Troisième partie : Chapitre 11 → L'art d'éprouver de la douleur

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 – Effectivement. ... Il nous arrivait quelques fois – non souvent – d'en arriver aux mains. Au début, ce n'était rien de bien méchant, nous nous disputions par rapport à la forme de l'éducation que nous voulions donner à nos enfants. Par exemple, quand il y en avait qui faisait une bêtise, nous étions tous les deux d'accord pour faire reprendre notre enfant. Une fois de plus, Hyacinthe utilisait les mots et moi ... j'utilisai la violence. Il m'arrivait de leur donner une tape sur la fesse et de temps en temps, quand la bêtise était trop grande, je leur donnais une tape sur ... le visage. Pour ma femme, c'était dur. Ça lui rappelait le monastère et un soir elle m'a injurié de tyran.

– Comment l'as-tu pris ?

– Ce n'était rien pour la personne que j'étais auparavant. Et je n'en ai pas vraiment prit compte. Ça m'est passé au-dessus de la tête et j'ai continué jusqu'à ce qu'elle se mette à être violente avec moi. Là, j'avais compris. J'avais reçu le message. Si je faisais du mal à mes enfants, le soir, à l'abri des regards ma femme devenait violente. Donc, pour éviter que cela ne recommence j'ai voulu me reprendre mais le problème c'est que s'en était devenu une habitude. Et elle était fermement ancrée en moi. Ma femme avait remarqué que j'essayais de faire des efforts mais, quand les mauvaises habitudes sont instaurées, c'est difficile de les faire disparaître.

– Je vois.

– Bien des années plus tard – quand tu faisais ton service militaire – j'ai sentit que ma femme et moi, nous nous éloignions l'un de l'autre. Sans pour autant se détourner. Et nous nous sommes querellés pour une toute autre chose. Rien avoir avec l'éducation des enfants.

– Quel était le sujet de cette dispute ?

– Mes sentiments à son égard. Autrement dit, mon amour. NOTRE amour. Celui qui commençait à se ... fissurer.

– Comment ça ? Tu veux dire que ce qui c'était produit il y a des décennies avait recommencer.

– Exactement. À la différence près que cette fois, Hyacinthe a affronter la difficulté au lieu de la fuir. Elle est venue plusieurs fois me demander ce qui n'allait pas entre nous. Ce à quoi je répondais que tout allait pour le mieux du monde parce que je ne voyais pas le problème : nous nous parlions, nous nous accordions de nombreuses affections. Enfin, je dirai que nous menions une merveilleuse vie de couple marié et de parents. ... Mais visiblement, nous ne pensions pas la même chose. ... Nous avons commencer à ne plus nous endormir ensemble. Je m'endormais en premier et me réveillais en dernier. Une fois de plus, je ne comprenais pas ce qu'elle faisait. Jusqu'à ce qu'elle me dise que nous ne partagerions plus le même lit. Là aussi, j'avais compris parce que ça m'a fait l'effet d'un uppercut. Je devais changer quelque chose en moi sans pour autant comprendre quoi. ... Puis, elle s'est mis dans la tête quelque chose de particulier.

– Qu'est-ce que c'était ?

– Me faire souffrir.

– ... Comment ça ?

– Elle a ... Comment dire ? ... Elle a rejeté petit à petit ma personne, mon amour et autres sentiments. C'était devenue une souffrance psychologique.

– Je comprends pas. Tu pourrais expliquer plus en détails.

– Oui, ne t'inquiète pas pour ca. Seulement, ce n'est pas facile à décrire comme situation.

– D'accord. Je te laisse réfléchir.

– Merci. ... Je vais commencer par ce qu'elle m'a dit quand j'ai réalisé qu'elle s'éloignait de moi : « Je ne suis pas tombée amoureuse de la personne que j'ai en face de moi. J'ai été amoureuse d'une personne tendre, affectueuse, joyeuse, joueuse et parlante. Pas d'un mort-vivant ou d'un fantôme ! ».

– ... Si j'ai bien compris, elle faisait référence à ta personnalité.

– Non, à mes sentiments plutôt. Pour elle, mes sentiments amoureux et chaleureux disparaissaient à mesure que le temps passait. Elle m'en voulait pour ça. ... J'avais, soi-disant, abandonné mes deux derniers enfants pour mon premier ainsi que mon travail – qu'il devait reprendre quand il aurait été en âge de me succéder. Je ne leurs accordais pas autant d'importance qu'à leur frère. J'aurai été un père pour l'aîné mais pas pour les benjamins. ... Elle me l'a fait comprendre en laissant un vide dans mon cœur – comme j'ai dû laisser dans le leur. ... Je ne la voyais plus de la journée. Seulement pendant les repas où tout le monde était présent mais où je ne pouvais participer à la moindre discussion. Ma femme ne me jetait pas même un regard dans ma direction. ... Notre famille qui était soudée en apparence était en réalité extrêmement fragile à l'intérieur. Et le membre le plus fragile selon Hyacinthe, c'était moi. Son époux. Rien de plus que ça, hein ? ... D'après elle, j'étais incapable d'être « un homme au sentiments constants » disait-elle. C'est comme ça qu'elle me décrivait : sans sentiments et travailleur acharné. ... Puis, quelques jours plus tard, cette fameuse nuit est apparu, ... J'avais décidé de la voir et de discuter avec elle parce que je voulais que tout ce cirque cesse une bonne fois pour toute. Je ne voulais plus voir les personnes que j'aimais souffrir. Et je ne voulais plus avoir à souffrir.

– Mais ...

– Mais au lieu de répondre à mon discours, elle m'a posé un ultimatum... : « Voici le choix que je t'offre. Soit tu me choisis et tu laisses tout. ». À ce moment, elle avait déjà brûlé nos lettres et elle m'avait planté un poignard dans la jambe droite. C'est pour ça que je suis quasiment incapable de marcher sans canne aujourd'hui. « Soit tu restes ici et je pars. Sans toi. Je vous abandonne toi, ces enfants et vos sentiments pour moi. Je n'aurai aucun scrupule à le faire et tu le sais très bien. »

– Ouah. Je ne savais pas. Même Thalia et Azel ne m'avaient pas dit ça de cette manière.

– C'est parce que Hyacinthe les a épargné. Elle a fait ça pour vous. Pas pour moi.

– Qu'as-tu choisi ? Parce qu'il me semble t'avoir vu encore pendant un long moment après qu'elle soit parti.

– Rien. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas abandonner les affaires avant que tu termines ton service et que tu reprennes l'entreprise. Elle l'avait compris mais son choix était fait. Le lendemain matin, elle n'était pas présente pour le repas du matin. Quand Azel, Thalia et moi nous nous en sommes rendu compte, nous sommes sortis en trombes et l'avons cherché partout. C'est Thalia qui l'a trouvé en premier. Je l'ai rejoins quelques minutes après et mon fils a fait de même. Quand nous les avons vu, ma femme faisait un câlin à cette enfant. Des larmes se sont mis à couler de mes iris sans que je m'en aperçoive. Azel les a rejoins en courant à toute allure et s'est joint à elles dans ce moment de dernières affections. Ils se parlaient mais je n'entendais rien. ... Thalia est venue vers moi pour me donner un morceau de papier que je n'ai pas pris la peine d'observer. J'étais abasourdi. Je croyais rêver. Je pensais faire un cauchemar. Puis, elle est repartie pour lui faire une toute dernière accolade. Puis, tous les deux rentrèrent à la maison et j'eus le droit à une injure de mon fils. La dernière phrase qu'il daigna me décrocher jusqu'à hier : « Tu n'es qu'un connard sans aucun sentiment. Tu ne la mérites pas. Ni aujourd'hui, ni hier, ni demain. Jamais ! ». Est-ce que c'était une phrase que ma femme voulait qu'il me transmette, j'en doute. Fortement.


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L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant