Ostru: Fragments d'un Monde Déchu

Chapitre 11

Il était 00h30, et Tom et Phran arpentaient les rues d'Orthetia, cherchant à se détendre avant d'affronter ce qu'ils savaient être un moment compliqué et stressant. Ils marchaient en silence, leurs pas résonnant doucement sur les pavés tandis qu'ils laissaient leurs regards errer sur les bâtiments qui les entouraient. Malgré l'agitation intérieure qui les habitait, ils ne pouvaient s'empêcher d'admirer la beauté de la capitale.

Orthetia n'était pas simplement une capitale, elle était le cœur battant d'un monde en reconstruction. Les bâtiments, érigés à partir des ruines de l'ancien monde, avaient été rebâtis avec des pierres solides, rappelant une époque révolue où la grandeur architecturale était synonyme de puissance. Ces structures anciennes conféraient à la ville une majesté intemporelle, mais cette image était en contraste saisissant avec les objets cybernétiques qui parsemaient la ville. Des câbles luminescents serpentaient le long des façades, reliant des dispositifs holographiques qui flottaient dans l'air, diffusant des informations en temps réel. Des drones silencieux patrouillaient les rues, leurs lumières clignotantes ajoutant une touche de modernité froide à l'atmosphère historique. Ce mélange de l'ancien et du futur, de la pierre brute et de la technologie avancée, faisait d'Orthetia un lieu à la fois magnifique et inquiétant.

Pourtant, ce soir-là, la beauté de la ville était ternie par une tension palpable. Les rues, d'habitude animées même à cette heure tardive, étaient étrangement silencieuses. Des groupes de rôdeurs se formaient ici et là, chuchotant entre eux, lançant des regards furtifs autour d'eux. L'annonce de la trahison présumée de John Rock avait secoué la ville comme une onde de choc. John, respecté et craint par tous les rôdeurs, était l'homme qui les avait trouvés, rassemblés, et pour certains, aidés à se reconstruire après l'apocalypse.

Le fait qu'il soit désormais considéré comme un rôdeur libre avait semé le doute dans l'esprit de beaucoup. Comment un homme comme John, un pilier de la communauté, pouvait-il trahir ? Ceux qui le connaissaient ou avaient été touchés par sa générosité commençaient à remettre en question l'autorité des Counters. Pour eux, si John avait choisi de rompre avec les ordres, c'était sans doute pour une raison justifiable, une raison qu'ils étaient de plus en plus nombreux à vouloir comprendre.

À mesure que la nuit avançait, la tension dans les rues montait. Les murmures se faisaient plus insistants, les regards plus déterminés. Certains rôdeurs commençaient à envisager l'idée de se soulever, d'organiser une résistance. De petits mouvements de révolte prenaient forme dans l'ombre, alimentés par le respect et la loyauté que John Rock inspirait encore.

Alors qu'ils approchaient du point de rendez-vous, Tom jetait des regards discrets à Phran, un sourire doux flottant sur ses lèvres. Il pouvait sentir la tension qui l'habitait, chaque pas les rapprochant d'un moment décisif. Malgré l'appréhension, il murmura à son amie d'une voix déterminée :

« Faut qu'on réussisse ce soir, Phran. Pour Itani. Elle aurait renversé ciel et terre pour nous, alors on va détruire tout ce système pour elle. »

Phran tourna légèrement la tête vers lui. Elle savait que Tom avait raison. Itani avait toujours été le cœur battant de leur trio, celle qui, par son énergie et sa loyauté, les avait souvent poussés à se surpasser. Pour elle, il n'y avait jamais eu de demi-mesures, seulement l'absolu. Ce soir, ils étaient prêts à tout, même à risquer leurs vies.

« Itani... » murmura Phran, presque pour elle-même. « Elle nous a toujours protégés, toujours poussés à être plus forts, à ne jamais reculer. Elle a cru en nous quand personne d'autre ne l'aurait fait. Alors oui, on va tout faire pour elle. »

Tom observait Phran avec une intensité particulière, son regard capturant chaque nuance de son expression. Ce n'était pas simplement de la détermination qu'il voyait dans ses yeux, c'était une volonté indomptable, une force intérieure qui ne fléchirait pas, même face aux pires dangers.