Troisième partie : Chapitre 8 → L'art d'éprouver la force de tout recommencer

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 – Qu'est-ce qui s'est passé ? Dis-moi. Je ne te jugerai pas. Je te le promets.

– Tu n'as pas besoin de me promettre ça. Je te connais. Ce n'est pas ton genre. Encore moins avec moi.

– Alors pourquoi hésites-tu à déballer ton sac ?

– Parce que j'ai autant de bons que de mauvais souvenirs là-bas.

– Eh bien, commençons par les bons. Vas-y, dis-moi quels ont été les plus moments que tu as vécu dans ce manoir.

– Ha. ... C'est un peu gênant.

– Ce n'est pas grave. On est là pour ça. C'est ça mon travail : t'écouter te plaindre et ferme ma gueule.

– Alors, je dirai ... avoir pu coucher avec ma femme quand, où et comment nous le voulions.

– C'est vrai que c'est gênant.

– Tu vois, je te l'avais dit. ... Ensuite, je dirai sa grossesse.

– Elle était enceinte !

– Oui mais elle a fait une grosse chute et le médecin s'est retrouvé obliger à m'annoncer un choix : ma femme vivante et le bébé mort ou ma femme et mon bébé morts.

– Et naturellement, tu as choisi Hyacinthe, c'est tout à fait normal comme choix. Mais en quoi est-ce un bon moment ça.

– C'était sa première grossesse. Et ça nous avait rapproché. Jusqu'à la mort de ce petit être.

– Comment ça ? Explique-toi.

– Après que le médecin l'ai soigné, Hyacinthe ne voulait pas le lâcher. Il avait beau avoir les membres détaché et le cœur incomplet voir inexistant, elle voulait le garder. Elle voulait le garder dans ses bras. J'ai dû bataillé pour qu'elle accepte de l'enterrer ou de l'incinérer. J'ai bataillé pendant deux semaines. ... Deux semaines où il y avait un bébé mort dans ma maison. Dans ma chambre. Je t'avouerais que ça m'a légèrement refroidi. J'avais peur qu'elle retombe enceinte et qu'une nouvelle tragédie survienne.

– C'est pour ça qu'elle est allé voir un autre homme ?

          Il n'a pas besoin de parler pour que je comprenne. Ses torrents de larmes font tout le travail pour lui. Même s'il ne me regarde pas.

          Je comprends mieux maintenant pourquoi il hésitait. En plus de perdre son enfant, sa femme s'est retrouvée dans le déni le plus dur à surmonter.

– Je l'ai lâchement abandonné. Et ce pendant deux ans.

– Ho ... p...

          Il me coupe dans ma phrase. C'est peut-être mieux ainsi. Je n'aurai pas voulu l'embarrasser plus que de raison.

– Nous dormions dans le même lit, mais aucun mots ou petite attention n'étaient présentes. Son partagions nos repas mais encore une fois, aucun échange, aucun regard. Rien. Nous ne faisions plus rien ensemble hormis ces deux activités : dormir et manger.

– Tu m'excuseras mais j'ai envie de vomir. Je n'arriverai pas à tenir plus longtemps si rien ne sort.

– Tu comprends maintenant pourquoi je t'ai fait croire qu'il y avait un bon restaurant ici.

– Ouais. Je comprends mieux. J'aurais recraché mes trips après. Attends-moi quelques minutes.

– Vas-y. Prends ton temps.

          Vingt minutes plus tard. Il n'a toujours pas bougé. Il est resté de marbre.

          Je crois que le plus dur reste à venir. Malheureusement.

L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant