Quatrième partie : Chapitre 5 → Mon amour incessant

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          « Mon amour, je ne te ferai pas tout un laïus sur notre vie de mariés. Cependant, je ne t'épargnerai pas sur notre tout dernier affront.

C'était en plein mois de juin. Notre premier fils était parti faire son service militaire et nos deux petits ne parvenaient plus à t'avoir dans leurs champs de visions. Quant à moi, je ne supportais plus ton attitude envers nos derniers. Tu les ignorais presque comme la peste et quand tu leur adressais la parole c'était pour des « banalités » selon Azel. Je reconnais qu'il ne sait pas peser ses mots mais quelque part, il avait raison. »

          Je le sais très bien Hyacinthe. Je le sais.

          « Tu sais, ça m'a fait mal de devoir te faire face. Tous les jours. C'était très dur. Peut-être parce que toi, tu ne voyais pas tout le mal que je me donnais pour essayer de te faire voir la réalité en face. Ou parce que je me persuadais que j'avais tort, que c'était moi où les enfants le problème. Je n'en sais rien. En réalité, tout ce que je savais et que je sais encore, c'est que j'ai mal. Mal au cœur. Mais mon amour n'est pas mort. C'est le reste qu'il est. Et c'est pour cela que je t'ai écrit toutes ces feuilles. Pour que tu saches qu'il y a encore une parcelle de moi qui vit. Pour que tu saches que je t'aime toujours autant, malgré la maladie qui me ronge depuis quelques temps.

Mon amour, cet ultimatum que je t'ai posé était nécessaire pour que tu me reviennes comme avant. Je veux dire ... comme à la naissance de notre premier enfant. À ce moment, tu était à la fois un mari aimant, un père attachant et passionné, un travailleur acharné et assidu et un homme de principe.

Après ma deuxième grossesse tu as changé : ton travail te prenait tout ton temps. Et le si peu de fois où tu en avais, tu le passais avec un seul de tes enfants. Moi, ce n'était pas grave parce que mon âme n'avais plus à te chercher à chaque lever d'obscurité. Nous avons vécu de nombreuses lunes magnifiques. Hein ? mon cher et tendre. C'était merveilleux ... »

          Bien sûr que ça l'était.

          « Cependant, au fil des années, tu as commencé à me laisser de côté. Je me suis sentit mise de côté. J'en ai souffert. Énormément. Terriblement. Te rends-tu compte ? »

          Maintenant oui. Je m'en rends compte seulement maintenant. Je suis sincèrement désolé.

           « Pas la peine ... »

          Que tu es pénible, dis-je à la rigolade mais avec une petite larme sur la joue.

          « ... de t'excuser. Je sais que tu as fini pas comprendre à quel point ce mal était puissant. Et je ne t'en veux plus. Plus du tout. Tu as fait des erreurs et après ma mort, comme tu me l'as promis, tu attendras comme moi je l'ai fait. Mais ne t'en fait pas, je ne bougerai pas. Je resterai à tes côtés.

Seulement, je serai en cendre et à l'intérieur de la peluche que tu m'as acheté avant que nous déménagions. N'oublie pas de ramener les cendres de ma famille et les miennes à ma moitié. Ça lui fera plaisir de nous avoir prêt de lui.

Et n'oublie pas d'amener Azel. Ils sont de la même espèce ces deux-là. Ils s'entendront parfaitement. »

          C'est déjà fait mon trésor.

          « Je t'aime. Et ce de tout mon cœur. De toute mon âme. Mais il a fallu que tu me pousses à bout. »

          Hmpt. Tu ne t'arrêteras donc pas.

          « Et honnêtement, j'ai vécu une vie que je ne pouvais rêver en étant restée avec toi. »

          Quoi ?

L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant