Chapitre 42

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Des toquements résonnèrent sur la porte métallique qui le retenait prisonnier. Ces coups furent rapidement suivis par l'ouverture de la petite trappe dans la porte, à travers laquelle un plateau repas fut glissé avec une indifférence mécanique. Comme chaque jour, le repas avait l'air aussi répugnant qu'il en avait le goût.

Aster ne perdit pas une seconde. La douleur brûlante sur certaines parties de sa peau, les courbatures qui harcelaient son corps à chaque mouvement, tout cela s'effaça derrière la colère grandissante qui bouillonnait en lui. Il se leva précipitamment, le visage marqué par une fureur contenue, et d'un geste brusque, renversa le plateau d'un coup de pied, envoyant la pitance sur le sol sale de sa cellule.

Sans réfléchir, il se précipita vers la petite fenêtre encore ouverte de la porte et agrippa violemment le col de l'infirmier chargé de lui apporter son repas. Il tira l'homme avec une force brutale, l'attirant contre la porte avec un fracas métallique. L'infirmier, surpris et paniqué, tenta de se dégager, mais l'emprise d'Aster était implacable, alimentée par une adrénaline décuplée par sa rage.

Leurs visages presque collés, Aster approcha son propre visage, les yeux brûlant d'une fureur froide. Ses mâchoires serrées, il murmura d'une voix rauque, menaçante, presque bestiale : « Je veux voir Huges. »

Le ton était sans appel, lourd de promesses sombres. L'infirmier, les mains tremblantes, tentait désespérément de se libérer, mais c'était peine perdue. Aster le dominait, son corps épuisé par les jours de captivité et de torture semblait soudainement habité par une énergie furieuse. Chaque muscle tendu, chaque geste calculé, il n'était plus qu'une incarnation de la haine et de la volonté.

Le poids des jours passés dans cette cellule, la douleur, la trahison, et la peur pour Phran, tout se condensait en cet instant. Chaque seconde que Huges restait hors de sa portée alimentait cette haine, cette brûlure intérieure qui le dévorait de l'intérieur. Il ne pouvait plus se contenir.

L'infirmier, les yeux écarquillés de terreur, hoqueta quelques mots dans une tentative de justification, mais la poigne d'Aster se raffermit encore. « Dis-lui... que je veux le voir maintenant... ou je jure que tu ne sortiras pas d'ici en un seul morceau, » siffla-t-il, sa voix devenant un grondement sourd, comme un orage prêt à éclater.

L'infirmier, terrorisé, hocha frénétiquement la tête, les lèvres tremblantes, suppliant silencieusement d'être relâché. Aster resta un moment figé, les yeux perçant, avant de le lâcher brusquement, le poussant avec dédain.

L'homme s'écroula au sol, haletant et désorienté, avant de se relever maladroitement et de fuir, ses pas précipités résonnant dans le couloir, alors qu'Aster, lui, se tenait debout, seul dans cette cellule métallique, respirant lourdement, ses poings serrés à s'en faire blanchir les jointures.

Il ne pouvait plus attendre. Huges allait devoir répondre de ses actes.

« Je suis là, Aster, » fit Huges en apparaissant sur son chemin. Son ton était calme, presque indifférent avec un soupir exaspéré. Huges semblait fatigué par ce qu'il considérait comme un comportement puéril. Ce simple geste, si désinvolte, fit bouillir le sang d'Aster.

« Déjà remis de ton petit moment de bronzage ? » lança Huges avec un sourire narquois, ses yeux froids fixés sur Aster à travers la petite fenêtre. Il avait ce regard distant, arrogant, comme s'il était intouchable, se délectant de la souffrance qu'il avait infligée.

Aster serra la mâchoire, les souvenirs de son calvaire resurgissant avec une violence qui lui brûlait la peau. Il avait passé plusieurs jours sous une lumière cruelle, brûlante, un supplice minutieusement orchestré par Huges pour tester les limites de son Essens. Le laboratoire, clinique et aseptisé, n'avait été que le théâtre de son agonie. Placé sous une lumière artificielle d'une intensité infernale, Aster avait senti chaque seconde s'étirer, chaque rayon de cette lumière blanche attaquant son corps comme des lames chauffées à blanc.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant