Chapitre 31

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Les rues de Pisani débordaient d'une énergie presque contagieuse. Chaque coin des ruelles animées semblait vibrer au rythme de la musique qui résonnait dans l'air. Des guirlandes lumineuses traversaient la largeur des rues, illuminant la scène d'une lumière douce, colorée, presque magique. L'atmosphère y était électrique, une symphonie vivante composée de rires, de conversations et des sons métalliques des instruments de rue. Les pavés anciens étaient foulés par une foule bigarrée de jeunes et de vieux, tous unis par une même joie de vivre, dansant ensemble sans se soucier du temps qui passe.

Des étals de marché s'étiraient le long des ruelles, débordant de produits exotiques, d'épices aux odeurs envoûtantes, de fruits colorés et de créations artisanales. Entre chaque stand, des petits bars et restaurants se fondaient harmonieusement dans le décor, leurs terrasses débordant de monde, le cliquetis des verres et le grésillement des plats rejoignant le brouhaha ambiant.

Pisani était une ville où chaque recoin semblait célébrer la vie. Même les murs des bâtiments anciens, recouverts de fresques artistiques et de graffitis, vibraient de cette énergie lumineuse. Des enfants couraient entre les tables, des chiens jouaient à leurs côtés, et partout, des sourires se croisaient, reflétant une insouciance collective.

Pour Itani, marcher dans cette ville était comme une bouffée d'oxygène. Ses pas, d'abord lents, semblaient se caler instinctivement sur le rythme de la musique qui flottait dans l'air, et son visage s'éclaira d'un sourire à la vue de cette vie qui débordait de chaque coin de rue. À ses côtés, Nim restait silencieux, comme à son habitude, mais même lui ne pouvait cacher son intérêt pour l'endroit. Il observait les étals, jetant un œil distrait aux marchandises colorées, bien que son attention semblait davantage portée sur l'énergie des gens, absorbant l'ambiance tout autour de lui.

Les bâtiments de Pisani étaient un mélange d'architecture ancienne et moderne, où le temps semblait s'être arrêté sans vraiment le faire. Les vieilles pierres s'entremêlaient avec des structures plus récentes, donnant à la ville une allure à la fois historique et intemporelle. Et cette musique, omniprésente, semblait être le cœur battant de la ville. Chaque note de guitare, chaque coup de tambour résonnait comme un appel à profiter de l'instant présent, à se perdre dans l'euphorie collective.

Itani ne put s'empêcher de rire, un éclat de joie qui fendait l'air, contrastant avec les derniers jours passés dans une obscurité émotionnelle. C'était comme si un poids immense venait de se lever de ses épaules, et son humeur se transforma soudainement. La lumière vive de Pisani, l'effervescence de la ville, tout cela semblait réveiller en elle une part qu'elle avait oubliée.

Nim, toujours calme et observateur, jetait des regards en coin à Itani. Il connaissait bien cette phase, celle où l'esprit, trop longtemps accablé, basculait d'un extrême à l'autre. Mais malgré cela, il ne put réprimer un sourire en la voyant si joyeuse. Sa propre nature, souvent réservée et pragmatique, se laissait légèrement emporter par l'ambiance. Cette ville avait quelque chose d'infectieux, une légèreté qui semblait impossible à ignorer.

« Cette ville est incroyable ! Les gens ont l'air heureux, simples et libres ! » s'exclama Itani, ses yeux brillant d'un éclat neuf. Elle observait les visages des passants, souriant à chacun d'eux, et ses sourires étaient toujours rendus, comme si la ville tout entière se faisait complice de son bonheur soudain.

Ses yeux parcouraient chaque ruelle, chaque recoin, et sa voix, imprégnée de cette euphorie, s'éleva à nouveau, presque chantante. « Comment peut-on redevenir Rodeur après avoir vu et goûté à la liberté que l'on peut avoir ici ? »

Cette question, elle la savait risquée, surtout avec Nim. Elle connaissait son attachement viscéral au monde des Rodeurs, son refus catégorique de tout ce qui ressemblait à la vie d'un Rodeur libre ou d'un libéraliste. Mais Itani ne pouvait s'empêcher de la poser. Sa joie actuelle ne faisait qu'amplifier sa révolte intérieure, une révolte contre les Counter et la société toute entière. Elle espérait, peut-être naïvement, que sa question pourrait enfin fissurer l'armure mentale de Nim, le faire réfléchir, voire même changer de perspective.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant