Troisième partie : Chapitre 7 → L'art d'éprouver de la manipulation

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          Quelque part dans le village.

– Comment te sens-tu ? Ça va mieux ?

– J'ai arrêté de pleurer dons j'imagine que ça peut aller.

– Où veux-tu aller ? Ou plutôt où veux-tu m'amener ?

– J'aimerais aller près du lac. Il y a un bon restaurant à côté, on aura qu'à aller là-bas après.

– D'accord. Ce programme me plaît. Et j'imagine que c'est pour cette raison que tu as pris deux cannes à pêche ?

– Oui. La pêche est bonne en cette saison. Je voudrais en profiter avant qu'il n'y est beaucoup de monde.

          Je comprends. C'est le mois de mars et le temps est à son comble. Les rayons du soleil encore peu nombreux mais virulents nous font suer comme si nous avions passé des heures dehors. Pour tout vous dire, cela faisait une quinzaine de minutes que nous marchions et je sentais déjà ma gorge s'assécher et mon front dégouliner.

– Très bien. Par contre, je te préviens tout de suite mais je suis un très mauvais pêcheur.

          Il rigole. Ça fait plaisir de voir qu'il a retrouvé son sourire habituel : un peu timide, léger mais grave, à pleine dents mais refermé.

          Ça me ferait presque de la peine de finir cette mission que nous a confié cette femme.

– Voici le lac, me dit-il. Et le ... restaurant qui se situe vraiment, juste à côté.

          C'est un lac entouré de montagne. Et le restaurant dont il parle est en réalité un petit kiosque en bois de chêne avec quelques sièges.

– Cela risque d'être dur d'avoir de la viande fraîche, ricane-je.

          Hormis ce petit détail qui veut dire que nous n'aurons pas le droit à un repas ce midi, la vue est très belle et c'est le calme absolu – j'en oublierai presque tout mes tracas de la ville et de mon travail.

          Nous sommes entourés par la nature. Il n'y a qu'une entrée et qu'une sortie. Comme un circuit que nous devons suivre. Et contrairement à ce que je pensais, nous ne payons pas notre entrée. Visiblement, cet homme est un grand connaisseur et il a le droit à un accès illimité. Quel veinard !

          Enfin, je ne m'y attarderai pas. Marchons, écoutons et écrivons jusqu'à la fin.

– Continue s'il te plaît.

– Si tu veux bien, je préférerai procédé chronologiquement. Donc je reprendrai après notre baiser.

– Comme tu voudras. C'est toi qui choisis. Fais comme ton instinct te le dit.

– Merci Gabriel. ... Alors, après cette matinée, il n'y a rien eu de particulier, mais je sais que tu veux des détails donc je vais t'en donner un maximum pour pouvoir combler Thalia.

– Comment sais-tu que c'est pour Thalia ?

– Elle n'est pas très discrète. Et puis, je n'ai pas arrêté de vous mentir. Mais ça, tu le sais déjà.

– Oui. Et d'ailleurs, on devra avoir une discussion par rapport à ta « maladie ».

– Je sais. Je m'y étais préparé. Enfin, là n'est pas le sujet. ... Pendant un mois ou deux, Hyacinthe a dû apprendre à se comporter comme les nobles le faisaient. Se laver tous les jours ; gérer les finances ... être une « bonne maîtresse de maison » disait ma mère. S'il n'y avait eu que moi, je l'aurais laissé se prélasser dans notre lit toute la journée ; rester habiller en robe de chambre ; manger dans le lit ... et seulement lui apprendre à éprouver de la joie et du bonheur. Mais non ! Ma mère s'en est mêlée et à tout gâché. Résultat, ma femme a été complètement dépaysée du jour au lendemain. Elle l'a amené partout comme un petit chien à faire les boutiques en s'arrêtant seulement dans les endroits qui l'intéressait elle, puis à lui présenter toutes ses amies qui cessèrent de la reluquer dans tous les sens...

L'inconstance des SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant