Chapitre 3

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Le vent s'était levé brusquement, portant avec lui l'odeur humide de la terre et des feuilles en décomposition. La saison des feuilles mortes s'était abattue sur la forêt plus tôt que d'habitude, surprenant le Clan du Tonnerre avec un froid mordant qui semblait s'insinuer dans chaque tanière, chaque fourrure. Les arbres qui bordaient le camp perdaient rapidement leurs feuilles, créant un tapis roux et brunâtre sur le sol autrefois verdoyant.

Petite Patte frissonnait, sa fine fourrure ne suffisant plus à la protéger des rafales glacées. Le vent lui coupait le souffle, et elle se sentait de plus en plus faible chaque jour. Le matin, elle se réveillait avec la gorge sèche et des courbatures qui rendaient chacun de ses mouvements douloureux. Elle passait désormais la plupart de son temps recroquevillée dans son nid, sa respiration devenant rauque, comme si quelque chose l'étranglait de l'intérieur.

"Tout va bien, Petite Patte ? demanda Petite Araignée, les yeux plissés. Tu n'as pas arrêté de gémir toute la nuit.

- Je suis juste... fatiguée, articula-t-elle, ne souhaitant pas se plaindre d'un simple mal de gorge. J'ai fait un cauchemar."

A son grand soulagement, son frère ne posa pas plus de questions. Même en restant à l'abri de la pouponnière, Petite Patte avait remarqué que le Clan du Tonnerre avait changé. Les guerriers chassaient plus que d'habitude, ramenant des proies maigres, leur pelage hérissé par le froid qui les suivait partout. Même les chatons ne sortaient plus.

"Pluie d'Épine dort encore ? remarqua Bourgeon de Rose en passant la tête à l'intérieur du repère.

- Oui, elle a de plus en plus de mal à se lever, répondit Petite Araignée avec légèreté. Truffe de Lilas dit que c'est à cause du froid."

D'après le regard inquiet de la guérisseuse, Petite Patte jugea que le problème ne venait pas simplement du froid. Oh non... Elle est comme moi, elle est malade ! s'affola silencieusement la chatonne en jetant un coup d'œil vers sa mère roulée en boule, la queue posée sur sa truffe. Au début, personne ne s'était vraiment inquiété. Une toux par-ci, un frisson par-là, cela arrivait souvent en cette saison. Mais à mesure que les jours passaient, les toux devenaient plus fréquentes, plus sèches, plus douloureuses. Des guerriers qui autrefois se tenaient fièrement sur leurs pattes se retrouvaient cloués au fond de la tanière des guérisseurs.

Bourgeon de Rose disparut pour aller s'occuper des autres malades. Mais très vite, Griffe de Chêne s'invita à son tour, une musaraigne entre les crocs. D'un pas léger et silencieux, il la déposa près de sa compagne, avant de lui lécher doucement la joue.

"Griffe de Chêne ! Quand allons-nous être apprentis ? demanda encore une fois Petite Araignée, ne tenant plus en place.

- Bientôt, répondit son père, distrait. De toute façon, vous serez bien obligés. Fleur Dorée attend que vous soyez baptisés pour rejoindre la pouponnière, par manque de place.

- Fleur Dorée attend des petits ? répéta Petite Patte, un pincement au cœur.

- C'est exact. Elle attend les petits de Croc Blanc. Il était temps !"

Truffe de Lilas la félicita, mais Petite Patte sentait un nœud se former dans son estomac. Fleur Dorée dans la pouponnière, elle ne pourra pas avoir d'apprenti. Et à part la guerrière au poil roux pâle, Petite Patte n'avait d'affinité avec personne parmi les guerriers. Finalement, elle était presque soulagée que sa maladie puisse retarder son baptême.

Laissant sa compagne se reposer, Griffe de Chêne quitta la tanière en traînant la queue, la regardant une dernière fois avant de sortir pour de bon. Pensive, Petite Patte ne remarqua même pas que les trois chatonnes les plus jeunes avaient commencé à grimper sur le dos de Truffe de Lilas. Dans quelques jours, je serai apprentie. Et ma vie ne sera plus jamais pareille, pensa la petite chatte grise avec un frisson.

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