Chapitre 3

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La tempête faisait rage. Un petit garçon, âgé de seulement trois ans, se tenait là, torse nu, vêtu uniquement d'un petit short, au milieu de ce chaos déchaîné. Il pleurait, suppliant qu'on le laisse partir, mais personne n'écoutait ses cris. Une tempête de sable est l'une des pires tortures pour un enfant. Chaque grain de sable, porté par les vents violents, frappait sa peau tendre comme des milliers de piqûres brûlantes, s'infiltrant dans ses yeux, ses narines, sa bouche, et chaque recoin de son corps, lui infligeant une douleur inhumaine. Le jeune Nim, avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus, ressemblait à un ange égaré dans l'enfer. Pourtant, son corps portait déjà les cicatrices de cette cruauté répétée : des cicatrices qui racontaient l'histoire d'un enfant soumis à des épreuves bien trop dures pour son âge.
Derrière lui, un homme d'une trentaine d'années le surveillait, son regard froid et impitoyable rivé sur lui. Cet homme, loin d'être un protecteur, était un bourreau, déguisé en mentor. Son rôle, en apparence, était d'entraîner Nim, de faire de lui un Rodeur, mais ses méthodes étaient brutales, dénuées de toute compassion, cherchant plus à briser l'enfant qu'à l'élever.

« Allez, Nim ! Si tu ne veux plus avoir mal, alors utilise l'Essens ! Calme cette putain de tempête, tu n'arriveras à rien si tu continues à chialer comme une merde ! » tonna-t-il, sa voix sévère résonnant comme un coup de fouet dans l'air saturé de sable.

Le petit Nim, à peine conscient de ce que signifiait réellement l'Essens, était paralysé par la terreur. Les larmes coulaient sur ses joues poussiéreuses, se mêlant aux grains de sable qui lacéraient son visage. Son cœur battait à tout rompre, non seulement à cause de la tempête qui semblait vouloir l'engloutir, mais aussi à cause de la peur viscérale que lui inspirait cet homme. Il n'avait que trois ans, un âge où un enfant devrait être entouré de chaleur et de tendresse, mais lui, se trouvait plongé dans un cauchemar éveillé, seul face à une force qu'il ne comprenait pas, face à une violence qu'il ne savait pas comment contrer.
Le monde autour de lui n'était qu'un tourbillon de douleur et de désespoir. Chaque souffle de vent semblait porter une nouvelle vague de souffrance, chaque mot de son maître enfonçait un peu plus le couteau dans la plaie béante de sa peur. Il voulait crier, il voulait fuir, mais il était cloué sur place, paralysé par la terreur et la douleur. Il sentait l'Essens en lui, une force sauvage, incontrôlable, qui grondait comme la tempête elle-même, mais il ne savait pas comment la maîtriser, comment l'utiliser pour apaiser ce chaos infernal. Tout ce qu'il ressentait, c'était une colère aveugle, une peur dévorante, un désespoir qui lui nouait l'estomac.

Son maître n'était pas simplement sévère ; il était cruel. Il voyait la peur dans les yeux de Nim, et au lieu de l'apaiser, il l'utilisait comme une arme, cherchant à briser l'enfant pour mieux le remodeler à son image. Nim, les jambes tremblantes, voulait obéir, voulait faire disparaître la tempête comme son maître l'exigeait, mais il ne savait pas comment. Il était seul, terriblement seul, perdu dans cette mer de sable et de douleur.

Aujourd'hui, alors que Nim ressentait à nouveau le sable frapper contre son corps, il se trouvait protégé par un masque qui le couvrait, un bouclier contre les blessures du passé. Il détestait toujours le sable, mais il savait aussi que ce sable faisait partie de lui, qu'il était à la fois son ennemi et son allié. Cette fois, il n'était pas au milieu du désert pour s'entraîner, mais pour prouver sa valeur, pour montrer ce qu'il avait dans le ventre. Peu importait ce qu'était cette mission, il était prêt à la réussir, à tout prix. Le souvenir du petit garçon terrifié était toujours là, tapi au fond de lui, mais maintenant, Nim était plus fort, endurci par des années de douleur et de lutte. Aujourd'hui, il allait affronter le désert, et ce ne serait pas lui qui reculerait.

Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils marchaient dans le désert, John en tête, connaissant parfaitement la route, tandis que Dona fermait la marche. Nim et Itani, quant à eux, se trouvaient au milieu du groupe. Depuis leur départ, le silence régnait, lourd et pesant, comme s'ils traversaient un lieu sacré, où le moindre mot aurait été une profanation. Le paysage autour d'eux était désolé, une étendue morne et lugubre, marquée par les vestiges d'un monde autrefois vivant. Des ruines se dressaient ça et là, témoins silencieux d'une civilisation disparue. Des carcasses de voitures rouillées gisaient sur le sol, vestiges de vies autrefois florissantes, maintenant réduites à l'état de débris. Parfois, des squelettes blafards apparaissaient sous la surface du sable, leurs os blanchis par le temps. À d'autres moments, des mutants, créatures déformées par l'apocalypse, s'affairaient à ronger des os, mais à la vue de l'équipe, ils se dispersaient rapidement, effrayés par l'aura imposante qui émanait des Rodeurs. Cette aura suffisait à faire fuir ces monstres, dont la présence même était une preuve de la dévastation qui avait frappé ces terres.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant