– Continu. Avec la nuit de noce.
– Ah, c'est vrai que j'étais rendu à ce passage. Attendons un peu. Le temps de s'installer dans la voiture.
Pourquoi repousses-tu tout le temps cet épisode ? Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit-là pour tu ne veuilles pas me raconter ?
– Ha, la voiture est là-bas. Entrons et posons-nous tranquillement.
À quoi ça sert de me dire ça ?
Tu me montres juste ton côté pathétique. Et dire que moi je n'avais pas le droit de me montrer comme ça quand j'étais enfant. Quelle ironie !
– Bon, j'imagine que je n'ai plus le droit de repousser cette échéance.
– Ce n'est pas que tu n'as plus le droit ; c'est que l'on te posera la même question jusqu'à ce que tu nous répondes. Alors contente-toi de déballer ton histoire jusqu'à la fin et ensuite on te foutra la paix.
– D'accord, tu m'as convaincu malgré tes pauvres arguments.
Je vais le frapper s'il continue sur cette lancée.
– Hmm ... ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, ma femme et moi nous sommes en quelque sorte disputés. C'est tout ce qu'il y a à dire.
– Raconte-moi la nuit de A à Z, j'ai dit.
– ... Je vais te raconter plutôt ce qui s'est passé après notre union à l'église.
– Comme tu voudras.
– Nous sommes rentrés du mariage plutôt que prévu parce que je la trouvais différente depuis la fin de la cérémonie. Hyacinthe n'avait pas l'air d'être dans son assiette. Normal, après tout, cela faisait à peine une semaine que je l'avais sortie du monastère. Et j'ai trouvé ça tout à fait approprié que nous sortions de cette salle de réception étouffante.
– Où êtes-vous allés ?
– Pour commencer, nous sommes allés dehors et déjà je trouvais qu'il y avait de l'amélioration : elle avait la peau moins pâle et elle respirait mieux. ... Mais le problème c'est que la foule s'est mise à nous suivre si bien qu'elle s'est retrouvée dans le même état qu'au début.
Arrête de te stopper dans ton histoire par pitié. Je commence à sentir mes nerfs qui me brûlent les poings.
– Aux alentours des dix-sept heures, nous sommes rentrés à la maison – celle de mes parents. Les servantes étaient en plein préparatifs de la chambre dans laquelle je voulais l'emmener. Finalement, nous sommes allés dans une chambre plus petite, moins encombrante et moins romantique.
– Ah ! Ben dis-donc ! Que d'émotions en l'espace de deux nuits.
– Je ne relèverai pas.
Bah. Ça m'aurais étonné.
– Je suis reparti de tout de suite après l'avoir laissé s'installer dans la chambre – sur le lit. Lorsque je suis revenu avec quelques confiseries en plus d'une bassine d'eau et d'une serviette, Hyacinthe s'était endormie sur le côté gauche du lit près de la fenêtre. Elle dormait. Elle dormait paisiblement et à point fermé.
J'imagine qu'il y a un « mais ». Et pourtant, il ne le dira pas.
– Le temps que j'atteigne le lit et que je me pose dessus, elle a eu le temps de se réveiller en sursaut, de se retourner et de montrer une expression emplit de peur.
– J'imagine que ce n'était que les conséquences de son éducation au monastère.
– Oui. Elle était tout le temps sur la défensive et encore plus au réveil. Ce jour-là, elle ne m'a pas même reconnu. Elle était devenue hystérique. Elle s'est reculée brutalement du lit et elle est tombée sur le dos. Elle avait tellement mal à cause du corset – qu'elle n'avait probablement jamais porté auparavant –, qu'elle était incapable de se relever toute seule et encore moins de bouger.
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L'inconstance des Sentiments
RomanceUn jour, après avoir passez une bonne dizaine d'années dans un rustre monastère, quelqu'un vint chercher la belle, délicate et naïve Jane. Ou plutôt Hyacinthe. Enfin bref, du jour au lendemain, le mariage frappe à sa porte ... C'est un homme de bon...