Quatrième partie : Chapitre 1 → Prologue

0 0 0
                                    

          Sur le dos de l'enveloppe, ma femme y a inscrit quelques inscriptions à mon nom : « À mon amour. Le seul et l'unique. Pour la première fois, tu as le droit d'explorer mes sentiments. Tous. Mais s'il te plaît, ne les martyrises pas plus qu'ils ne le sont déjà. ». Plus bas se trouve son nom de plume : « Hyacinthe Karantezus ».

          « Karantezus ». Que de souvenirs de notre manoir en Bretagne, loin de la ville et plus près de la faune et de la flore. Cela veut dire « amoureux ». Quelle poétesse cette femme ! Et dire que c'était ma merveilleuse femme !

          Il va falloir la lire, maintenant.

           « À mon accointance. L'unique de ma vie. Comme tu l'auras deviné, j'ai décidé que mon nom de plume reprendrait ce qui a fait notre bonheur mais aussi notre malheur : l'amour.

Je trouve que ce terme est quelque peu trompeur. Je ne sais pas pour toi, mais je pense que tu seras de mon avis. Sache que je ne reprendrai pas la définition que j'ai appris dans les livres. Je te donne ma propre définition de ce qu'est l'amour.

L'amour, c'est quelque chose d'éphémère ; que l'on peut faire perdurer ou arrêter ; que l'on peut martyriser et détruire comme protéger et conserver. En ce qui me concerne, mon amour pour toi a perduré dans le temps. Je pense que le tien aussi. Mais tous les deux, inconsciemment, nous l'avons martyrisé et conservé en même temps. Comment l'avons-nous fait ? Je n'en sais rien et je ne veux pas le savoir. Cela me ferai trop de mal. À toi aussi, mon amour.

L'amour que j'ai éprouvé pour toi n'était pas physique. Ce n'était pas une concupiscence comme je l'ai trouvé dans les livre. Ce n'était pas un simple attachement. C'était bien plus que ça. Ce n'était pas non plus une forme de soumission. C'était moins que ça. Mon amour pour toi était une dévotion. Je t'étais dévouée parce que l'attachement que j'avais pour toi était sentimental. Je t'étais dévouée parce que cette soumission que j'avais pour toi n'avait pas lieu d'être. Contrairement au monastère, mon amour pour toi était réciproque et notre amour était placé sur un pied d'égalité.

Il a souffert plus d'une fois mais nous en sommes revenus que plus fort à chaque fois. C'est aussi pour ça que j'ai tenu à rester à tes côtés. Pour notre second mariage – et peut-être pour le premier, je ne sais plus –, le prêtre a dit avant que nous le répétions : « Je te promets de t'être toujours fidèle dans la joie et dans la douleur, dans la santé et dans la maladie, de t'aimer et de t'honorer tous les jours de ma vie ». C'est grâce à cette phrase que j'ai tenu bon. Que j'ai su patienter. Que j'ai réussi à me dire que tu me reviendrais ... comme avant. Comme à notre rencontre au monastère.

Mon amour – et là je te parle à toi – tu as été le seul homme de ma vie. Je ne compterai jamais les hommes comme les femmes du monastère qui ont abusé de mon corps. Tu as été le seul à me satisfaire et cela dans tous les sens du terme.

Je préciserai dans les pages suivantes ce que tu as satisfait chez moi. Mais en attendant, je voudrais terminer ce prologue sur quelques mots qui ont été des mots magiques : Hyacinthe, collier, lettre. Maintenant c'est à ton tour de posséder quelques mots magiques. Alors les voici : mon chéri, mon papa, mon amour.

Fin du prologue. Je te laisse assimiler le peu d'amour que je viens de graver noir sur blanc sur ce papier qui aura jauni d'ici-là. À toute à l'heure, mon amoureux. Je ne te parlerai que de toi et je ne parlerai qu'à toi. »

          Merde ! Pourquoi je pleure ? Je ne devrai pas. Pas maintenant. Pas maintenant alors qu'il reste au moins dix pages à lire. ... Mon amour. Tu me manques tellement. Comme j'aimerais te revoir encore une fois même si je sais que c'est impossible.


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant