le moins du monde. Tu étais sur ta monture et tu avais les yeux rivés sur mon collier.
Je pense que tu ne m'avais pas reconnu. En même temps, il faut dire que j'avais bien changé. Surtout mon corps. Mais je le détestais. Je ne pouvais pas me le voir.
Pendant ces moments au monastère, ce que je souhaitais par-dessus tout, c'était que cette poitrine s'affaisse ou n'existe plus. Et, une fois, après que les prêtres me les aient mordu et qu'ils soient devenus bleu ou imbibés de sang, j'avais tenté de me les trancher avec un couteau provenant de la cuisine. De cette manière – certes radicale – plus personne ne pourrait me faire du mal. Cela m'aurait fait une souffrance de moins à devoir supporter. Mais c'est Marie qui m'en a dissuadé. Elle me disait que quoi qu'il arrive, les prêtres ne feraient subir ce que j'ai toujours connu. Et que si je me les enlevai, je risquerai une punition ainsi qu'une douleur bien pis que celle j'ai pu ressentir jusqu'à ce jour. ».
Merde ! Mais pourquoi ne me l'as-tu jamais dit ? Pourquoi seulement maintenant ? Ce n'est pas possible d'être aussi entêté à ne rien dire ? Si tu l'avais fait, peut-être que tout ce qui s'est passé ne serait jamais arrivé.
« Je sais ce que tu vas me dire mon amour : pourquoi es-tu restée muette sur ce genre d'incidents. Eh bien, tout simplement parce que tu aurais ordonné d'aller tuer tous les habitants du monastère. Même ceux qui ne m'auraient jamais fait de mal ; et ceux que je n'ai pu connaître. Voilà mes deux raisons. Alors dis-moi, ai-je tort ou pas. L'aurais-tu fait ? ».
Bien sûr. Quel idiot ne l'aurait pas fait pour son amour.
« M' enfin, changeons de sujet. Celui-ci a duré trop longtemps.
Neuf ans après ton départ, tu es revenu. Et il se trouve que tes yeux verts m'avaient manqué. Ils étaient pétillants de bonheur et d'excitation à l'idée de me revoir. Cependant, je crois que c'était l'inverse pour les miens. Sûrement parce je ne voulais pas que tu t'aperçoives de l'immondicité que j'étais. Je ne voulais pas que tu vois les nouvelles blessures sur mon corps. Je ne voulais pas que tu vois à quel point tout ceci m'avais profondément affecté. Je ne voulais pas que tu vois mon esprit si étriqué et faible. Je me refusais toutes ses choses. Parce que j'avais peur que tu me juges sur ces apparences qui ... ne t'importaient pas au final.
Et heureusement d'ailleurs. Ça me terrorisait tellement que, quand tu es descendu, que tu m'as observé et que tu m'as porté pour me poser sur le cheval, j'en est été ravie. Ravie que tu ne demandes rien. Ça m'a soulagé d'un poids immense. Tu ne peux pas même t'en rendre compte. Cette absence d'interrogation était exquise sans même que tu le veuilles.
Puis, nous sommes partis sous les torrents que nous apportait la pluie. Comme si elle refusait nos retrouvailles. Cela me rendait un tout petit peu malheureuse. Mais tant que tu étais là, derrière moi, tes mains tenant fermement le harnais de ta monture, ton souffle entre-coupé sifflant dans mon oreille ... C'était tout ce que je pouvais espéré du moins ... jusqu'à ... cette chute.
Ces beaux vêtements que tu m'avais prêté étaient devenus sale mais visiblement, tu n'en avais rien à faire. Au contraire, tu te préoccupais plus de moi que de ta personne ou de ces parures. Tu avais l'air apeuré parce que tu ne répondais pas à mes appels. Tu scrutais tout mon corps et pourtant cela ne me dérangeais pas le moins du monde. Loin de là, j'aimais ça. J'adorais, je brûlais de passion. Je voulais que tu continues. À vrai dire, j'espérais que cette situation nous mène plus loin. Et lorsque tu m'as annoncé que tu avais eu une idée, inconsciemment, j'ai pensé à ça. Aujourd'hui, j'ai honte. Tellement honte ! Mais, les erreurs du passé font parties de nous à présent. Hein ? »
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L'inconstance des Sentiments
RomanceUn jour, après avoir passez une bonne dizaine d'années dans un rustre monastère, quelqu'un vint chercher la belle, délicate et naïve Jane. Ou plutôt Hyacinthe. Enfin bref, du jour au lendemain, le mariage frappe à sa porte ... C'est un homme de bon...