« Ce jour où tu es apparu, sur ton cheval, devant le monastère je ne t'ai pas vu. Désolé de te décevoir mon adoré. Je ne voyais aucun petit enfant. Je voyais seulement un noble et plein de chevaliers qui me feraient exactement la même chose que les prêtres.
Ce jour où tu es apparu, je venais de sortir d'une cage qui ressemblait fortement à un cercueil. J'étais dans la pénombre la plus effrayante et nue. Je m'étais pris des coups de fouets et de pleins d'autres objets. Une fois de plus, je subissais cette torture sans la moindre force pour y échapper. Mais quand la cloche sonnait votre arrivée, je me suis mise à espérer en dépit de vos tenues et des vos grands airs. J'espérais pouvoir m'enfuir pendant qu'ils étaient occupés par vous.
Seulement, tu as fait foirer tous mes plans en venant me voir. Tu étais là avec ton sourire sincère. C'était un sourire que je n'avais pas revu depuis mon enlèvement.
À la fin de notre premier échange, j'ai pu en conclure que tu n'étais pas comme les autres nobles et prêtres. Toi, tu voulais seulement m'approcher, me connaître, me découvrir. Découvrir la vraie moi. La vraie personne sous ses blessures et ce visage sans expression. Et cela petit à petit. Mais moi aussi, je voulais approcher, connaître et découvrir cette véritable personne que tu cachais à l'intérieur de toi. Parce que voix-tu, je croyais que comme moi, et malgré ton sourire, tu cachais ta sincère personnalité : un être sans émotion. Tout l'inverse de moi qui les cachais.
Puis, tu es venu me secourir le lendemain. Marie – c'est la religieuse qui t'a aidé à me transporter – m'avait raconté ce que tu faisais pour moi. À quel point tu t'inquiétais pour ma santé, mon confort et ma sécurité. Quand, tu es revenu j'avoue avoir eu peur de rester seule avec toi. Je ne savais plus quel comportement adopter envers toi. Si je devais de m'être à nu ou pas. Et j'avais très faim. Mais j'avais peur que tu ais tout empoisonné. Pourtant ça avait l'air tellement délicieux ! Et j'ai regretté une fois votre départ de ne pas y avoir goutté.
Je reconnais que ma question pouvait être déroutante. « Pourquoi est-tu si gentil avec moi ? ». Je suis d'accord, cela peut choquer mais grâce à elle, j'ai pu entrevoir ton véritable toi. Par contre, honnêtement, je n'attendais pas de réponse particulière. Et je pensais que tu répondrais comme les autres : à cause de ma beauté, de ma jeunesse, de mon rang, de quelque chose qui pouvait ainsi toucher ma physionomie et non mon caractère. Mais ta réponse à toi m'a surpris : « tu es unique », « différente des autres femmes », et « c'est en partie pour ça que je suis gentil », « je ne peux pas te dévoiler la véritable raison de cette affection – pas tant que nous sommes des enfants ». Intérieurement, j'ai rigolé. J'ai pouffé tellement fort que je devais faire la moue au bout de quelques secondes. Ça tu me le dira lorsque nous nous reverrons.
À ce moment, j'étais sûre et certaine que tu n'étais pas comme les autres. Que comme moi, toi aussi, tu étais différents des autres hommes. Mais étrangement, je n'arrivais pas à te parler. Ça me gênais. J'avais l'impression que si je t'adressais la parole, ma voix allait s'envoler et qu'aucun son ne sortirait.
Mais tu m'avais déjà protégé ... alors pourquoi ne l'aurais-tu pas fait encore ? Je ne sais pour quelles raisons j'hésitais à te faire confiance. Me soutiendrais-tu jusqu'à ma mort ? M'accepterais-tu en dépit de mon statut misérable à côté du tien ? Serai-je heureuse avec toi ? Me feras-tu me sentir autrement à l'extérieur du monastère ? Ces sentiments que je ne serais nommer, pourras-tu me les faire ressentir de nouveau ? Est-ce bien juste d'être aussi avide d'une personne qui nous est totalement inconnue ? Dois-je écouter mon cœur ou mon esprit ; peut-être mon âme sera-t-elle me répondre ?
Enfin, nous avons joué et j'ai gagné à la plupart des jeux que tu me proposais. Est-ce que c'était « la chance du débutant » comme tu me le disais, ou me laissais-tu gagner ? Dis-le-moi. Je voudrais savoir. Ça m'a toujours intrigué de ne pas connaître la vérité. Je voudrais savoir mon amour. Dis-le-moi. Viens me le dire. Viens me chercher, prends-moi dans tes bras et offre-moi la réponse. »
Comment veux-tu que je te le dises ? Dis-moi d'abord où tu te trouves. Que je puisse te voir de nouveau. Que nous puissions nous regarder dans l'iris de l'autre. Comme autrefois.
« Tu sais. Le collier que tu m'as confié ; il est magnifique. Tous les jours, je l'ai gardé. J'admirais ce bleu étincelant qui émanait de cette pierre. Il me faisait penser à toi. Et à moi avec mes yeux bleus. Même s'ils sont plus clairs. ... Mais honnêtement, je préfère tes yeux. Leurs verts me rappellent l'herbe de la forêt, les feuilles et la mousse des arbres, le tissu de certaines robes que portent les nobles dames. Ils me rappelaient tous ce que j'avais perdu mais que j'avais espoir de retrouver. Ce collier que tu m'as confié se trouvait être à la fois mon miroir où se reflétait mon visage ; ton miroir où mes souvenirs pouvaient divaguer et se rappeler de toi. Ce que tu m'as remis a su être ma garantie de sortie mais aussi ma garantie de mes sentiments envers toi.
Mon amour, sache que ce jour où je t'ai mordu le nez, j'étais presque certaine de mes sentiments. Presque. Ce jour où tu m'as offert cette pierre, j'ai compris tes sentiments pour moi. Dès ce jour, nos sentiments s'étaient unis. Je ne me posais plus ces questions stupides. Je ne me demandais plus même pourquoi tu t'en allais. J'ai interprété cette absence de salutation comme un « à bientôt ». Et non comme un « à dieu » ou « à jamais ». J'ai senti que tu me reviendrais. Quand, ça je n'en avais aucune idée. Mais j'étais prête à t'attendre toute ma vie tant que nos sentiments restaient intactes. Je le sais, je n'avais que huit ans. Mais quand ce « coup de foudre » comme tu l'as appelé, s'abat sur toi, tu ne plus rien faire. Tu en deviens prisonnier et tu ne vis plus que de cela. Si tu savais le nombre de sacrifices que je suis parvenue à faire pendant mon interminable séjour au monastère, tu ne serai pas étonné. Après tout, j'ai bien vu ton regard lorsque tu es réapparu. Neuf ans plus tard. Il était insondable. Sûrement comme l'était mon corps.
Mon amour, je terminerai ce chapitre en te rappelant que mes sentiments amoureux étaient plus que sincères. Je me suis peut-être égaré quelques fois. Je t'ai peut-être oublié une ou deux fois. Je t'ai peut-être maudit pour n'être pas venu me chercher. Je t'ai peut-être pleuré le jour où tu as cessé de m'écrire. Mais tout ça, je l'ai laissé derrière le jour où Marie est venue m'apporter des vêtements que je ne connaissais pas et qu'elle m'as dit « c'est bon, c'est aujourd'hui ». Mon amour pour toi ne s'est jamais éteint. Il a si cela se trouve, faiblit mais il ne s'éteindra jamais car c'est toi mon amoureux. Tu es le seul avec qui j'ai eu une relation amoureuse, et je ne pouvais résister à toutes alliciantes car c'était toi celui que je désirais le plus. »
Je n'en peux plus. Je n'y arriverai pas. Je ne pourrai jamais lire tout ce qu'elle a écrit. Ça me ferait trop de peine. Surtout dans de telles conditions.
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L'inconstance des Sentiments
RomantizmUn jour, après avoir passez une bonne dizaine d'années dans un rustre monastère, quelqu'un vint chercher la belle, délicate et naïve Jane. Ou plutôt Hyacinthe. Enfin bref, du jour au lendemain, le mariage frappe à sa porte ... C'est un homme de bon...