Chapitre 17

16 7 1
                                    

Alors que les vagues heurtaient la coque du bateau avec une force croissante, la mer devenait de plus en plus tumultueuse. L'équipage, silencieux jusqu'alors, échangea des regards lourds de sens, un langage muet mais clair :

il arrivait.

John, d'un geste brusque, brisa le silence. "Tame, va te mettre à l'abri," lui ordonna-t-il d'une voix ferme. Le jeune garçon, percevant l'urgence dans le ton de John et la tension palpable dans l'air, ne tarda pas à se faufiler vers un endroit plus sûr sans un mot.

Les vagues, devenaient de plus en plus féroces, C'était comme si l'océan lui-même s'éveillait, prêt à accueillir la venue imminente de l'entité envoyée pour les éliminer. Chaque nouvelle vague qui s'écrasait contre le navire semblait plus violente que la précédente, projetant des embruns salés dans les airs, tandis que le vent hurlait à travers les voiles, tordant le tissu dans un effort désespéré pour capturer chaque souffle pour accélérer leur fuite.

John, fermement ancré à la barre, luttait pour maintenir le cap du bateau. Les voiles, gonflées par un vent capricieux, étaient tendues à leur maximum, leur blancheur tranchant avec le gris menaçant du ciel et de la mer. L'atmosphère était électrique, chaque membre de l'équipage ressentait dans ses veines l'approche de la tempête, un mélange d'anticipation et de peur alors que la nature elle-même semblait se préparer à un affrontement titanesque.

Dona laissa échapper un soupir léger, un murmure à peine audible destiné à apaiser son cœur battant. À côté d'elle, John relâcha un instant la barre, pivotant pour faire face à la direction d'où émanait le danger imminent. Nim, quant à lui, s'étira lentement, ses yeux se fermant brièvement tandis qu'il se plongeait dans une méditation profonde, cherchant un calme intérieur avant la tempête à venir.

Soudain, les vagues qui martelaient le bateau avec une férocité sans pareil cessèrent abruptement, et l'océan prit l'apparence trompeuse d'un lac paisible. Sous la surface, les poissons s'agitaient en un ballet frénétique, tentant d'échapper au péril imminent. L'eau se métamorphosa, adoptant une teinte d'un bleu pur, si clair et si transparent qu'il semblait être l'œuvre d'un artiste divin.

C'est alors qu'ils le perçurent clairement. Une portion de l'eau se mit à se désintégrer, formant des bulles qui, comme aspirées vers le ciel, s'élevèrent en un tourbillon majestueux. Ce ballet aquatique continua jusqu'à ce que, de ce maelström de bulles, émergeât la silhouette d'un jeune homme. Son apparition était à la fois terrifiante et fascinante, comme si l'océan lui-même avait pris forme humaine. Sa présence était aussi naturelle que les vagues et aussi impérieuse que la marée.

L'homme, émergeant de ce spectacle aquatique, semblait être façonné de l'essence même de l'océan. Chaque mouvement qu'il faisait était fluide, rappelant les ondulations de l'eau, et l'air autour de lui vibrait d'une puissance aqueuse. Son visage, jeune et énigmatique, portait la tranquillité de l'eau profonde et la menace de la tempête. Il était l'incarnation vivante de l'océan, un entrelacs de beauté et de danger, un être dont la simple présence affirmait une connexion intime et terrifiante avec les vastes profondeurs bleues qui les entouraient.

"John Rock, enfin te voilà. J'espère que vous avez savouré vos derniers instants de liberté," déclara le jeune homme avec une assurance qui trahissait son jeune âge. Malgré ses vingt ans à peine, il était déjà considéré comme l'un des Counters élémentiels les plus redoutables. Après tout, qui pourrait prétendre stopper l'eau ? Sa voix calme et posée reflétait une maturité intellectuelle, révélant un esprit analytique et précis. Ses mots n'étaient pas une menace mais un constat froid : il était là pour les anéantir.

Les membres de l'équipe échangèrent des regards lourds d'inquiétude, mesurant l'aura oppressante qui émanait du jeune Counter. Sa maîtrise de l'Essens dégageait une puissance qui leur glaçait le sang. Que ce soit Dona, John, ou Nim, chacun ressentait acutément l'abîme de capacités qui les séparait de leur adversaire.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant