– À cette simple phrase, mon sang-froid s'est envolé.
Sur ce coup-ci, je le comprends totalement. Je crois que j'aurais réagi de la même manière pour la femme que j'aime.
– La table basse et le verre d'alcool sont partis par la fenêtre et j'ai passé à tabac mon propre père ! Ma mère qui était dans les jardins près de ma chambre a vu les objets tomber juste à ses pieds et a accouru pour voir ce qui se passait même si ce n'était pas la véritable raison de sa venue.
– Elle t'a vu en train de ...
– Bien sûr, m'interrompt-il. Qu'est-ce que tu crois ? J'étais en train de passer à tabac mon propre père. Elle n'a pu que nous voir. Ainsi que tout le sang sur le canapé, les chaises et autres meubles de fortune. Mais elle a surtout aperçu mon père, au sol, baignant dans son propre sang ; et moi, à cheval sur lui, avec mon poing gauche lui tenant le col de son vêtement et l'autre le frappant de toutes mes forces.
Je vois. En réalité, tu n'es qu'une brute épaisse. Je me demande bien ce que Hyacinthe a pu te trouver.
– Je crois que de toute ma vie, je n'avais jamais prononcé un mot plus haut que l'autre à mère. Ce moment-là fut le dernier où je lui ai intimé sur un ton calme et serein, mais hypocrite : « Maintenant que tu es là, tu vas pouvoir soigner mon géniteur, hein ma chère génitrice ? ». J'ai été sanglant dans mes mots, mais ça ne veut pas dire que je ne les regrette pas pour autant. Au contraire, ils voulaient tout signifier pour moi. Ils m'ont permis de coupé un lien qui m'enchaînait à eux.
On dirait moi avec mon père. Quelle ironie !
Moi aussi, j'avais l'impression d'étouffer alors qu'en réalité, il ne m'accordait aucune attention. Tout était pour mon frère aîné. Moi, j'étais la cinquième roue du carrosse. On n'en avait strictement rien à faire de moi et de ce que je pouvais penser. Et c'est sûrement pour ça qu'aujourd'hui je suis encore incapable de dire ouvertement ce que je ressens.
Ça fait mal. J'ai un pincement dans le cœur. C'est comme s'il se consumait. Comme si l'armure que je porte était en train de fondre. Ça fait trop mal.
– Après ça, j'ai baisé la main de ma mère avec mon poing rempli de sang ; je lui ai donné trois coups de bise ; je l'ai câlinée malgré le sang, puis je suis parti. Son visage était livide quand j'ai produit ces gestes. Elle avait perdu toutes ses couleur. Son maquillage faisait tâche sur elle tellement sa beauté factice était devenue une laideur réelle. ... Ma mère a véritablement subi mes actes. Elle n'a pas pu leur résister. Qui plus est, elle n'était pas venue dans le but de voir cette scène. Non, elle était venue pour prendre de mes nouvelles et me parler mariage. Mais bon, comme je te l'ai dit, je suis parti avant qu'elle ait le temps de s'habituer au choc qu'elle a eu en voyant mon père inconscient et le visage déformé par mes poings. ... Ainsi, je suis parti avec un cheval, des vêtements de femme que j'ai emprunté à une domestique, ainsi qu'une grosse couverture en fourrure d'animal.
– Tu ...
Pourquoi je parle ? Je n'ai rien à lui dire. Je ne dois pas...
– Dis-moi. Vas-y, m'interrompt-il dans mes pensées.
– ... Tu es parti la rejoindre ? Tu es parti chercher Hyacinthe ?
– ... Disons que « rejoindre » et « chercher » ne sont pas des mots appropriés à ce qui c'est réellement passé. Non, je dirai plutôt que je suis parti l'« arracher », l'« enlever » des mains souillées de ces gueux de religieux.
Les tiennes ne sont pas mieux que les leurs je te ferai remarquer.
– Comme ça faisait neuf ans que je n'étais pas retourné au monastère, le chemin me semblait bien exigu, et je suis arrivé là-bas au bout de trois jours. ...
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L'inconstance des Sentiments
RomanceUn jour, après avoir passez une bonne dizaine d'années dans un rustre monastère, quelqu'un vint chercher la belle, délicate et naïve Jane. Ou plutôt Hyacinthe. Enfin bref, du jour au lendemain, le mariage frappe à sa porte ... C'est un homme de bon...