Chapitre 5

38 9 7
                                    

« Irresponsable, voilà ce que tu es ! Une sale gamine irresponsable ! Sûrement pas digne de devenir un Rodeur ! » hurla une vieille dame, sa voix sévère résonnant dans le couloir sombre de l'orphelinat. La jeune fille en face d'elle, baissa les yeux, incapable de soutenir le regard enflammé et strict de la vieille dame. Ses petites mains se crispaient nerveusement sur le bas de sa robe, son cœur battant la chamade.

« Mais je... » commença la jeune fille, sa voix tremblante, cherchant désespérément à s'expliquer, à trouver une justification, avant d'être violemment interrompue.

« Non, Itani ! Suffit les excuses bidon ! » coupa la vieille femme, sa voix tranchante comme une lame. Sans lui laisser le temps de répondre, elle saisit brutalement Itani par le bras et la poussa dans une pièce obscure. Cette pièce, noire comme la nuit, sans la moindre lueur, équipée seulement d'un lit en métal et de toilettes rudimentaires, aurait suffi à effrayer n'importe quel enfant. Mais Itani, bien que le cœur lourd, ne réagit pas. Elle connaissait trop bien cette punition, elle y avait déjà goûté plus souvent qu'elle ne l'aurait voulu.

La porte en fer se referma violemment derrière elle, résonnant dans l'obscurité. La vieille dame ne prit même pas la peine de lui adresser un dernier regard avant de tourner les talons. La porte avait de simples barreaux, laissant filtrer une faible lumière du couloir, une lueur pâle qui ne faisait qu'accentuer la froideur du lieu.

Itani se laissa tomber sur le lit, ses jambes fléchissant sous le poids du chagrin et de l'épuisement. Elle avait l'habitude de l'isolement. Son comportement, jugé trop rebelle, déplaisait à la plupart des maîtresses et maîtres de l'orphelinat. Ils ne comprenaient pas que sa fougue, sa volonté de bien faire, naissaient d'un cœur plein d'espoir et de compassion, et non de la rébellion qu'ils croyaient voir en elle.

Le temps passa, et dans le silence de la nuit, des pas se firent entendre dans le couloir. Itani se redressa légèrement, tendant l'oreille. Une voix timide, douce, s'éleva de l'autre côté de la porte.

« Itani... ? » appela une petite voix, presque un murmure.

Itani sourit malgré elle, reconnaissant immédiatement cette voix qui lui réchauffait le cœur. Elle se précipita vers la porte, ses petites mains agrippant les barreaux froids.

« Phran ! Qu'est-ce que tu fais là ? C'est dangereux, tu sais... » chuchota-t-elle, essayant de masquer la joie évidente dans sa voix.

Phran, de l'autre côté, se mit sur la pointe des pieds, passant délicatement un petit objet à travers les barreaux. « C'est pour ton anniversaire... Faut... faut que tu arrêtes les bêtises, Itani... » dit-elle, sa voix tremblante d'inquiétude.

Itani prit l'objet avec précaution. C'était un oiseau en origami, soigneusement plié, contenant un petit mot à l'intérieur. « Pour Itani ! À ses 8 ans ! On t'aime. » En lisant ces mots, elle sentit ses yeux s'embuer, des larmes qu'elle tenta de retenir. Elle s'assit, dos à la porte, serrant l'origami contre elle, comme un trésor. Elle se sentait submergée par un sentiment de profonde solitude, un vide qu'elle ne pouvait combler. Elle s'imaginait ce que pourrait être un vrai anniversaire, entourée d'une famille aimante, avec des rires, des câlins, et une chaleur qu'elle ne connaissait pas. Mais cette réalité lui échappait, et tout ce qu'elle avait, c'était cet instant, ces quelques mots d'amitié sincère.

« Tu sais... » commença-t-elle, la voix étouffée par l'émotion, « Je voulais juste libérer les animaux. Ils sont utilisés pour qu'on teste nos compétences sur eux... Mais... un Rodeur est censé sauver la vie d'autrui, pas la détruire. Si je sacrifie ma vie pour devenir le héros des autres, je veux que les autres, eux, puissent au moins profiter de leur vie, tu comprends ? »

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant