Chapitre 1

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 Le camp du Clan du Tonnerre bourdonnait d'activité en cette fin de matinée. Les rayons du soleil perçaient à travers la canopée, projetant des taches lumineuses dans la clairière où les chatons s'ébattaient joyeusement. Parmi eux, Petite Araignée, au pelage noir zébré de blanc, bondissait avec enthousiasme, tentant de surprendre Petite Aile dans une embuscade improvisée.

A quelques longueurs de queue de là, Petite Patte observait la scène en silence depuis l'entrée de la pouponnière. Elle se tenait juste assez loin pour ne pas attirer l'attention, mais suffisamment près pour entendre les rires et les miaulements de ses camarades. Son frère, Petite Araignée, avec ses mouvements vifs, semblait avoir trouvé sa place parmi les nouvelles chatonnes du clan. Il s'élança de toutes ses forces sur Petite Noisette, qui riposta d'un coup de patte espiègle, tandis que Petite Aile se faufila derrière lui pour tenter de le déséquilibrer.

"Petite Patte, viens m'aider !" cria le chaton noir, essoufflé mais le regard brillant.

Petite Patte fit un pas en avant, hésitante. L'idée de se joindre à eux l'attirait, mais une peur sourde lui noua le ventre. Et si elle faisait un faux pas ? Et si elle ne réussissait qu'à se rendre ridicule ? Et si les autres la regardaient avec cet air moqueur qu'elle redoutait tant ? Elle sentit ses pattes trembler légèrement à cette pensée, et préféra se reculer un peu, baissant les yeux pour éviter le regard insistant de son frère.

"Laisse tomber, Petite Araignée, lança Petite Noisette, une chatonne au pelage beige foncé, en haussant les épaules. Petite Patte ne joue jamais avec nous."

Un peu plus loin, Petite Moustache poussa un cri de joie en bondissant sur Petite Noisette. Les chatonnes roulèrent sur le sol, pleines de vie. Petite Patte les regarda, un nœud dans la gorge, mêlant envie et soulagement. Elle ne voulait pas être le centre de l'attention, pas aujourd'hui. Peut-être pas demain non plus.

Un doux contact contre sa joue fit sursauter la chatonne grise pâle. Pluie d'Épine, sa mère, était venue s'asseoir à ses côtés, ses yeux bleus débordant de tendresse fixés sur elle.

"Au moins, ta fourrure à toi restera propre, ronronna la reine doucement en lui donnant un coup de langue réconfortant entre les oreilles.

- Je dois aller avec eux ?

- Si tu n'en as pas envie, rien ne t'y oblige. Tu peux aussi bien rester là.

- Mais... Bourgeon de Rose dit que les chatons jouent toujours ensemble. Et Petite Noisette dit que je ne sais pas m'amuser, que je ne suis pas drôle...

- Et toi, qu'en dis-tu ? soupira doucement Pluie d'Épine, une lueur de tristesse dans les yeux.

- Eh bien, je... Je ne sais pas.

- Tu préfères être seule, tu en as le droit, miaula Pluie d'Épine en soufflant du museau. Tous ceux qui osent te reprocher d'être comme tu es sont des cervelles de souris." Elle fit une pause, puis fit mine de faire demi-tour pour retourner à l'intérieur avec Truffe de Lilas, qui l'attendait. "Si tu veux jouer avec eux, vas-y. Si tu ne veux pas, ne le fais pas. C'est aussi simple que ça ! Tu as tout le temps de trouver ton propre rythme. Le choix est le tiens."

Le cœur de la chatonne s'allégea un peu, rassurée des paroles de sa mère. Mais au fond d'elle, une petite voix lui soufflait qu'elle devait être plus courageuse, que Petite Noisette avait raison. Peut-être qu'elle était vraiment ennuyeuse. Pluie d'Épine parlait de trouver son rythme, mais combien de temps cela prendrait-il ? Combien de temps resterait-elle là, à regarder les autres s'amuser sans elle ? Aujourd'hui, rester à l'écart lui semblait encore la meilleure option. Ils ont l'air de tellement s'amuser, remarqua la chatonne avec un pincement au cœur. Elle enviait ses camarades, mais ne comprenait pas pourquoi c'était aussi facile pour eux, et si difficile pour elle.

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