Ostru: Fragments d'un Monde Déchu

Chapitre 21

« Reviens ici, gamin ! » hurla un vieil homme, tenant fermement le comptoir de sa boutique. Ses yeux suivaient l'enfant qui s'enfuyait à toute allure, un fruit volé serré dans sa petite main. Ses cris alertèrent les gardes, qui arrivèrent rapidement sur les lieux. Leurs visages étaient dissimulés derrière des masques presque cybernétiques, tout comme les rôdeurs. Cependant, à la différence de ces derniers, les gardes portaient des uniformes identiques : un simple pantalon et un haut, parfois à manches longues, parfois courtes, selon le temps.

Le jeune garçon, Tame, courait aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. Ses poumons brûlaient et ses pieds frappaient le sol irrégulier des ruelles avec une urgence désespérée. Derrière lui, les pas réguliers des gardes résonnaient, mais il connaissait ces chemins mieux que quiconque. Tame bifurqua soudainement, prenant un raccourci par des passages trop étroits pour les gardes. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine alors qu'il escaladait une paroi en bois, puis glissa à travers une petite fissure entre deux bâtiments.

Mais alors qu'il pensait être à l'abri, il trébucha violemment en bousculant une femme. Pris par l'élan, il tomba lourdement au sol. Le choc le laissa étourdi un instant, et son premier réflexe fut de se relever pour fuir à nouveau. Mais une douleur vive traversa sa cheville lorsqu'il tenta de se remettre sur pied, l'obligeant à boiter. Il scruta les environs, cherchant désespérément un endroit où se cacher.

La femme qu'il avait percutée se tenait toujours là. Elle l'observait avec des yeux étrangement orangés, ses longs cheveux noirs flottant légèrement autour d'elle. Un sourire amusé dansait sur ses lèvres, comme si la situation l'amusait. Elle semblait bien trop calme face à cette scène.

« Je vais t'aider, petit, » dit-elle d'une voix douce et assurée. « Ne fais aucun bruit et cache-toi derrière moi. »

Tame, paniqué et pris au piège, n'avait d'autre choix que d'obéir. Il se faufila rapidement derrière la femme, son cœur battant encore plus vite. Il espérait qu'elle pourrait le protéger, bien qu'il ne comprît pas pourquoi elle lui offrait son aide.

Les gardes finirent par arriver à l'endroit où Tame s'était arrêté. Il se recroquevilla davantage derrière la femme, retenant son souffle. À sa grande surprise, les gardes passèrent devant eux sans un regard, comme s'ils étaient devenus invisibles. Le temps sembla se figer, et le silence, tendu et étouffant, régna pendant plusieurs minutes. Tame ne bougea pas, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

La jeune femme se tourna alors vers lui, ses yeux brillants d'une lueur étrange. Les ombres autour d'elle semblaient s'animer doucement, comme si elles étaient attirées par sa présence.

« Comment tu t'appelles, petit ? » demanda-t-elle en s'accroupissant devant lui, ses yeux plantés dans les siens.

Tame hésita, ses mains tremblantes et son visage rougi par la course.
« T-Tame... » répondit-il timidement, sa voix à peine un murmure. Une part de lui voulait encore fuir, de peur qu'elle ne lui veuille du mal. Mais il y avait quelque chose dans sa présence qui le rassurait, quelque chose de protecteur. Elle n'était pas une personne ordinaire. Tame le savait rien qu'en regardant ses yeux. Elle était une maîtresse d'Essens. Il ne connaissait pas toutes les subtilités, mais il avait appris à reconnaître ce pouvoir en eux.

« Désolé... Je ne voulais pas t'attirer d'ennuis, » ajouta-t-il, le regard fuyant.

Elle rigola, un son léger qui fit disparaître l'angoisse dans l'air. Le rire de la jeune femme sembla détendre l'atmosphère immédiatement. Puis, avec un geste délicat, elle lui ébouriffa les cheveux, ce qui le fit instantanément rougir. À huit ans, Tame était encore un petit garçon timide, surtout devant une belle femme dans la vingtaine. Il n'avait pas l'habitude que des adultes lui montrent de l'affection, et cela le perturbait profondément. Son visage se teinta de rouge, et il baissa les yeux, honteux de ses émotions.