- Peux-tu me rappeler pourquoi nous les suivons ? demande Addison, en sortant légèrement la tête par la fenêtre de la voiture, ses cheveux flottant au gré du vent nocturne.

La nuit est tombée, enveloppant la route d'un manteau d'obscurité, à peine troublé par la lueur des étoiles scintillantes. Le moteur de la voiture ronronne doucement, et le bruit des pneus sur le bitume crée une mélodie rythmée, presque hypnotique.

- Hunter, commence-je doucement, son frère l'a embarqué dans quelque chose de gros. Je ne peux pas te dire exactement de quoi il s'agit, mais c'est suffisamment grave pour qu'il finisse en prison.

Une ombre passe sur mon esprit. C'est un meurtrier. Hartley tue des gens. J'espère qu'Hunter n'est pas impliqué dans tout cela.

Je plisse les yeux, suivant la Ferrari rouge d'Hartley qui fend la nuit, comme un éclat de lumière dans l'obscurité. Cela fait plus de trente minutes que je le traque, avançant prudemment derrière lui. J'éteins même mes phares pour éviter d'attirer son attention.

- Tu crois qu'ils vont où ? questionne-t-elle à nouveau, l'inquiétude teintant sa voix.

Nous avons emprunté tant de virages que je ne suis pas certaine de retrouver notre chemin au retour. La route, pavée de bitume, est déserte, et chaque secousse me propulse légèrement en hauteur, accentuant la tension qui règne dans l'habitacle. Peu à peu, la silhouette de la Ferrari commence à s'estomper dans la nuit étoilée.

- Je ne sais pas, réponds-je finalement, après un long silence, mon cœur battant un peu plus vite.

- Dis, je suis la seule à trouver bizarre qu'il n'y ait absolument aucune autre voiture sur ce chemin à part la nôtre ?

Je retrousse le nez, balayant du regard la route complètement vide, comme si le monde entier avait disparu. L'écran de mon téléphone affiche presque 23h49, et une légère angoisse s'empare de moi.

- Ne t'inquiète pas, je veux juste voir où ils vont. Nous ferons demi-tour avant qu'il ne soit minuit.

- D'accord, acquiesce-t-elle, se rasseyant correctement dans son siège. L'air frais du soir s'engouffre à travers les vitres baissées, apportant avec lui une odeur de terre humide et de feuilles froissées, me procurant un léger frisson le long de la colonne vertébrale.

J'appuie sur l'accélérateur pour garder la Ferrari d'Hartley dans mon champ de vision. Elle avance toujours calmement sur le bitume, ignorant notre présence, comme une proie insouciante.

- C'est triste, murmure à nouveau Addison, son regard fixé sur la route, ce qui attire mon attention.

- Qu'est-ce qui est triste ?

- Le fait que Hartley soit potentiellement un type dangereux. Il m'intéresse tellement...

Je roule les yeux, amusée mais inquiète.

- Crois-moi, tu ne rates rien. C'est un être si exécrable. Et puis... (je m'arrête, secouant la tête pour chasser mes pensées sombres) non, ce n'est rien.

- Vas-y, dis-moi. Et ensuite ?

- Et puis, vous n'êtes pas de la même tranche d'âge. Il te traiterait sûrement de petite fille s'il savait ce que tu ressens pour lui.

- Il a quel âge ? Vingt-quatre ans ?

- Ouais, où peut-être vingt-trois. Enfin, je pense qu'il est assez vieux pour te considérer comme une enfant. Il est tellement arrogant.

- Tu te demandais d'où venait l'arrogance de Hunter, eh bien, tu as trouvé.

- Hunter n'est pas aussi... désagréable que lui.

- Tu dis ça uniquement parce que tu sors avec lui, Ella.

- Pas du tout, je t'assure. Hunter est complètement différent de lui. Il est poli, respectueux, attentionné, gentil-

- Ça va, j'ai compris. C'est le garçon parfait pour toi, me coupe t-elle dans mon monologue.

- Au fait, pourquoi t'a-t-il quittée ? renchérit-elle, une note de surprise dans sa voix. Il était tellement amoureux il y a à peine deux jours.

- Peu importe, ce qui compte, c'est que je ne vais pas l'abandonner parce que je l'aime. Je vais l'aider à quitter ce gan-

Je m'arrête, consciente qu'elle n'est pas au courant qu'il est entré dans un gang.

- L'aider à quitter quoi ?

Elle se stoppe, sursautant comme moi, un bruit sec comme une détonation résonne dans l'air silencieux, suivi d'une lumière éclatante qui fend la nuit. Des vrombissements profonds s'élèvent, comme le rugissement d'un moteur prêt à exploser. Addison et moi nous tournons l'une vers l'autre :

- C'était un pétard ? quémande-t-elle, incrédule.

- J'en ai aucune idée.

Je scrute la route, la Ferrari rouge d'Hartley n'y est plus. Mais plus je m'approche, plus le grondement des moteurs devient distinct. C'est lorsque nous prenons un virage que je suis frappée par ce que je vois : une véritable fête de vitesse s'est installée devant nous.

Le lieu est un ancien entrepôt, entouré de murs de briques, où des néons clignotants projettent des ombres dansantes sur le bitume. Une foule bigarrée s'est rassemblée, les visages illuminés par l'excitation, brandissant des drapeaux et des bandeaux aux couleurs vibrantes des différentes équipes. Les cris de joie et les encouragements résonnent, créant une ambiance électrique.

Les voitures, des monstres de puissance aux teintes éclatantes, se tiennent prêtes à s'élancer : une Mustang noire aux lignes agressives, une Nissan Skyline bleue scintillante sous les lumières, et la Ferrari rouge, symbole de luxe et de vitesse. Les moteurs grondent, vibrants d'une énergie palpable, comme des fauves prêts à bondir.

Des filles dansent sur les capots, leurs mouvements audacieux attirent tous les regards. Elles portent des vêtements flashy, des jupes courtes et des tops en cuir, tandis qu'elles hurlent d'excitation, leurs rires se mêlant à la musique assourdissante qui pulse dans l'air, un mélange de hip-hop et de rock qui fait vibrer le sol.

- Ne me dis pas que c'est une putain de course de voiture ! s'excite Addison, les yeux écarquillés de surprise.

Je regarde autour de moi, captivée par la scène. Les spectateurs se pressent, formant une haie humaine, certains brandissant des bouteilles de bière, d'autres tenant des téléphones pour capturer chaque instant. L'odeur de l'essence et du caoutchouc brûlé flotte dans l'air, un mélange enivrant qui stimule mes sens.

Les pilotes, des jeunes aux visages marqués par la détermination, se tiennent à côté de leurs bolides, échangeant des regards de défi. Leurs mains sont ornées de tatouages, témoins de leurs vies rebelles. Ils s'échauffent, vérifiant leurs casques, ajustant leurs gants, prêts à se lancer dans cette aventure illégale.

Un homme, le « starter », se positionne au centre, un drapeau à damiers à la main. Il lève le bras, et un silence tendu s'installe, chaque battement de cœur résonnant dans l'air. Puis, avec un geste rapide, il abaisse le drapeau. Le bruit des moteurs rugit à l'unisson, comme une symphonie de puissance. Les voitures s'élancent, des traînées de fumée s'élevant derrière elles, créant une scène presque cinématographique.

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